Une amitié réelle est longue à construire. Elle peut être vite détruite. (photo Jean-Charles Houel) |
José Alcala m’a adressé une
lettre ouverte qu’il publie sur son blog. Je ne lui en conteste ni le droit ni
l’opportunité. Je lui donne acte du fait qu’il traduit comme une erreur de s’être
présenté aux élections municipales de Louviers sur la liste d’Odile Proust. A
cette époque, il n’était pourtant pas un perdreau de l’année. Mais bon…
Plus symptomatique me semble
être son obstination à apparaître comme un journaliste intègre, loin des
querelles partisanes, apte à distribuer les bons et les mauvais points aux
vilains militants forcément aveuglés par leur idéologie. Avec en prime, une
considération excessive, selon moi, pour l’ordre établi et les élus d’« importance
». Pour sauver la face, José — pour lequel je n’ai aucune antipathie — veut à
tout prix démontrer qu’il n’est pas l’homme lige de Franck Martin. Je ne le
crois pas. (1)
Dans l’affaire qui nous
préoccupe — le procès Jamet contre Martin — il se trouve que le maire de
Val-de-Reuil est celui par lequel mes relations avec Franck Martin se sont
dégradées au point de devenir ce qu’elles sont : conflictuelles. Est-ce l’effet
du hasard ? Pour que nul n’en ignore, je rappelle (ou j’informe) que le
premier à avoir dégainé est Franck Martin. En nous accusant publiquement sur
son blog, mon épouse et moi, de « bouffer
à tous les râteliers » (2) Franck Martin m’a déclaré la guerre. Comme nous
avions partagé bien des combats communs, j’ai considéré qu’il avait rompu d’une
manière honteuse le pacte tacite et immuable liant deux personnes amies. Je
rappelle (au passage) que contrairement à ce que le maire de Louviers raconte
partout, ce n’est pas lui qu’Odile Proust a mis en cause lors de ses
défaites : « Jean-Charles m’a tuer »
écrivait-elle à la une de son journal municipal !
Consulté après cette attaque
aussi imprévisible que suprenante, mon avocat me poussait au procès. J’ai renoncé pourtant à porter
plainte pour atteinte à ma vie privée et à celle de mon épouse par égard pour
Ernest, le père de Franck Martin, et notre passé. Mais j’ai compris à cette
occasion de quoi était capable l’homme que j’avais aidé, soutenu, encouragé
par mes écrits et mes actes lors de ses différentes campagnes électorales. Qu’il
se montrât ingrat ensuite ne fit qu’ajouter à ma déception. Eu égard aux
relations personnelles que j’avais toujours nouées avec lui et sa famille, il
aurait dû prendre le temps de se relire et de jeter son article à la corbeille.
M’accuser de «bouffer à tous les
râteliers» alors que durant toute ma vie, je suis resté fidèle au Comité
d’action de gauche et à ses valeurs, à son père que je porte haut dans mon cœur,
c’était porter atteinte à mon honneur et à ma considération. Dès lors, rien ne
serait plus jamais comme avant.
Avec le temps, j’ai mesuré
la distance qui, finalement, nous séparait. Je m’étais trompé sur le bonhomme,
il n’était pas celui que je croyais qu’il était. Il était pour moi devenu d’hygiène
publique de le faire savoir et de fixer des limites à un politicien retors,
habile, d’où ma candidature aux cantonales avec le résultat que l’on sait. La
défaite de Franck Martin l’a ramené, en partie, à la raison et c’est bien
pourquoi en 2012, il n’a pas commis à nouveau la bêtise de se présenter contre
François Loncle comme il ‘avait fait en 2007 au prix d’une humiliation certaine.
Le député, d’ailleurs, lui en sait gré.
Marc-Antoine Jamet, en portant
plainte pour diffamation après des années passées à supporter insultes et
agressions, a fait ce que j’aurais dû faire depuis longtemps. En gagnant son
procès, il va de facto aider à fixer des règles plus acceptables dans le jeu
politique local. C’était d’ailleurs son premier objectif comme il l’a
excellemment écrit dans un billet publié sur ce blog. Quand Franck Martin
déclarait que la politique a ses us et coutumes dont celui « d’en prendre plein
la gueule », il ne faisait que jouer sa propre partition écrite à une main. Le
tribunal lui a dit « STOP ».
José Alaca a donc tort de me
présenter comme l’unique adversaire de Franck Martin. Il se trouve que nous
sommes nombreux, socialistes ou pas socialistes, à mieux lire ses manières de
se comporter et à mieux décrypter ses façons de faire de la politique. En
étudiant de près ses réalisations, ses objectifs, on comprendra les erreurs et
les fautes qu’il a commises. Quand il dit «
mon projet c’est mon bilan » il nous pousse à éplucher au plus près sa
politique et son relationnel et à aller regarder derrière le miroir aux
alouettes. Je reste ainsi persuadé que l’élection de Patrice Yung à la
présidence de la CASE n’est pas un cadeau de Franck Martin. Sous la pression collective
et un mouvement puissant d’hostilité des délégués des communes de
Seine-Eure-Seine-Bord, le président sortant a senti le vent du boulet et s’est
rallié à son « ami de 20 ans » pour masquer une réalité : un rejet de
plus en plus fort. Rejet des méthodes, certes, mais aussi rejet de certaines
propositions. J’ai toujours dit que viendrait le jour où les yeux se
décilleraient. Le temps est venu.
Cher José, grâce à toi, et
je t’en remercie, j’ai enfin l’occasion de mieux faire comprendre mon attitude
d’aujourd’hui et mon engagement au PS dans un contexte où la gauche de
gouvernement — à Louviers et ailleurs en France — a besoin de militants
aguerris, de militants de conviction prêts à rechercher l’union dans la loyauté
et la durée. Ceux et celles qui me connaissent savent que je lutte, depuis
l’âge de 20 ans, à gauche, très à gauche, sur la base de valeurs en partie acquises
grâce aux idées éclatantes d’Ernest Martin et de ses amis.
Franck Martin indique dans
un commentaire : « Houel est sorti
de mon radar. Il y a longtemps que je ne polémique plus avec lui. » La
dernière fois, c’était le 24 décembre 2012. Hier quoi. La polémique a beaucoup
de défauts et quelques avantages. Parmi eux, la création de ce blog en 2007, un
outil d’information supplémentaire dans le paysage lovéro-rolivalois. Un outil
d’autant plus utile que le maire-ex-président de la CASE avait le monopole d’un
discours surabondant jamais contredit. Il ne s’est pas privé d’en user et, le
procès d’Evreux l’a prouvé, d’en abuser.
Ces quelques explications ne
vident pas la querelle m’opposant au politicien Franck Martin. Elles
permettent, je le crois vraiment, de mieux comprendre mon cheminement. Il
dépasse de loin une simple querelle personnelle, une opposition qui ne serait
qu’« affective » ou « jalousie ». Cette opposition s’est construite, renforcée
au fil des ans et des attitudes changeantes du maire sortant de Louviers.
Obnubilé par son maintien au pouvoir et ses mandats, quel qu’en soit le prix,
Franck Martin est devenu le fils indigne d’un père connu pour son
désintéressement et sa grandeur d’âme. Elu maire grâce au père, au travail du CAG
et de quelques amis dévoués… quand on pense qu’il reproche à Marc-Antoine Jamet
d’être un fils à papa !
(2) En 2007, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, nous avait, mon épouse et moi, invités à déjeuner. Franck Martin en tira une interprétation toute personnelle qu’il rendit publique sur son blog. Initiative fâcheuse, démarrage d’une brouille définitive. Que croyait-il ? Que je me coucherais !
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