Le rejet radio-actif dans l'atmosphère. |
La chaîne humaine formée
hier à Paris contre les dangers du nucléaire n’est pas anecdotique. On aurait
tort de se moquer de ces militants convaincus de l’insécurité dans laquelle
nous fait vivre le nucléaire. S’il est vrai que 75 % de notre électricité
actuellement produite en France provient des centrales atomiques, que depuis
des décennies, les différents gouvernements de gauche et de droite ont
poursuivi les investissements dans ce domaine, personne n’est capable aujourd’hui
d’assurer une sécurité à 100 % des ces outils.
La chaîne de la connaissance
— Arte — a diffusé récemment deux films consacrés à la catastrophe de
Fukushima. L’un de ces films m’a particulièrement marqué. Réalisé à l’initiative
de la chaine de télévision japonaise NHK, le scénario de ce film-reportage tend
à reconstituer au plus près de la réalité et des témoignages ce qui s’est passé
en mars 2011 au nord-est du Japon.
Chacun se souvient du séisme
de force 9 sur l’échelle de Richter dont l’épicentre se situait à quelques
dizaines de kilomètres des côtes japonaises. Les quatre réacteurs de la centrale
de Fukushima-Daishi ont surmonté le séisme sans grands dommages. Mais le
tsunami survenu ensuite a dépassé l’imagination et les prévisions les plus
pessimistes des experts puisqu’une vague de 10 mètres de haut a dévasté toute
la côte faisant 20 000 morts et des dégâts matériels considérables. Les digues étaient
prévues pour résister à une vague de 5,60 mètres.
Privée d’électricité, privés
de l’assistance des groupes électrogènes et des batteries de secours situées au
sous-sol et donc noyées, il ne restait aux techniciens qu’une solution pour éviter
la fusion du cœur de la centrale : le condenseur. Cet instrument (sans
besoin électrique) sous l’effet de la pression transforme la vapeur d’eau en
eau et contribue au refroidissement général des barres productrices d’énergie. Seulement
voilà. Il y eut un hic : aucun des opérateurs présents dans l’enceinte de
contrôle ne savait qu’il fallait ouvrir les vannes du condenseur manuellement. C’est déjà cet incident
qui s’était produit dans la centrale américaine de Three Mile Island. La mise
en service des deux condenseurs aurait pu éviter la fusion totale du cœur dans
l’enceinte de confinement et le rejet dans l’atmosphère du nuage radioactif.
C’est dire la fragilité des
comportements humains en situation de stress. C’est dire l’incongruité des mécanismes
de sécurité quel que soit leur nombre. Aujourd’hui, les pro-nucléaires
proposent de penser l’impensable, d’imaginer l’inimaginable. De revoir de fond
en comble les protocoles, les mesures internes et externes, de former mieux et
plus longtemps les techniciens du nucléaire. L’homme est-il seulement capable
de ces exploits ? N’est-il pas plus simple et philosophiquement plus honnête
de reconnaître les limites de notre pensée scientifique actuelle et de miser
sur des énergies plus propres, renouvelables tout en limitant notre
consommation et en modifiant nos modes de vie ?
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