1 novembre 2011

Le référendum en Grèce est une fausse bonne idée

L'annonce d'un référendum sur le plan de sauvetage de la Grèce et de la zone euro a consterné Nicolas Sarkozy et navré l'ensemble des dirigeants réunis récemment à Bruxelles. Pourquoi ? Parce qu'il y a de fortes chances que le peuple grec se rue aux urnes pour dire non à un plan qui les place sous la tutelle des européens, du FMI, des banques. Ce que veulent les Grecs, c'est l'annulation pure et simple des 350 milliards d'euros dus aux prêteurs d'un pays entré dans l'euro en 2001 alors que ses comptes publics étaient maquillés et donc irréguliers. La faute au gouvernement de droite et de la banque Goldman-Sachs.



Je ne veux pas m'étendre sur la dette grecque. Je souhaite seulement insister sur le bon ou le mauvais usage du référendum. Pour moi, il n'y a pas de bon usage du procédé référendaire. Ce qui apparaît comme étant démocratique et vertueux ne l'est assurément pas. Le recours direct au peuple en période de crise nie les avis autorisés et les corps intermédiaires, les médiateurs. Il éloigne la réflexion pour ne retenir que l'émotion. La démocratie sublimée serait que le peuple vote en étant informé, en ayant toutes les clés des problèmes posés et en ayant le choix dans les solutions ainsi que le temps de les analyser. Ce n'est évidemment pas le cas. Les Grecs vont voter avec un poignard dans le dos dans quelques semaines. S'agira-t-il d'un vote libre ? En fait la question qu'on va leur poser sera la suivante : comment voulez-vous mourir ? Rapidement ou lentement…
Car la souffrance du peuple grec est évidente. La récente émission « le monde en marche » d'Hervé Chabalier sur la 5, nous a montré un peuple en révolte, en butte à un chômage énorme, à l'horizon bouché, avec des retraites diminuées, des postes de fonctionnaires supprimés, des services publics privatisés, à la grande joie des rapaces toujours prêts à fondre sur leur proie. Dans ces conditions, Georges Papandréou, le premier ministre grec, peut-il s'attendre à autre chose qu'à un non à son référendum, alors même que les Grecs sont dans la rue et se battent entre eux ?
Dans les temps difficiles, il faut des gouvernants à la hauteur. Ils ont été désignés pour une période donnée. Ils sont les représentants du peuple et doivent agir en son nom tant qu'ils bénéficient d'une majorité au Parlement. C'est à eux qu'il appartient de décider. Les députés sont là pour cela. Quitte à être battus aux élections suivantes, c'est leur honneur de faire face dans la tempête.
Le référendum, au contraire, est une façon de dégager en touche, de se laver les mains, de prouver finalement l'impuissance du politique. S'en remettre in extremis à l'opinion d'un peuple en état de révolte et de colère, c'est courir à la ruine du politique dont le rôle devient mineur sinon minable. On voudrait faire de la place aux fascistes (et en Grèce, on connaît) qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. Je suis favorable à la manifestation, à l'expression populaire de la révolte comme autant de signes adressés aux décideurs ou à ceux qui aspirent à l'être. Mais in fine, il appartient aux élus de trancher et de décider. Même en Tunisie, on commence par élire des députés constituants !

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