10 décembre 2013

Pourquoi je ne siègerai pas au sein du conseil municipal de Louviers

Le maire de Louviers m’a informé, samedi dernier, que je devenais conseiller municipal suite à la démission de Mme Evelyne Letellier. Elle me précédait sur la liste conduite par Christian Renoncourt en 2008. Ce lundi, je lui ai, à mon tour, adressé ma lettre de démission. Je ne siègerai donc pas au sein de l’assemblée communale le 16 décembre prochain, date de la réunion du conseil municipal. Je dois quelques explications à tous ceux qui ont voté pour la liste « Gagnons ensemble » et tous ceux qui suivent avec attention la vie politique lovérienne et au-delà, celle de l’agglomération Seine-Eure.
Lorsque la liste d’union de la gauche s’est présentée devant les électeurs lovériens il y presque six ans, elle se situait dans l’opposition au maire actuel pour des raisons sur lesquelles je ne vais pas m’appesantir mais que je rappelle en quelques mots : une gestion autocratique, un manque de confiance en la parole donnée, des orientations financières aventureuses avec un niveau d’impositions exorbitant, une politique d’investissements négligeant l’entretien courant des équipements publics et, enfin, un positionnement politique pour le moins ambigu. Je passe sur mon opposition absolue aux délégations de services publics et à un réseau de vidéosurveillance dont l’aspect préventif m’échappe et dont le coût devrait donc être supporté à 100 % par l’Etat puisqu’il s’agit de filmer des délinquants et de les poursuivre ensuite devant la justice. Les récentes polémiques entre le maire et son adjoint, Jacky Bidault, illustrent bien certaines de ces contradictions, M.Bidault affirmant qu’il a préféré les candidats de droite aux élections présidentielles justifia ainsi nos préventions de 2008. Les élections, pour être municipales, n’en sont pas moins des élections politiques. Elles nécessitent de la clarté et des choix solidaires notamment dans la pratique démocratique en associant la population et en l’informant en temps utile. Bien des progrès doivent encore être accomplis dans ce domaine à condition d’accepter de partager le pouvoir.
La Vidéosurveillance est un outil de répression. (JCH)
Pendant toutes ces années, ce blog m’a permis de dénoncer des comportements excessifs de la part du maire (l’affaire de l’écrêtement). Sa vision manichéenne de l’opposition, notamment, s’apparente plus à un jeu de massacre qu’à une écoute polie due à tout élu du suffrage universel quels que soient ses choix politiques. Sans insister sur ma contestation de certaines orientations urbanistiques ou architecturales. Je pense, par exemple, au mobilier urbain disparate du centre ville et à la Maison de l’emploi dont le caractère brejnévien s’accorde mal avec l’histoire de la place Thorel. Quant à la piscine intercommunale dans un cul de sac, on fait mieux…

Les temps changent

Mais les temps changent. Ils changent d’autant plus que mes camarades de la section de Louviers du Parti socialiste ont fait le choix ultime de rechercher l’union avec le maire et de rentrer, si les électeurs en décident ainsi, dans la future majorité municipale. Le vote ayant été acquis à la majorité des deux tiers, je serais malvenu de le contester. En apprenant ma nomination au sein du conseil municipal j’ai donc eu à faire face à un choix entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. J’ai défendu, en son temps, le principe d’une liste autonome et d’union. Celle-ci ayant été impossible à mettre sur pied avec le PCF, les Verts, les socialistes et d’autres, une liste uniquement composée de socialistes n’aurait eu aucune chance de l’emporter, aucune chance d’appliquer son programme.
Nous savons aussi combien l’opposition est frustrante. Le ministère du verbe demeure le symbole de l’inaction même s’il faut des minorités pour empêcher les majorités de s’endormir. Les adhérents du Parti socialiste n’ont pas pour seule vocation de hurler dans le désert. Je comprends donc le choix de mes camarades et suis donc tenu par un devoir de loyauté à leur égard. C’est pourquoi j’ai opté pour l’éthique de responsabilité sur le plan collectif. Je ne ferai donc rien qui puisse nuire à leur action durant la campagne électorale, une campagne à laquelle je ne participerai pas directement. Je me vois mal en effet distribuant des portraits du maire de Louviers ou faire du porte à porte pour un homme dont le style me heurte et dont le comportement m’a souvent révulsé. C’est d’autant plus regrettable que j’ai longtemps soutenu l’action de Franck Martin dont le premier mandat fut un modèle de cohésion et d’efficacité. Dès qu’il s’est vu un destin national, tout a changé. Sans doute l’effet du pouvoir.
Pour autant, dois-je me taire ? Certes pas. Ce blog est le blog d’un homme libre, autonome, indépendant. Je m'y exprime en mon nom et seulement en mon nom. Il me permet et me permettra encore à l’avenir de commenter la vie politique lovérienne et régionale. Si les choix opérés par la future majorité municipale sont en contradiction avec les principes fondamentaux auxquels je crois depuis des décennies, je le dirai. Si la nouvelle majorité municipale prend en compte certaines exigences de l’ancienne minorité PS-PC (la non augmentation de la dette par exemple) je saurai le reconnaître. Franck Martin a écrit, un jour, qu’il n’accepterait sur sa liste que des socialistes martino-compatibles. Je l’avais mis à l’aise en assurant que je n’en serais pas. Il n’est pas mauvais que des hommes politiques fassent ce qu’ils ont dit qu’ils feraient. C’est aussi cela l’éthique de conviction.

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