1 décembre 2013

Comment Nicolas Sarkozy a « enfumé » les Français lors des émeutes de 2005


La mort de Ziad et Bouna a déclenché la colère des quartiers.
Je viens de suivre « spécial investigation » sur Canal Plus. Le magazine est consacré aux émeutes de 2005. On y voit une succession d’événements graves débutés par la mort des deux jeunes de Clichy-sous-bois. Ils rentraient d’un match de football, ont été poursuivis par des policiers et sont morts électrocutés dans un transformateur. Pendant plusieurs jours, le gouvernement de Dominique de Villepin (1) et le procureur de la République ont affirmé que les deux jeunes étaient des cambrioleurs et que jamais ils n’avaient été poursuivis par les policiers. Heureusement, une enquête de l’IGS (inspection générale des services ou police des polices) a réduit à néant cette argumentation et Jean-Pierre Mignard, avocat des victimes, a enfin obtenu satisfaction. D’ailleurs, après plusieurs péripéties judiciaires, des policiers passeront devant le tribunal correctionnel dans les prochains mois pour non assistance à personne en danger.
Sans entrer dans les détails de ces trois semaines de troubles élargis à l’hexagone et opposant jeunes de quartiers et policiers, je retiens l’essentiel de l’argumentation des journalistes d’investigation : Nicolas Sarkozy a orchestré l’ensemble des informations et des positions gouvernementales avec un cynisme et une rouerie redoutables reconnues par un de ses supporters, le sénateur UMP Pierre Charon.
Déjà candidat à l’élection présidentielle de 2007, en rupture avec Jacques Chirac et surtout Dominique de Villepin, Sarkozy n’a eu de cesse de mettre de l’huile sur le feu, d’ajouter les provocations aux provocations sans jamais se soucier, ni des familles des jeunes décédés, ni des conséquences de ses paroles tenues sur les grandes chaines de télévision. Soucieux de siphonner les voix des électeurs du Front national, Sarkozy a joué la carte de l’ultra-sécurité, de la « tolérance zéro » avec des connotations anti-musulmanes très nettes.
Avec le recul, on mesure combien cette stratégie, si elle a été payante sur le plan électoral, a suscité de traumatismes dans la société française et dans les quartiers des cités dites sensibles. Les témoignages des jeunes et de Azouz Begag « ils voulaient virer le bicot du gouvernement » constate-t-il, confirment la ligne dangereusement suivie par Sarkozy dont le rôle eût dû être d’apaiser plutôt qu’exciter, calmer plutôt qu’enflammer. Il faudra s’en souvenir si jamais l’ancien ministre de l’Intérieur voulait reprendre du service à l’Elysée.
(1) Le Premier ministre ira jusqu'à décréter l'état d'urgence !

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