24 janvier 2014

Michel Wieviorka à Val-de-Reuil : simplicité, intelligence, pédagogie


Michel Wieviorka et Marc-Antoine Jamet. (photo JCH)
Les élèves de l’atelier sciences Po du lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil et leurs collègues des autres terminales se souviendront sans doute longtemps du passage de Michel Wieviorka, vendredi après-midi au théâtre des Chalands. Le sociologue, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, administrateur de la fondation « Maison des sciences de l’homme » y dissertait sur les populismes européens et son représentant dans l’hexagone, le Front national. Une belle démonstration d’intelligence, de simplicité et de pédagogie. Sans doute en souvenir de ses trois années passées au lycée d’Enghien.
Le populisme n’est pas né de la dernière couvée. Historiquement on le trouve dans la Russie tsariste, dans l’Amérique du sud d’entre deux guerres, dans la France des années cinquante avec le poujadisme, notamment. Comment caractériser ces mouvements politiques aux contours parfois flous ? Il y faut un leader charismatique, des propositions démagogiques, la rencontre entre un message et un public déprimé, démobilisé devenu réceptif aux pires outrances. Ce populisme d’extrême droite réunit — en France du moins — des fascistes, des racistes, des antisémites mais également des xénophobes, des islamophobes avec des nuances. Ainsi, Marine Le Pen n’est pas son père et leur méthode diffère sensiblement. Alors que JMLP souhaitait se passer de (sur ?) tous les corps intermédiaires (1) sa fille est plus habile. Elle joue le jeu démocratique pour s’approcher du pouvoir et, qui sait, le conquérir un jour. C’est ainsi que les candidats FN aux municipales n’ont pas d’autre but que d’apprendre, se faire connaître, devenir les futurs candidats aux élections majeures. On le verra lors des européennes, d’ailleurs, qui devraient permettre aux national-populismes d’engranger des voix et des élus partout en Europe et de constituer un groupe de pression important au parlement de Strasbourg.
Pourquoi les messages des national populistes passent-ils si bien ? Sans doute le fruit blet de la crise économique et sociale, d’un urbanisme ravageur, d’une immigration mal vécue, des échecs des partis de gouvernement républicains et démocratiques. Nous sommes en crise et la crise profite aux ennemis de la démocratie, du parlementarisme, des élites et des « gros » ou considérés comme tels. La crise c’est le royaume de la rumeur (2). Si les médias traditionnels vérifient et recoupent leurs informations, il n’en va pas de même avec Internet et « la libre expression » où le meilleur côtoie le pire. Les peurs, les haines, les attaques personnelles et mensongères s’y déploient en toute impunité.
Le sondage (commenté sur ce blog) du CEVIPOF et de l’institut Ipsos n’a pas échappé à Michel Wieviorka (3). Il en tire une conclusion, aidé en cela par Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil : pour lutter contre le populisme rien de telles que l’éducation, la formation, la citoyenneté assumée et l’ouverture au monde et aux autres.
(1)  Nicolas Sarkozy aussi voulait se priver des contributions syndicales, parlementaires, associatives…pour lui, le dialogue est du temps perdu.
(2)  Comme celle de la soi-disant dispute entre Valérie Trierweiler et François Hollande avec la casse de deux vases de Sèvres d’une valeur de 3 millions d’euros. On sait maintenant que tout est faux !
(3)  Sondage indiquant que les Français à 47 % considèrent le Front national comme un parti utile.

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