« Pauvres Espagnols, qui tombent de Charybde en Scylla,
mais ne le savent pas encore ! Après l’Italie et la manière dont
Berlusconi parvint au pouvoir face à une gauche effondrée ; après la Grèce
où le premier ministre socialiste Papandreou, à peine élu, se coucha immédiatement
au claquement de doigts de la finance internationale, l’Espagne fournit à
nouveau l’exemple de ce qu’il advient lorsque la Gauche au pouvoir renonce à
ses valeurs et applique des politiques de droite.
Jose luis Zapatero (DR) |
José Luis Zapatero, le premier ministre espagnol
sortant avait depuis longtemps adopté la ligne sociale-libérale qui fait du
marché la valeur suprême. Hypnotisé par ce qu’il était alors convenu d’appeler
le « miracle espagnol », il n’a pas vu venir la bulle immobilière,
fruit de l’aveuglement des banquiers qui ont ouvert les vannes du crédit sans
discernement. En réaction, il a fait sienne la politique de rigueur des libéraux.
Il a volé à leur secours en faisant inscrire la fameuse règle d’or chère à
Nicolas Sarkozy dans la constitution. Histoire de rassurer les marchés… On
connaît la chanson. Il a considéré la crise de la dette comme une fatalité. Il
s’est montré incapable d’y faire face et de proposer des solutions pour la régler
et s’attaquer au chômage de masse qui sévit en Espagne. Le Parti socialiste
ouvrier espagnol (PSOE) en tire aujourd’hui les conséquences avec un échec
cuisant à cette dernière élection.
Les électrices et les électeurs ont tourné le dos aux
socialistes, pour se jeter dans les bras des libéraux du Parti populaire. Puisqu’il
n’y aurait pas d’alternative à la politique de la concurrence libre et non
faussée que poursuit inlassablement l’Union européenne, autant la confier à des
experts. Ils refusaient une rigueur de gauche qui ne faisait rien pour lutter
contre le chômage. Ils auront une rigueur de droite plus dure encore qui va l’aggraver.
Et qui, sans attendre, va tailler dans les budgets de la protection sociale,
des services publics, des pensions, exposant ainsi les plus fragiles à une
situation dramatique où ils ne bénéficieront plus d’aucun amortisseur social.
Contrairement à ce que croit hélas le peuple espagnol,
la Droite au pouvoir, avec une rigueur accrue, ne pourra non seulement résorber
si peu que se soit le chômage comme elle l’a annoncé, mais va l’accroître comme
c’est partout le cas lorsque le cycle infernal de la rigueur se met en place.
Il engendre la récession qui réduit les recettes fiscales, entraîne de nouveaux
plans de rigueur qui contractent à nouveau l’économie et font exploser le chômage.
Le problème n’est pas la crise. Le problème, c’est le
système qui l’a produite. Ce système qui place la finance et l’économie avant l’humain.
Ce système qui place les intérêts de quelques uns, les plus riches, au-dessus
de l’intérêt général et qui, faisant fi du désastre écologique qui s’annonce,
fait fi de l’avenir de la planète dont il entend poursuivre sans contrainte, le
pillage. Méditons cette belle phrase des indignés espagnols : « Ils veulent nous interdire de rêver,
nous allons les empêcher de dormir ».
Reynald
Harlaut
Parti de
Gauche, Front de Gauche
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