10 mars 2013

Fukushima mon amour…déçu !

 
Le rejet radio-actif dans l'atmosphère.
La chaîne humaine formée hier à Paris contre les dangers du nucléaire n’est pas anecdotique. On aurait tort de se moquer de ces militants convaincus de l’insécurité dans laquelle nous fait vivre le nucléaire. S’il est vrai que 75 % de notre électricité actuellement produite en France provient des centrales atomiques, que depuis des décennies, les différents gouvernements de gauche et de droite ont poursuivi les investissements dans ce domaine, personne n’est capable aujourd’hui d’assurer une sécurité à 100 % des ces outils.
La chaîne de la connaissance — Arte — a diffusé récemment deux films consacrés à la catastrophe de Fukushima. L’un de ces films m’a particulièrement marqué. Réalisé à l’initiative de la chaine de télévision japonaise NHK, le scénario de ce film-reportage tend à reconstituer au plus près de la réalité et des témoignages ce qui s’est passé en mars 2011 au nord-est du Japon.
Chacun se souvient du séisme de force 9 sur l’échelle de Richter dont l’épicentre se situait à quelques dizaines de kilomètres des côtes japonaises. Les quatre réacteurs de la centrale de Fukushima-Daishi ont surmonté le séisme sans grands dommages. Mais le tsunami survenu ensuite a dépassé l’imagination et les prévisions les plus pessimistes des experts puisqu’une vague de 10 mètres de haut a dévasté toute la côte faisant 20 000 morts et des dégâts matériels considérables. Les digues étaient prévues pour résister à une vague de 5,60 mètres.
Privée d’électricité, privés de l’assistance des groupes électrogènes et des batteries de secours situées au sous-sol et donc noyées, il ne restait aux techniciens qu’une solution pour éviter la fusion du cœur de la centrale : le condenseur. Cet instrument (sans besoin électrique) sous l’effet de la pression transforme la vapeur d’eau en eau et contribue au refroidissement général des barres productrices d’énergie. Seulement voilà. Il y eut un hic : aucun des opérateurs présents dans l’enceinte de contrôle ne savait qu’il fallait ouvrir les vannes du condenseur manuellement. C’est déjà cet incident qui s’était produit dans la centrale américaine de Three Mile Island. La mise en service des deux condenseurs aurait pu éviter la fusion totale du cœur dans l’enceinte de confinement et le rejet dans l’atmosphère du nuage radioactif.
C’est dire la fragilité des comportements humains en situation de stress. C’est dire l’incongruité des mécanismes de sécurité quel que soit leur nombre. Aujourd’hui, les pro-nucléaires proposent de penser l’impensable, d’imaginer l’inimaginable. De revoir de fond en comble les protocoles, les mesures internes et externes, de former mieux et plus longtemps les techniciens du nucléaire. L’homme est-il seulement capable de ces exploits ? N’est-il pas plus simple et philosophiquement plus honnête de reconnaître les limites de notre pensée scientifique actuelle et de miser sur des énergies plus propres, renouvelables tout en limitant notre consommation et en modifiant nos modes de vie ?

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