La France a violé la liberté
d'expression en condamnant pour offense à Nicolas Sarkozy l'homme
qui avait brandi en août 2008 un écriteau en carton marqué du slogan "Casse
toi pov'con" lors d'une visite présidentielle à Laval, en Mayenne,
estime jeudi la Cour européenne des droits de l'homme. La cour a jugé "disproportionné"
le recours à une sanction pénale, qui risque selon elle d'avoir
"un effet dissuasif sur des interventions satiriques qui peuvent contribuer
au débat sur des question d'intérêt général".
Voilà une décision bienvenue. Heureusement
qu’il existe des juridictions capables de s’affranchir d’une frilosité certaine
quand il s’agit de critiques de personnalités détenant de grands pouvoirs. Le
militant du Front de Gauche qui avait brandi l’écriteau ne faisait que
reprendre une expression utilisée par Nicolas Sarkozy lui-même lors de sa
fameuse visite au salon de l’agriculture. Ce jour-là, machinal, le Président de
la République avait voulu serrer la main d’un homme qui la lui refusa en
faisant une réflexion peu amène pour Nicolas Sarkozy lequel lui répondit par
une formule appelée à faire florès : « casse toi pov’con ! »
La sanction qu’évoque la cour
européenne — une amende de 30 euros quand le procureur en demandait 1000 —
était évidemment symbolique. Mais la cour a estimé que même une condamnation
symbolique était inadmissible. La France, pays de la liberté d’expression,
devra sans doute adapter son code pénal afin de moins protéger la personne du
chef de l’Etat lequel peut poursuivre tout un chacun s’il estime que la
critique porte atteinte à son image ou à l’idée qu’il s’en fait.
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