Le maire de Louviers m’a
informé, samedi dernier, que je devenais conseiller municipal suite à la démission
de Mme Evelyne Letellier. Elle me précédait sur la liste conduite par Christian
Renoncourt en 2008. Ce lundi, je lui ai, à mon tour, adressé ma lettre de démission.
Je ne siègerai donc pas au sein de l’assemblée communale le 16 décembre
prochain, date de la réunion du conseil municipal. Je dois quelques
explications à tous ceux qui ont voté pour la liste « Gagnons ensemble » et
tous ceux qui suivent avec attention la vie politique lovérienne et au-delà,
celle de l’agglomération Seine-Eure.
Lorsque la liste d’union de
la gauche s’est présentée devant les électeurs lovériens il y presque six ans,
elle se situait dans l’opposition au maire actuel pour des raisons sur
lesquelles je ne vais pas m’appesantir mais que je rappelle en quelques mots :
une gestion autocratique, un manque de confiance en la parole donnée, des
orientations financières aventureuses avec un niveau d’impositions exorbitant,
une politique d’investissements négligeant l’entretien courant des équipements
publics et, enfin, un positionnement politique pour le moins ambigu. Je passe
sur mon opposition absolue aux délégations de services publics et à un réseau
de vidéosurveillance dont l’aspect préventif m’échappe et dont le coût devrait
donc être supporté à 100 % par l’Etat puisqu’il s’agit de filmer des délinquants
et de les poursuivre ensuite devant la justice. Les récentes polémiques entre
le maire et son adjoint, Jacky Bidault, illustrent bien certaines de ces
contradictions, M.Bidault affirmant qu’il a préféré les candidats de droite aux
élections présidentielles justifia ainsi nos préventions de 2008. Les élections,
pour être municipales, n’en sont pas moins des élections politiques. Elles nécessitent
de la clarté et des choix solidaires notamment dans la pratique démocratique en
associant la population et en l’informant en temps utile. Bien des progrès
doivent encore être accomplis dans ce domaine à condition d’accepter de
partager le pouvoir.
La Vidéosurveillance est un outil de répression. (JCH) |
Pendant toutes ces années,
ce blog m’a permis de dénoncer des comportements excessifs de la part du maire
(l’affaire de l’écrêtement). Sa vision manichéenne de l’opposition, notamment,
s’apparente plus à un jeu de massacre qu’à une écoute polie due à tout élu du
suffrage universel quels que soient ses choix politiques. Sans insister sur ma
contestation de certaines orientations urbanistiques ou architecturales. Je
pense, par exemple, au mobilier urbain disparate du centre ville et à la Maison de l’emploi dont
le caractère brejnévien s’accorde mal avec l’histoire de la place Thorel. Quant
à la piscine intercommunale dans un cul de sac, on fait mieux…
Les temps changent
Mais les temps changent. Ils
changent d’autant plus que mes camarades de la section de Louviers du Parti
socialiste ont fait le choix ultime de rechercher l’union avec le maire et de
rentrer, si les électeurs en décident ainsi, dans la future majorité
municipale. Le vote ayant été acquis à la majorité des deux tiers, je serais
malvenu de le contester. En apprenant ma nomination au sein du conseil
municipal j’ai donc eu à faire face à un choix entre l’éthique de conviction et
l’éthique de responsabilité. J’ai défendu, en son temps, le principe d’une
liste autonome et d’union. Celle-ci ayant été impossible à mettre sur pied avec
le PCF, les Verts, les socialistes et d’autres, une liste uniquement composée
de socialistes n’aurait eu aucune chance de l’emporter, aucune chance d’appliquer
son programme.
Nous savons aussi combien l’opposition
est frustrante. Le ministère du verbe demeure le symbole de l’inaction même s’il
faut des minorités pour empêcher les majorités de s’endormir. Les adhérents du
Parti socialiste n’ont pas pour seule vocation de hurler dans le désert. Je
comprends donc le choix de mes camarades et suis donc tenu par un devoir de
loyauté à leur égard. C’est pourquoi j’ai opté pour l’éthique de responsabilité
sur le plan collectif. Je ne ferai donc rien qui puisse nuire à leur action
durant la campagne électorale, une campagne à laquelle je ne participerai pas
directement. Je me vois mal en effet distribuant des portraits du maire de
Louviers ou faire du porte à porte pour un homme dont le style me heurte et
dont le comportement m’a souvent révulsé. C’est d’autant plus regrettable que j’ai
longtemps soutenu l’action de Franck Martin dont le premier mandat fut un modèle
de cohésion et d’efficacité. Dès qu’il s’est vu un destin national, tout a
changé. Sans doute l’effet du pouvoir.
Pour autant, dois-je me
taire ? Certes pas. Ce blog est le blog d’un homme libre, autonome, indépendant. Je m'y exprime en mon nom et seulement en mon nom. Il
me permet et me permettra encore à l’avenir de commenter la vie politique lovérienne
et régionale. Si les choix opérés par la future majorité municipale sont en
contradiction avec les principes fondamentaux auxquels je crois depuis des décennies,
je le dirai. Si la nouvelle majorité municipale prend en compte certaines
exigences de l’ancienne minorité PS-PC (la non augmentation de la dette par
exemple) je saurai le reconnaître. Franck Martin a écrit, un jour, qu’il n’accepterait
sur sa liste que des socialistes martino-compatibles. Je l’avais mis à l’aise
en assurant que je n’en serais pas. Il n’est pas mauvais que des hommes
politiques fassent ce qu’ils ont dit qu’ils feraient. C’est aussi cela l’éthique
de conviction.
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