François Bayrou est l'un des rares hommes politiques à avoir remarqué et donc signalé au public que la fonction de membre du Conseil constitutionnel interdit la politique active et que, donc, Nicolas Sarkozy sort de son rôle quand il conseille à tel ou tel de se rencontrer, de discuter, de revoter. Sarkozy n'est plus président de l'UMP ni président de la République. Jusqu'à ce que la loi change (si elle change) sur proposition de la commission Jospin, les membres du Conseil constitutionnel sont tenus à un strict droit de réserve et à une neutralité effective. On se souvient que Simone Veil — ce n'est pas ce qu'elle a fait de mieux — s'était mise en congé de Conseil constitutionnel pour soutenir la campagne de Sarkozy en 2007. Pendant quelques mois, elle n'est pas apparue au Palais Royal où elle avait su préserver l'ambiguïté qui sied aux engagements partisans alors que la magistrature exige une loyauté sans faille aux principes et au droit.
En mettant les mains dans le cambouis, Sarkozy se salit et par là-même salit la politique. En se mêlant de la présidence de l'UMP qu'il avait conquise à la hussarde, l'ancien président s'adonne au mélange des genres. Certes, il n'a pas publié de communiqué pour faire savoir qu'il était excédé. Certes, il n'a pas pris la parole sur une chaîne de télévision ou de radio pour faire entendre sa voix. Mais son entourage a distillé ses soi-disant confidences démontrant son entrisme dans les méthodes et les choix des adhérents UMP. Une fois n'est pas coutume, Sarkozy se mêle de ce qui ne le regarde pas ou plus. Son choix est pourtant simple : ou il fait de la politique active et il démissionne du Conseil constitutionnel où il rêve de revenir dans l'arène et alors il agite sa muleta. Il ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Et les deux oreilles du taureau.
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