14 décembre 2013

En fin politique, Marc-Antoine Jamet relativise les propos de l'économiste Lionel Stoleru

Lionel Stoleru et Marc-Antoine Jamet. (photo JCH)

Lionel Stoleru est atteint de libéralisme économique. Cette maladie n’est pas contagieuse mais il existe tout de même une vaccination pour y échapper. C’est le message de conclusion qu’a souhaité faire passer Marc-Antoine Jamet avec courtoisie, lucide sur l’exposé très politique de son ami — invité d’un jour à Val-de-Reuil — et suffisamment avisé pour relativiser ses critiques autant que ses louanges.
Cela étant dit, les élèves du lycée Marc Bloch et, notamment, ceux de l’atelier sciences po, retiendront plein de bonnes choses de la causerie de l’ancien ministre de Raymond Barre et de Michel Rocard qu’il associe dans un même éloge. « Ministre avec la droite, ministre avec la gauche » Lionel Stoleru connaît son sujet.
Qu’il s’agisse de la micro ou de la macroéconomie, de la monnaie et des taux de change, de l’inflation, du rôle des banques centrales et des banques privées, de l’impulsion nécessaire de l’Etat dont il ne néglige pas le rôle décisif dans les grands projets, l’orateur est très à l’aise avec des notions complexes et des constatations simples : même si la droite et la gauche ne se ressemblent pas dans bien des domaines, une chose est certaine : avec le Front national, ce serait bien pire. Une sortie de l’Euro, comme préconisée par Marine Le Pen, reviendrait à sortir la France des échanges mondiaux. Le rappel de la situation allemande des années 30 n’est pas cité par hasard même si la science économique…n’est pas une science « puisque les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets. »
Professeur à Polytechnique, Lionel Stoleru n’est donc pas le premier venu. Il jette l’opprobre sur Sarkozy et sur Hollande. Pour l’ancien conseiller économique de Valéry Giscard d’Estaing, ni l’un ni l’autre n’ont eu ou n’ont le courage d’aller au bout de leurs choix. Sur l’ISF et les 35 heures pour le premier, sur le rapport Gallois et l’aide aux entreprises pour le second. Il se souvient du bouclier fiscal et de la défiscalisation des heures supplémentaires — une catastrophe — et évoque l’impôt à 75 % de Hollande « qui pousse à l’exil fiscal nombre de Français. »
S’il reconnaît que les élus ne sont que les mandataires des électeurs et que ces derniers ont, en démocratie bien comprise « les élus qu’ils méritent » il a été vite évident que pour Lionel Stoleru la société française ainsi que ses élites demeurent tournées vers le 20e siècle plutôt que vers le 21e. Il prend l’exemple des Start up américaines ou israéliennes et l’incapacité de la France à conserver les jeunes pousses prometteuses « pressées de se vendre aux américains et de ramasser les millions. »
La Chine, ah la Chine ! Elle s’est éveillée et elle est bonne en tout. Elle va même vendre un TGV chinois aux Américains après avoir adopté le système allemand de Siemens quand Alsthom n’a pas su profiter de l’opportunité : « Si l’Europe avait uni ses forces et ses connaissances, on n’en serait pas là. »
L’inflation est vaincue mais le chômage est endémique. Le gouvernement organise un traitement social du chômage avec les emplois d’avenir et les emplois aidés : « L’état ferait mieux de subventionner les entreprises pour qu’elles embauchent des jeunes et leur offrent des emplois durables. Mais là, je sais que je vais choquer. » Et les 20 milliards du plan d’aide aux dites entreprises : « Une usine à gaz ! »
De cet exposé politico-économique (l’un ne va pas sans l’autre) on retiendra le coup de chapeau à Paul Walker (1) « un homme qui a changé le monde » en montrant ses muscles aux banquiers américains frivoles et laxistes. Faut-il attendre un Monsieur muscles en France ?
(1) Ancien responsable de la réserve fédérale américaine, la banque centrale des Etats-Unis.

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