Avec Tapie les journalistes du sud de la France ont du mouron à se faire
Les journalistes du sud de la France ont du mouron à se faire. Bernard Tapie avec la complicité de la famille de Philippe Hersant (encore un exilé fiscal) et l'aide d'un groupe de plusieurs banques vient de se porter acquéreur du groupe de presse Hersant Media pour 50 millions d'euros. On sait d'où vient l'argent. Tapie n'a-t-il pas bénéficié du scandaleux arbitrage lui attribuant plus de 300 millions d'euros (net) d'argent public dans l'affaire du Crédit Lyonnais ? Une affaire toujours pendante devant la justice et mettant en cause les décisions de Christine Lagarde, ancienne ministre des finances de Nicolas Sarkozy dont Tapie est un admirateur fervent.
Spécialiste des reprises de canards boiteux (1) l'expression ne s'applique pas précisément au rachat en cours dans la mesure où certains des journaux rachetés gagnent de l'argent et permettent à Tapie de devenir le propriétaire d'un solide foncier et d'outils industriels performants à Marseille et ailleurs en PACA. Tapie n'est ni philanthrope, ni naïf.
Plus intéressant est de chercher la raison qui a poussé « nanard la grande gueule » à devenir patron de presse. Qu'a-t-il derrière la tête, quel est son projet ? Connaissant l'animal, on ne peut pas imaginer que bien faire tourner une entreprise de presse soit le mobile principal de cet histrion théâtreux. Tapie est un homme d'affaires, affaires financières, affaires politiques, affaires tout court. S'il rachète un groupe de presse, c'est bien pour en user en groupe de pression, en groupe d'influence dans une région où il n'a pas laissé que de bons souvenirs.
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En souvenir du Phocéa |
L'ancien patron de l'OM doit vivre avec les mois qu'il passa en taule pour avoir truqué un match contre Valenciennes. Il doit vivre avec ses velléités de devenir député des Bouches-du-Rhône, une aventure dans laquelle il échoua, il doit vivre aussi avec l'espoir de jouer un rôle lors des prochaines élections municipales.Car le virus politique le démange et il a une revanche à prendre contre tout le monde. A un an de l'ouverture de la campagne électorale, Bernard Tapie inquiète la droite et ne rassure pas la gauche. Marseille est une ville compliquée. Le système Gaudin le dispute au système Guérini. Cette capitale régionale fait envie. Sa démographie, sa géographie, son histoire, en font un symbole qui comptera dans le bilan des victoires et des échecs de mars 2014. Et comme le populisme a bonne presse, si j'ose dire, dans la France de 2103, on peut imaginer un Tapie vantant les idées de Patrick Buisson et jouant sur les peurs racistes et xénophobes. Il trouvera bien une formule « genre pain au chocolat interdit le jour du Ramadan » de son ami Copé pour attirer les voix des petits blancs très nombreux dans le sud.
Pensons un instant aux professionnels des journaux du sud et des Antilles. Avoir comme patron Bernard Tapie ne va pas être simple. Celui-ci ne s'embarrassera ni de réunions ni de négociations. Il gérera comme il a toujours géré : avec le verbe haut et la formule assassine. Oui, décidément, les journalistes du sud de la France ont du mouron à se faire.
(1) Sur les conseils de son ami avocat Jean-Louis Borloo, Tapie a connu la période faste des rachats d'entreprises en souffrance qui ne duraient que ce que durent les « coups », l'espace d'un licenciement collectif comme chez Wonder à Louviers.
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