16 mars 2013

Tapie dans le sud ! Un patron de presse de plus, la liberté de la presse en moins


Bernard Tapie, nouveau patron de presse débute sa nouvelle carrière sous de malheureux auspices. Il a trouvé le moyen de se faire interviewer, sur une page plein d’un journal grand format, par un «journaliste» obligé de son groupe lequel, évidemment, ne lui a posé aucune question qui fâche. C’est la spécialité des patrons de droite de mettre la main sur les rédactions et de les contraindre à raconter le monde à leur façon. Tapie, patron de presse, quand on est un journaliste digne de ce nom, conduit à le questionner sur l’arbitrage Crédit Lyonnais et le montant du préjudice moral, ses rendez-vous avec Sarkozy, son passé de président de l’OM etc. Au lieu de cela, les lecteurs des journaux du groupe Tapie-Hersant ont eu droit aux banalités et aux clichés dont le bonimenteur est coutumier.
Cette interview est aussi un signe adressé à toutes les rédactions de son groupe. Elles ne traiteront pas (ou plus) les sujets qui fâchent, ne poseront pas ou plus les mauvaises (ou les bonnes) questions, n’aborderont pas ou plus les thèmes qui déplaisent au patron. A la Dépêche de l’Eure, on avait connu cela du temps de Philippe Hersant associé de Bernard Tapie. L’un de mes confrères ébroïciens avait souhaité aborder les problèmes suscités par l’agrandissement du golf de Nantilly situés à la frontière de l’Eure et de l’Eure et Loir. Ce golf appartenait à la famille Hersant. Robert, le père, en avait fait sa danseuse. Mais les habitants du coin n’appréciaient pas du tout l’agrandissement de ce golf. Des problèmes fonciers et d’écoulement des eaux étaient soulevés. La rédaction d’Evreux reçut l'ordre de ne pas aborder le sujet au prétexte « qu’on ne mord pas la main qui vous nourrit. » Voilà comment certains conçoivent la liberté de la presse et celle des journalistes.
Avec Tapie, nombre de thèmes devraient donc être écartés des pages de ses journaux. Les journalistes pourront-ils évoquer les affaires Karachi, Bettencourt, sans être censurés eu égard à son amitié et ses liens avec Sarkozy ? Pourront-ils exposer librement la situation politique de Marseille avant les municipales surtout si Tapie risque d’être candidat ? Comment ces journaux-là vont-ils relater le combat à droite pour succéder à Gaudin ou la primaire à gauche pour choisir un (ou une) chef de file ? Sans oublier les obsessions de Tapie : le libéralisme économique à tout crin, son opposition à Hollande et à la gauche, le yacht de plusieurs dizaines de millions d’euros qu’il loue à ses amis…
Tapie sera dans la lignée des Dassault. Les journalistes devront être aux ordres. Et les lecteurs avec.

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