17 janvier 2013

L'effondrement des colonies d'abeilles expliqué aux agriculteurs


Ruches en montagne. Photo JCH
Je ne vais pas entrer dans les détails. Mais l’Agence européenne de sécurité alimentaire vient d’éditer un document qui va faire date. Il sera sans doute suivi des mesures administratives coercitives indispensables autant que nécessaires. Cette étude admet clairement et sans contestation possible que trois molécules produites par l’industrie chimique et utilisées par les agriculteurs européens sont nuisibles aux agents polinisateurs. Autrement dit sont nuisibles aux abeilles et expliquent, pour une bonne part, l’effondrement des colonies d’abeilles. Ces produits portent des noms maintes fois reproduits dans tous les articles des revues d’apiculture. Ils s’appellent Régent, Gaucho, Cruiser…et sont accusés par les apiculteurs professionnels et amateurs depuis plus décennie d’être responsables d’une incapacité à s’orienter des hyménoptères à la suite de l’absorption des produits mis en cause.
C’est une grande victoire pour les apiculteurs et aussi pour les ministres de l’agriculture. Ceux qui ont eu le courage de s’obstiner à imposer des moratoires interdisant l’usage des néonicotinoïdes, par exemple, dont la dangerosité pour les abeilles a été attestée après de nombreuses observations suite à un mélange complexe associant molécules et autres facteurs. Les chiffres avancés par les spécialistes font état de la disparition de 30 % des colonies d’abeilles européennes en un espace de temps réduit. Ce n’est pas tant la valeur commerciale du miel perdu ou des produits de la ruche (gelée royale, hydromel par exemple) non vendus qui importe même si c’est évidemment tragique pour les professionnels. Quand on sait que les abeilles sont les principaux agents polinisateurs et une source irremplaçable de fertilisation de fruits et de légumes pour un équivalent de 115 milliards d’euros chaque année dans le monde, on prend conscience de leur rôle et de l’importance de les protéger.
Faut-il pour autant négliger le fait que les agriculteurs ont fait et font un usage massif des ces molécules sur le colza ou le maïs par exemple et que leur interdiction prolongée pourrait poser problème ? Certainement pas. Les agriculteurs affirment que 50 000 emplois agricoles sont en jeu. Tous les amateurs de miels et les producteurs (même modestes) apprécieront les propositions des scientifiques européens. Reste aux ministres concernés à mettre en musique leurs recommandations. Cela s’annonce coton.

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