“L’œuvre d’art
est la juste part entre la matière et l’esprit” – Antoon Van Dyck
Il est vrai que l’homme est d’une discrétion qui s’accorde
mal à l’époque où nous vivons. Celle où l’artiste est le plus souvent le
produit de la conjugaison d’une stratégie marketing et d’une médiatisation
orchestrée par les agences de communication. Toutes choses auxquelles il s’est
toujours refusé à souscrire.
Pour au moins deux raisons. La première tient à la
haute idée qu’il se fait du métier de peintre et de la condition d’artiste. La
seconde découle de la première. Le niveau d’exigence qu’il s’impose à lui-même
ne saurait s’accommoder d’aucune compromission. Dût-il pour cela mener une vie
qui a bien des égards s’apparente à la vie monastique. Une vie réglée faite quotidiennement
de longues heures de travail, mais aussi de réflexion, de solitude et de
silence. Une vie frugale d’une extrême simplicité à la limite du dénuement.
Comment classer la peinture de Jean-Paul Faccon ?
S’il faut le faire et puisqu’il faut à tout prix faire entrer chaque artiste
dans une école, dans un mouvement, dans un courant, ce n’est pas lui faire
injure que de le faire figurer dans la lignée ténue des artistes visionnaires.
Voilà pour l’objet.
Mais, au-delà de ce terme d’art visionnaire qu’il
conviendrait de définir, ce qui caractérise la peinture de Jean-Paul Faccon, c’est
d’une part une science totalement maîtrisée du dessin et de la perspective et d’autre
part le recours aux techniques picturales des maîtres anciens comme par exemple
celle des glacis, c’est-à-dire de la superposition de couches de couleur transparentes
qui donnent à la peinture la profondeur et l’éclat d’un émail. Des techniques
aussi difficiles à maîtriser que longues à mettre en œuvre et qui demandent à l’artiste
une infinie patience.
Mais quel résultat ! Des ciels tels qu’en
peignirent Ruysdael et les grands maîtres flamands et hollandais du XVIIe
siècle. Des effets de brume et de lumière sur les architectures et les paysages
dont certains s’accordent à dire qu’ils font penser au sfumato de Léonard de Vinci.
À l’heure où nous pressentons que la course infernale
du monde moderne mène à la disparition sur terre de l’humanité tout entière, la
peinture de Jean-Paul Faccon nous livre les images d’un monde hors du temps, pétrifié,
silencieux, duquel toute forme de vie humaine aurait disparu. Dès lors, cette
peinture ne peut laisser indifférent. Son univers onirique nous pénètre et nous
entraîne en même temps qu’il nous interroge, exprimant une sorte de vision prémonitoire
de ce vers quoi nous nous dirigeons.
En cela la peinture de Jean-Paul Faccon peut apparaître
dérangeante. Car elle nous renvoie l’image de ce que beaucoup d’entre nous
refusent de voir. Mais n’est-ce pas le rôle de l’artiste que de témoigner et d’être
capable d’exprimer par son art ce que ses contemporains ne parviennent que trop
rarement à traduire ? Remercions la ville de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et la
CREA qui, en parrainant cette exposition, rendent hommage à cet authentique et
talentueux artiste trop longtemps méconnu.
Reynald Harlaut
Du samedi 7 décembre 2013 au dimanche 12 janvier 2014
Crypte de la Congrégation du Sacré-Cœur
130, rue de Freneuse
76410 SAINT-AUBIN-LÈS-ELBEUF
Ouvert du vendredi au dimanche de 14H00 à 18H00
Entrée libre
Vernissage le Samedi 7 décembre à partir de 17H00
Exposition réalisée avec le concours de la ville de
Saint-Aubin-lès-Elbeuf et de la CREA.
Pour en savoir plus sur
Jean-Paul FACCON :
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