25 janvier 2014

« La rumeur c'est le glaive merdeux souillé de germes épidermiques…» Pierre Desproges


En quelques jours deux événements importants ont marqué la vie de la toile : la soi-disant dispute entre François Hollande et Valérie Trierweiler à l’Elysée. Elle se serait traduite par la destruction de deux vases de Sèvres d’une valeur de Trois millions d’euros. L’autre fait concerne ce bateau ivre, à la dérive au large des côtes britanniques transportant des centaines de rats et vermines. On sait aujourd’hui que dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’hoax (1) donc de fausses nouvelles. Contrairement à la définition reproduite en bas de page, il ne s’agit pas seulement de canulars mais de véritables opérations ayant pour objectif de discréditer les mis en cause et de porter atteinte à leur honneur ou leur considération.
Les faits cités en introduction ont été propagés à foison par des sites farouchement hostiles au président de la République mais aussi par des médias dits sérieux dont les auteurs ne sont pas anonymes. Et c’est bien cela le problème. Au nom de la liberté d’expression, ces personnes publient les textes incriminés et assurent n’être que des relais. Ah les faux culs. Même s’ils prennent la précaution d’utiliser le conditionnel, ils se font une joie de reproduire des messages ne contenant pas une once de vérité. L’opinion publique, pas toujours au fait des techniques et des moyens frauduleux, gobe les histoires qui l’arrangent, surtout si elles collent avec ce qu’elle veut croire et entendre.
Michel Wieviorka, lors de sa conférence hier à Val-de-Reuil, a déploré qu’au nom de la liberté d’expression, Internet répande tout et n’importe quoi. Au-delà de la nécessité évidente et morale de signer tous les textes qu’on écrit, il n’empêche que des auteurs sans foi ni loi n’hésitent pas à grossir le trait, à tripatouiller les faits, à balancer des monstruosités, à former ce qu’on appelle la rumeur (2). Sans être méchant, je dois avouer que je lis parfois des commentaires sous pseudo que des journaux sérieux publient et qui n’ont d’intérêt que pour leur auteur.
Comment lutter contre ce qui contribue, peu ou prou, à favoriser le populisme ? Tout d’abord, les lecteurs de blogs, de sites, les membres des réseaux sociaux doivent, comme toujours, se montrer prudents et interrogatifs sur tout ce qu’ils lisent. Les textes anonymes sont toujours suspects a priori. Dans la charte des journalistes, il y est écrit que tout informateur « digne de ce nom » signe tous ses textes et revendique tous ses écrits. Le problème est que la majorité des rédacteurs d’Internet ne sont pas journalistes — c’est ce qui fait aussi la force de ce média et heureusement d’ailleurs — mais la conséquence en est évidente : dans ce cas, il ne s’agit pas d’information sérieuse et recoupée. Il peut — pas toujours bien sûr — s’agir de ragots, de commérages ou d’intentions de nuire. L’un des cas les plus célèbres demeure l’agression du « petit père Voise » à Orléans qui avait (peut-être) coûté l'élection présidentielle à Lionel Jospin. TF1 en avait fait des tonnes autour d’un cas précis et de l’insécurité. La réalité était plus prosaïque puisque l’agresseur était membre de la famille de l’agressé…et qu'il s'agissait d'une affaire purement privée.
Textes signés, faits vérifiés et recoupés…ce qui n’empêche pas les billets d’humeur, les critiques et les prises de positions subjectives. Le bonheur d’Internet, quoi.
(1) Hoax est un mot anglais qui désigne un mensonge créé de toutes pièces. Conçu pour apparaître crédible et véritable, ce canular peut parfois avoir un but malveillant. En français, le sens du mot hoax est restreint au canular informatique. (Source wikipédia)
(2) Pierre Desproges : «
--> La rumeur c’est le glaive merdeux souillé de germes épidermiques que brandissent dans l’ombre les impuissants honteux. Elle se profile à peine au sortir des égouts pour vomir ses miasmes poisseux aux brouillards crépusculaires des hivers bronchiteux. »

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