Me Thierry Herzog : un avocat compétent mais…(DR) |
Alors que des rendez-vous pour le moins bizarres de Nicolas Sarkozy avec le procureur Courroye (1), à l'Elysée, en plein déroulement de l'affaire Bettencourt sont mis sur le compte de l'amitié existant entre l'un et l'autre (huit rendez-vous à des périodes très sensibles) que le juge cherche à connaître les détails précis sur les rencontres entre Patrice de Maistre (conseiller de Liliane Bettencourt) et Eric Woerth, trésorier de l'UMP, lesquels refutent tout échange d'argent liquide lié à la campagne présidentielle, Me Herzog embarque tous les observateurs sur une soi-disant erreur du juge Gentil.
Face aux caméras et aux micros, l'avocat affirme que le juge d'instruction a confondu Liliane Bettencourt et Ingrid Bétancourt (l'otage des FARC en Colombie) lors d'un rendez-vous inscrit à l'agenda de Nicolas Sarkozy en juin 2007. On le sait maintenant, grâce à un communiqué exceptionnel du parquet de Bordeaux rendu public hier, à aucun moment de la rencontre de 12 heures entre Sarkozy et le juge Gentil, ce rendez-vous n'a été abordé. Aucune question concernant Ingrid Bétancourt n'a été posée durant l'instruction, la conclusion étant que Me Herzog a magnifiquement joué de l'ambiguïté et entraîné la presse dans cette impasse. Mais ce coup médiatique a fait long feu.
Est-ce vraiment étonnant ? La réponse est non évidemment. Nicolas Sarkozy, durant son quinquennat a exprimé tout son mépris pour les juges et a tenté de les mettre sous tutelle voire de les supprimer comme son projet de disparition des juges d'instruction, juges qui, aujourd'hui, lui causent bien du tourment. Dans le même esprit, le jeune Geoffroy Didier, co-auteur de la motion « Droite forte » de l'UMP a sévèrement attaqué les journalistes, samedi sur un plateau télé. Il les accuse de ne pas respecter le secret de l'instruction alors même que la loi ne les y contraint pas. C'est grâce à la presse que les affaires politico-financières sortent. C'est grâce à la presse et les journalistes d'investigation que l'affaire Bettencourt a été connue du grand public. C'est aussi grâce à la presse qu'une démocratie digne de ce nom existe. Aux Etats-Unis, la constitution donne une place essentielle à la liberté de la presse. Imaginons M. Didier au pouvoir. La presse serait muselée, bâillonnée.
Sans la publication (même par extraits) du PV d'audition de Sarkozy, on n'aurait jamais vraiment su que l'argument de Me Herzog n'est qu'un prétexte à enfumer le public et à tente de sauver les apparences. Le fait est que Nicolas Sarkozy demeure un témoin assisté et donc un homme susceptible d'avoir, tôt ou tard, à répondre de ses actes en cas de faits nouveaux. Les juges y travaillent.
(1) Le procureur Courroye a longtemps conservé le dossier sous forme d'enquête préliminaire lui permettant de la mener à sa guise. C'est ce qui a conduit les différents dossiers devant le tribunal de Bordeaux où trois juges d'instruction sont chargés de l'ensemble des affaires.
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