Les phraseurs (NKM, Chatel, Lefebvre etc.) de l’UMP
n’apprécient pas l’humour. Ils ont tort. Personnellement, j’ai bien aimé la
sortie de François Hollande au salon de l’agriculture. A une petite fille qui
lui apprenait qu’elle n’avait jamais vu Nicolas Sarkozy, le président de la République actuel,
câlin, lui a rétorqué : « bah, tu ne le verras plus. » Cette petite phrase
a été très mal ressentie par les groupies de Sarko. Ils ont vu là une agression
contre l’ancien président, une boutade déplacée. Hypocrites, va.
Quand on y réfléchit bien, François Hollande a tout simplement affirmé
ce que pensent 62 % des Français (1). Nicolas Sarkozy, on l’a assez vu et ils ne
veulent pas le revoir. Ni demain, ni après-demain. Pendant dix ans, il a occupé
les unes des magazines, envahi les plateaux de télévision installés à l’Elysée (cinq ans),
phagocyté la presse quotidienne nationale et régionale. Tantôt avec « Carla
c’est du sérieux », tantôt avec ses discours fameux à Dakar (sur l'homme noir pas assez entré dans l'histoire) ou à Grenoble (sur l'expulsion des Roms). On
en était même arrivé à une véritable saturation.
Jean-Pierre Raffarin n’a pas sa langue dans sa poche. Il se
souvient de la vie infernale que Sarko lui a menée comme ministre de l’Intérieur
quand lui, Raffarin, était premier ministre de Jacques Chirac. Raffarin demande
un droit d’inventaire et n’hésite pas à souligner les erreurs commises par
Sarkozy, erreurs expliquant sa défaite à la présidentielle. Parmi elles, une
droitisation excessive aboutissant à la fuite de voix centristes essentielles
pour gagner.
Raffarin ne le dit pas mais lui aussi pense qu’on a assez vu
Sarko. Et François Fillon ? Quoiqu’il arrive, il sera candidat à la primaire
pré-présidentielle disputée au sein de l’UMP. Fillon, premier ministre de Sarko pendant cinq ans,
sait ce que le mot humiliation veut dire. Lui non plus ne veut pas le voir revenir sur le devant de la scène.
Bref, François Hollande, en affirmant qu’on ne verra plus
Sarko (comme président de la République évidemment) ne fait qu’énoncer une
vérité partagée par une foule de gens. Et pas qu’à gauche !
(1) Sondage paru dans la presse il y a quelques jours.
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