La mort de Ziad et Bouna a déclenché la colère des quartiers. |
Je viens de suivre « spécial
investigation » sur Canal Plus. Le magazine est consacré aux émeutes de 2005.
On y voit une succession d’événements graves débutés par la mort des deux
jeunes de Clichy-sous-bois. Ils rentraient d’un match de football, ont été
poursuivis par des policiers et sont morts électrocutés dans un transformateur.
Pendant plusieurs jours, le gouvernement de Dominique de Villepin (1) et le procureur de la République ont
affirmé que les deux jeunes étaient des cambrioleurs et que jamais ils n’avaient
été poursuivis par les policiers. Heureusement, une enquête de l’IGS (inspection
générale des services ou police des polices) a réduit à néant cette argumentation
et Jean-Pierre Mignard, avocat des victimes, a enfin obtenu satisfaction. D’ailleurs,
après plusieurs péripéties judiciaires, des policiers passeront devant le
tribunal correctionnel dans les prochains mois pour non assistance à personne
en danger.
Sans entrer dans les détails
de ces trois semaines de troubles élargis à l’hexagone et opposant jeunes de
quartiers et policiers, je retiens l’essentiel de l’argumentation des
journalistes d’investigation : Nicolas Sarkozy a orchestré l’ensemble des
informations et des positions gouvernementales avec un cynisme et une rouerie
redoutables reconnues par un de ses supporters, le sénateur UMP Pierre Charon.
Déjà candidat à l’élection
présidentielle de 2007, en rupture avec Jacques Chirac et surtout Dominique de
Villepin, Sarkozy n’a eu de cesse de mettre de l’huile sur le feu, d’ajouter
les provocations aux provocations sans jamais se soucier, ni des familles des
jeunes décédés, ni des conséquences de ses paroles tenues sur les grandes chaines
de télévision. Soucieux de siphonner les voix des électeurs du Front national,
Sarkozy a joué la carte de l’ultra-sécurité, de la « tolérance zéro » avec des
connotations anti-musulmanes très nettes.
Avec le recul, on mesure
combien cette stratégie, si elle a été payante sur le plan électoral, a suscité
de traumatismes dans la société française et dans les quartiers des cités dites sensibles.
Les témoignages des jeunes et de Azouz Begag « ils voulaient virer le bicot du gouvernement » constate-t-il,
confirment la ligne dangereusement suivie par Sarkozy dont le rôle eût dû être d’apaiser
plutôt qu’exciter, calmer plutôt qu’enflammer. Il faudra s’en souvenir si
jamais l’ancien ministre de l’Intérieur voulait reprendre du service à l’Elysée.
(1) Le Premier ministre ira jusqu'à décréter l'état d'urgence !
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