François Loncle a posé la question écrite suivante au premier ministre :
M. François Loncle interpelle le Premier ministre sur le silence pesant de
la France à l'égard des nombreuses violations des droits de l'homme en Libye.
Depuis plusieurs mois, les anciens rebelles multiplient les exactions,
notamment à l'encontre des détenus. Les organisations humanitaires
internationales ont relevé de nombreux cas de torture, démentant les propos
lénifiants tenus par un philosophe parisien.
Ainsi, Médecins sans frontières
(MSF) décrit des séances d'interrogatoires extrêmement brutales et a recensé
plus d'une centaine de cas de mauvais traitement. Refusant de se transformer en
« auxiliaire des tortionnaires », MSF a décidé, le 26 janvier 2012,
d'arrêter ses opérations dans trois centres de détention libyens. De son côté,
Amnesty International a établi que douze prisonniers avaient succombé aux
sévices infligés par leurs geôliers, à l'instar d'Omar Brebesh, ancien
diplomate en poste à Paris assassiné par une milice de Tripoli.
Quant au CICR,
il déplore de ne pas avoir un accès libre à la soixantaine de prisons où
croupissent environ 8 000 personnes. Les dérives violentes en Libye
suscitent une forte inquiétude et soulèvent des interrogations sur la nature du
régime qui s'y installe. L'absence de réaction du gouvernement français est
également très choquante, d'autant plus que celui-ci était intervenu, il y a un
an, contre le colonel Kadhafi au nom de la défense des droits de l'homme.
L'embarras français se traduit par le mutisme d'un gouvernement incapable
d'assumer les conséquences des guerres qu'il mène.
La France n'a ni effectué de démarche
pour dissuader Tripoli de recevoir le président soudanais ni exprimé sa
désapprobation, durant les deux jours de cette visite. Il est vrai que le
criminel de Khartoum avait déjà, sans problème, parcouru le Tchad où sont
positionnées des forces françaises et il avait même croisé à Djibouti le
ministre français de la Coopération. M. François Loncle souhaite que le Premier
ministre lui fournisse des éclaircissements sur les incohérences de la
diplomatie française qui, d'une part, s'est activement impliquée dans le
conflit sanglant du Darfour, a promu la justice internationale et a lancé des
opérations militaires présentées comme des interventions humanitaires, mais
qui, d'autre part, ne proteste nullement contre la venue d'un criminel de
guerre à Tripoli et contre la prolifération de la torture en Libye.
François LONCLE
Député de l'Eure
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