11 mars 2013

François Hollande devrait s'inspirer plus de l'action de Pierre Mendès France

François Hollande dans la salle Pierre Mendès France de l'Hôtel de ville de Louviers en janvier dernier. (photo Jean-Charles Houel)
Jean-Pierre Sueur, un sénateur socialiste, déclare qu’il aurait fallu dire la vérité aux Français sitôt après l’élection de François Hollande. Ils comprendraient mieux ainsi la politique économique du gouvernement, une politique que 62 % des Français considèrent comme erratique, sans boussole et sans cap.
François Hollande a entendu le message du peuple puisqu’il va consacrer son mois de mars à expliquer, expliquer encore, les objectifs qu’il s’assigne et les moyens qu’il se donne pour les atteindre. Quand il est venu à Louviers en janvier dernier visiter l’exposition consacrée à la vie, l’action, l’histoire de Pierre Mendès France, le Président de la République n’a pu manquer de relever la citation de l’ancien président du conseil sur la nécessité de toujours dire la vérité au peuple sans jamais se lasser. PMF savait d’évidence qu’une politique, même difficile, ne peut être acceptée que si elle est comprise par les citoyens. D’où, affirmait-il, cette nécessité permanente de dresser l’état de la situation, d’en expliquer les causes, d’en tirer les conséquences, quels qu’en soient les effets sur la popularité des dirigeants. Pierre Mendès France, durant la courte durée de son gouvernement a rendu publics le calendrier des réformes, le coût de leur réalisation, sans jamais omettre ni les obstacles nationaux ou internationaux gênant leur application.
Sarkozy a laissé une France exsangue. Un bilan catastrophique. Une société plus violente, au sein de laquelle les inégalités se sont creusées. Une France avec 900 milliards de dette en plus, un déficit commercial chronique, un chômage accentué (avec nombre de chefs d’entreprises qui ont attendu l’élection pour licencier ou supprimer des emplois). Nul, à gauche, ne pouvait ignorer ce bilan. C’est tellement vrai que François Hollande n’a fait aucune promesse folle. Il savait la lourdeur de la tâche à accomplir.
En neuf mois, une politique ne peut faire sentir ses effets. C’est d’autant plus impossible que Merkel et Cameron lui compliquent la tâche en prônant l’austérité. Quoi d’étonnant puisqu’ils ont soutenu Sarkozy et représentent la droite dure ?
Il faudra plus d’un mois d’explications pour que les Français acceptent la politique en cours. Il faudra aussi, moins de couacs, moins de contradictions entre les ministres. Que le président monte en première ligne, comme il l’a fait au Mali, c’est de bonne politique. La guerre économique n’a pas moins d’importance que le combat contre les narco-djihadistes. Même si les moyens d’y vaincre sont moins aisés et moins rapides.

Relisons avec intérêt ce que Pierre Mendès France écrivait dans son livre célèbre « Pour une République moderne. » « Je ne suis pas de ceux qui méconnaissent le rôle fructueux ou désastreux qu’un homme peut jouer dans la vie publique. Nul n’a jugé plus sévèrement que moi ceux qui ont mal gouverné le pays et trahi ses intérêts. Que le pays les juge aussi avec rigueur, qu’il fasse demain de meilleurs choix, je le souhaite de tout mon patriotisme. Mais toutes ses décisions doivent être fondées sur des volontés précises, sur des objectifs déterminés, sur des contrats clairs.
Choisir un homme sur la seule base de son talent, de ses mérites, de son prestige (ou de son habileté électorale) c’est une abdication de la part du peuple, une renonciation à commander et à contrôler lui-même, c’est une régression par rapport à une évolution que toute l’histoire nous a appris à considérer comme un progrès. »


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