Le professeur Didier Sicard (DR) |
Le rapport de Didier Sicard sur la fin de vie est publié au
moment même où je suis personnellement touché par le décès d’une personne plus
que proche puisqu’il s’agit de ma mère partie ces jours derniers. Sans entrer
dans le détail de mon histoire privée, et conformément à l’idée que je me fais
de ce blog — outil d’information générale — je souhaite apporter un éclairage
sur le rapport Sicard que le président Hollande a décidé de transmettre dès
aujourd’hui au comité national d’éthique afin d’en envisager l’application en
totalité ou partiellement.
Que retenir de ce rapport sur la fin de vie ? Que la
personne appelée à mourir est la personne la plus faible du monde. Qu’elle
souhaite passer « de l’autre côté » entourée de ses proches, de ses amis, sans
souffrance et avec un maximum de dignité, de liberté et d’humanité.
Dans son rapport, le professeur Sicard récuse l’euthanasie active (le «don» de
la mort brutale qui existe dans certains pays européens) il propose une sédation progressive pour les personnes en
phase terminale pour raisons de maladie ou de vieillesse. Sédation progressive c’est-à-dire
endormissement comateux définitif sans souffrances physiques. Ce que la loi Léonetti (qui était déjà un gros progrès) induisait sans le
dire, le rapport Sicard le dit. C’est toute la différence.
Ces constats impliquent une réflexion approfondie de la part
des médecins et du personnel infirmier en première ligne, mais pas seulement. Accompagner une personne jusqu’à la mort implique, en établissement hospitalier
ou en maison de retraite, des conduites collectives responsabilisant les
oncologues, les ergothérapeutes, les psychologues, les médecins généralistes,
les infirmier(e)s, les aides soignant(e)s, le personnel d’entretien, de
restauration, d’animation et évidemment de direction. Tout un collectif
travaillant au service d’une même cause : le bien être et le respect de la
personne. La famille étant associée et consultée, elle se trouve face à ses
choix philosophiques, religieux, éthiques. Conformément aux préconisations de
la commission Sicard, la famille doit se situer en amont du «commencement de la
fin» et intégrée au processus aboutissant à l’inéluctable. Le professeur Sicard
a raison d’insister pour que la mort soit dans la vie.
Je dois l’avouer, j’ai été impressionné par l’attention, le
dévouement, l’engagement des différentes équipes de soins ou d’accompagnement.
Voir mourir est une chose auquel chacun est un jour confronté, « aider » à
mourir en est une autre. Qu’on me comprenne bien, aider ne veut pas dire donner
la mort. Aider veut dire entrer dans la complexité des personnalités, des
choix, les argumenter et les appliquer. C’est cela le concept d’« humanitude ».
Est-ce sans douleur ? Sans souffrance ? Certes
non. On ne quitte pas la vie sans regrets. On n’abandonne pas ses personnes
chères sans remords. Comme l’immortalité n’est pas de ce monde, maîtriser sa propre
fin apparaît comme l’ultime acte libre de chacun d’entre nous. A la loi de nous
le permettre même si c’est difficile, surtout si c’est difficile. Certains
adoptent la voie suicidaire, d’autres laissent des consignes, d’autres encore,
choisissent de ne pas choisir. Qui blâmera qui ? L’important est que cette
nouvelle loi prenne bien en compte avec harmonie le désir des appelés au trépas et
la compassion de ceux qui restent.
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