8 avril 2013

Edwy Plenel : « La faute du journal Libération est un avertissement »


Arrêter le massacre ! Il faut que les journaux et les journalistes dignes de ce nom arrêtent de toute urgence la surenchère et la propagation de rumeurs. La Une du journal Libération de ce matin est exemplaire de ce qu’il ne faut pas faire. Je souhaite que les étudiants des écoles de journalisme travaillent sur le choix d’une rédaction en chef d’un grand journal national qui annonce qu’un ministre de la République dément posséder un compte en Suisse suite à une révélation que n’a pas faite le site Médiapart mais qu’il aurait pu faire ou qu’il fera plus tard. Du jamais vu !
Comme le dit Edwy Plenel, directeur de Médiapart sur le site qu’il a créé: « Libération prétend en effet savoir ce qu’il en est des enquêtes en cours de notre rédaction, au point de dévoiler les supposés rendez-vous honorés par tel ou tel d’entre nous. Nous n’aurions jamais imaginé qu’un journal se voulant sérieux puisse ainsi violer le secret professionnel qui protège sources et investigations d’autres confrères.
Nous ne doutons pas qu’au sein de la rédaction de Libération, nombreux sont celles et ceux qui partagent notre stupeur. Car cette faute est un avertissement : rien ne serait pire, dans le moment troublé que traverse notre démocratie, qu’une presse sortie de ses gonds, sans repères professionnels ni rigueur déontologique. Le discrédit du journalisme serait encore aggravé si, à la trop grande indifférence qui a entouré ces derniers mois les informations de Médiapart, s’ajoutait aujourd’hui un zèle dévastateur d’ouvriers de la onzième heure, faisant feu de tout bois, y compris de n’importe quoi. »
L’article de Libération est donc du grand n’importe quoi et Laurent Fabius a bien raison de réagir très vite en saisissant la justice pour diffamation et donc atteinte à son honneur et à sa considération.
Vigilance, prudence, patience…sont des vertus journalistiques. Elles ont tendance à se perdre à cause de la course au scoop. La concurrence d’Internet et des sites en prise directe sur la réalité contraint les journaux à une course à l’échalote devenue grotesque dans le cas qui nous occupe. Libération (et d’autres aussi) doit faire attention. Si ce journal veut conserver des lecteurs, il doit impérativement se contenter de faire ce qu’il sait faire. Et ne pas jouer au plus malin ou au mieux informé. Surtout quand il n’a rien à dire.

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