Lors du dépouillement d'un vote à Louviers. (photo JCH) |
Il a raison. Harlem Désir, premier secrétaire national du PS
a raison de tenir bon sur la loi anti-cumul des mandats. Je sais bien que le
Conseil d’Etat préconise de reporter l’application de la loi en 2017 sous
prétexte que les parlementaires actuels ont été élus sans que cette épée de
Damoclès soit agitée au-dessus de leur tête. Juridiquement, cela se tient.
Politiquement, est-ce tenable ? Et n’est-ce pas aux parlementaires de
faire la loi et de dire ce qui est juste ?
Les Français, dans leur grande majorité, sont opposés au
cumul des mandats. Ils ont intégré depuis longtemps qu’on ne peut pas bien
faire son travail de député ou de sénateur en exerçant également la
responsabilité d’un exécutif local : président de conseil régional, de
conseil général, maire d’une commune importante ou président d’une
agglomération même si aujourd’hui cette dernière fonction n’est pas prise en compte.
Être député ou sénateur c’est être présent à Paris au moins
trois jours par semaine, c’est participer au travail des commissions, c’est
répondre aux nombreuses invitations, c’est voyager, c’est rédiger des questions
écrites, poser des questions orales. En province ou à Paris, c’est assurer des
permanences, dialoguer avec les élus locaux, les associations, les groupes
professionnels, les syndicats. Le mandat de parlementaires exige un engagement
quotidien et suivi.
Sans se limiter aux parlementaires, il est évident que le
cumul des mandats locaux se heurte aux mêmes obstacles. Comment peut-on à la
fois assumer son mandat de conseiller régional et de maire d’une commune
importante et délégué d’une agglomération ? Comment bien travailler les
dossiers ? Comment entretenir les liens indispensables avec les
personnels ? Comment être disponible pour le public et les habitants dans
le besoin ?
A l’évidence, les cumulards ne répondent pas aux exigences
du quotidien et du concret. Et en plus, ils empêchent ceux et celles qui le
seraient avec autant de talent qu’eux — puisque nul n’est irremplaçable — d’accéder
à des fonctions électives aujourd’hui réservées à des professionnels de la
politique aux antipodes des principes républicains de parité, de diversité, d’âges
et d’origines sociales élargies.
Je suis un militant actif de l’ anti-cumul des mandats.
Je connais les arguments de mes contradicteurs qu'ils soient de droite ou radical de gauche : « seuls ceux qui ne sont pas élus sont contre le cumul. » Ce n’est
pas exact. Martine Aubry, maire de Lille, est une élue locale à la voix forte
et aux convictions puissantes. C’est elle qui a imposé au Parti socialiste de
revoir les règles existant dans la démocratie française et dans aucun autre
grand pays européen. Mes contradicteurs assurent aussi : « Je cumule les mandats et les indemnités
pour gagner ma vie correctement. » Ce n’est pas le cas des parlementaires.
Ce peut être le cas des responsables locaux. La parade consiste à définir enfin
un statut des élus et de rétribuer leurs responsabilités correctement tout en
prévoyant pour les élus salariés issus du privé un reclassement obligatoire en
cas de défaite aux élections.
Pour toutes ces raisons, je soutiens Harlem Désir et les
membres du PS qui souhaitent l’application de la loi anti-cumul dès 2014.
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