29 février 2012

Fukushima : les autorités japonaises avaient envisagé le pire


C’est au hasard d’un bref communiqué recueilli sur France Info que se découvre peu à peu la réalité de ce qui s’est joué au Japon dans les heures et les premiers jours qui ont suivi la catastrophe nucléaire de Fukushima. Au hasard de ce genre de brèves qu’on n’entend que le matin très tôt et qui ne sont ensuite jamais reprises... Lentement, très lentement, les informations commencent à filtrer.

Les mois ont passé. En France, la catastrophe, si dramatique qu’elle fut, a depuis longtemps été chassée de l’actualité par d’autres nouvelles. De Carla ou de Valérie, ainsi va la vie ! Elle est désormais reléguée dans les médias au rang des affaires classées, ce qui est pourtant loin d’être le cas. À nouveau, sous l’amicale pression d’un lobby électronucléaire toujours aussi actif – nous y reviendrons prochainement –, nombre des candidats à la présidence de la République, au premier rang desquels se situe le sortant, se font, ouvertement ou insidieusement, les avocats du nucléaire civil. Comme s’il ne s’était rien passé. Les Françaises et les Français auraient-ils la mémoire si courte ?
De quoi nous informe ce communiqué ? On y apprend que les autorités japonaises ont très sérieusement envisagé le scénario du pire. Le pire étant, comme à Tchernobyl l’explosion du cœur, non pas d’un réacteur, mais l’un après l’autre des cœurs des quatre réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima. Quelles en auraient été les conséquences ? Tokyo, la capitale, n’est située qu’à 250 kilomètres de Fukushima. Autrement dit, dans un tel scénario, la capitale se fut trouvée dans la zone où il n’aurait pas été possible de maintenir en place les populations. La métropole de Tokyo compte quelques 38 millions d’habitants. Le gouvernement japonais s’est par conséquent posé la question de devoir évacuer la totalité de ses habitants et d’abandonner sans aucun espoir de retour la capitale pour une période pouvant durer jusqu’à plusieurs siècles. Voilà quelle fut l’une de ses hypothèses de travail. Par chance, le pire ne s’est pas réalisé.

Mais lorsque l’homme, ayant joué les apprentis-sorciers, ne maîtrise plus rien, on ne peut pas toujours compter avec la chance. Les Françaises et les Français seraient bien avisés d’y réfléchir. La centrale électronucléaire de Nogent-sur-Seine ne se trouve qu’à 100 kilomètres du cœur de Paris. Et il s’en trouve bien d’autres en France proches de grands centres urbains. Nos fameux experts du sujet, dont on découvre lorsqu’on approfondit un peu la question, qu’ils sont peu ou prou liés au lobby électronucléaire – tout comme les experts du médicament le sont aux laboratoires pharmaceutiques –, auront beau nous affirmer, avec l’invraisemblable aplomb des gens bardés de certitudes, que rien de semblable ne pourrait arriver en France, nous n’en croirons pas un mot. Le point commun à tous les accidents technologiques est de procéder d’un enchaînement de circonstances malheureuses et exceptionnelles qu’aucun esprit rationnel n’aurait eu à priori l’idée d’associer.

Le choix du nucléaire, imposé depuis cinquante ans par la technostructure, sans que le peuple n’ait jamais eu son mot à dire sur la question, est quoiqu’on en pense un pari dangereux. C’est pourquoi, à ce moment de l’histoire de notre pays où va de nouveau se poser le choix crucial des énergies dont nous aurons besoin pour les cinquante prochaines années, il importe absolument que notre peuple soit consulté par voie de référendum sur la poursuite ou l’abandon à terme – et à quel terme ? – de l’énergie d’origine électronucléaire. Comme le souligne Jean-Luc Mélenchon, le positionnement de chacune et de chacun d’entre nous sur cette question ne recouvre pas, loin s’en faut, les clivages politiques traditionnels. Il est des anti-nucléaires à droite comme à gauche. Il est aussi des pro-nucléaires à gauche comme à droite. Il faut donc enfin mettre la question en débat.

C’est une exigence démocratique et c’est ce que propose le Front de Gauche. Et c’est aussi la position à laquelle de plus en plus de nos amis écologistes se rallient. Si le référendum a quelque raison d’exister, c’est précisément pour arbitrer le choix sur ce type de sujet.

Reynald Harlaut
Front de Gauche

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