Nicolas Beytout. (photo Wikipédia) |
« En 2013, il crée un nouveau journal, L'Opinion, qu'il définit comme
d'orientation « libérale, probusiness et proeuropéenne. » Après le Figaro, Les Echos, voilà Nicolas Beytout à
la tête de son propre organe d’information. Ce n’est pas triste. Hier soir,
dans l’émission C dans l’air, Beytout s’est lâché. Considéré jusqu’à maintenant
comme un éditorialiste de droite, on peut dire qu’il a franchi un palier, le
palier qui sépare les humanistes et les civilisés d’une forme de barbarie
sociale.
Lisez bien : pour
Beytout, il est simple de résoudre le problème du chômage en France. Pour ce
faire, il suffit d’adopter des mesures iconoclastes mais réalistes. En
diminuant la période de chômage indemnisée et en réduisant de manière drastique
les indemnités de chômage, croyez-moi, on verra moins de chômeurs et, il ne l’a
pas dit tout haut mais le pense tout bas, il y aura moins de fainéants dans les
rues ou devant BFMTV.
Car Beytout en est certain : les hommes et les femmes préfèrent ne pas
travailler. Ce qu’ils aiment c’est se la couler douce. C’est flâner, se
balader. Ca c’est un but dans la vie, ça c’est le sublime de l’existence.
Je suis sûr et certain que
Beytout croit ce qu’il dit. Je suis également sûr et certain qu’il n’est pas
seul à le croire. Sauf que Beytout a tout faux. Lui, éditorialiste à 10 000,
que dis-je 10 000, à 15 ou 20 000 euros mensuels ignore tout de la vie d’un chômeur.
Il ignore le traumatisme du licenciement, il ignore l’humiliation qui en découle,
il ne sait rien des problèmes psychiques des privés d’emplois et les drames
familiaux, de couples et de parents. Il méconnaît l’angoisse du lendemain, l’absence
de perspective.
Le raisonnement de Beytout
est le suivant : plus l’écart entre le salaire de remplacement et l’ancien
salaire sera important, moins le salarié, devenu chômeur, sera enclin à se
tourner les pouces, une activité — comme chacun sait — passionnante autant qu’enrichissante.
Bernard Maris, un autre économiste invité de l’émission, est intervenu pour
reprocher à Beytout de pousser le bouchon trop loin. « Ce que vous proposez, en fait, c’est de remplacer les chômeurs par
des travailleurs pauvres. C’est bon pour les statistiques mais ce n’est pas bon
pour les chômeurs. »
Je propose à Beytout — qui n'a évidemment jamais connu le chômage — de
passer une semaine dans une agence de Pôle emploi. Voilà un sujet intéressant
pour un journaliste spécialiste de l’économie ! Il y rencontrera des
hommes et des femmes de tous âges, jeunes et vieux, de toutes conditions, formés
ou pas, il écoutera les dialogues entre ceux qui cherchent un job,
un boulot et les conseillers de Pôle emploi. Je le mets au défi après cette
semaine de stage non rémunéré de proposer à nouveau ses solutions aberrantes.
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