François Hollande dans la salle Pierre Mendès France de l'Hôtel de ville de Louviers en janvier dernier. (photo Jean-Charles Houel) |
François Hollande a entendu
le message du peuple puisqu’il va consacrer son mois de mars à expliquer,
expliquer encore, les objectifs qu’il s’assigne et les moyens qu’il se donne
pour les atteindre. Quand il est venu à Louviers en janvier dernier visiter l’exposition
consacrée à la vie, l’action, l’histoire de Pierre Mendès France, le Président
de la République n’a pu manquer de relever la citation de l’ancien président du
conseil sur la nécessité de toujours dire la vérité au peuple sans jamais se
lasser. PMF savait d’évidence qu’une politique, même difficile, ne peut être
acceptée que si elle est comprise par les citoyens. D’où, affirmait-il, cette nécessité
permanente de dresser l’état de la situation, d’en expliquer les causes, d’en
tirer les conséquences, quels qu’en soient les effets sur la popularité des
dirigeants. Pierre Mendès France, durant la courte durée de son gouvernement a
rendu publics le calendrier des réformes, le coût de leur réalisation, sans
jamais omettre ni les obstacles nationaux ou internationaux gênant leur
application.
Sarkozy a laissé une France
exsangue. Un bilan catastrophique. Une société plus violente, au sein de
laquelle les inégalités se sont creusées. Une France avec 900 milliards de
dette en plus, un déficit commercial chronique, un chômage accentué (avec nombre
de chefs d’entreprises qui ont attendu l’élection pour licencier ou supprimer
des emplois). Nul, à gauche, ne pouvait ignorer ce bilan. C’est tellement vrai
que François Hollande n’a fait aucune promesse folle. Il savait la lourdeur de
la tâche à accomplir.
En neuf mois, une politique
ne peut faire sentir ses effets. C’est d’autant plus impossible que Merkel et
Cameron lui compliquent la tâche en prônant l’austérité. Quoi d’étonnant puisqu’ils
ont soutenu Sarkozy et représentent la droite dure ?
Il faudra plus d’un mois d’explications
pour que les Français acceptent la politique en cours. Il faudra aussi, moins
de couacs, moins de contradictions entre les ministres. Que le président monte
en première ligne, comme il l’a fait au Mali, c’est de bonne politique. La guerre
économique n’a pas moins d’importance que le combat contre les narco-djihadistes.
Même si les moyens d’y vaincre sont moins aisés et moins rapides.
Relisons avec intérêt ce que
Pierre Mendès France écrivait dans son livre célèbre « Pour une République
moderne. » « Je ne suis pas de ceux qui méconnaissent le rôle fructueux ou
désastreux qu’un homme peut jouer dans la vie publique. Nul n’a jugé plus sévèrement
que moi ceux qui ont mal gouverné le pays et trahi ses intérêts. Que le pays
les juge aussi avec rigueur, qu’il fasse demain de meilleurs choix, je le
souhaite de tout mon patriotisme. Mais toutes ses décisions doivent être
fondées sur des volontés précises, sur des objectifs déterminés, sur des
contrats clairs.
Choisir un homme sur la seule
base de son talent, de ses mérites, de son prestige (ou de son habileté
électorale) c’est une abdication de la part du peuple, une renonciation à
commander et à contrôler lui-même, c’est une régression par rapport à une
évolution que toute l’histoire nous a appris à considérer comme un progrès. »
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