« Le rideau est enfin tombé à Cannes sur le pitoyable
spectacle qu’a donné une fois de plus cette réunion des chefs d’États les plus
puissants du monde. Au grand soulagement des Cannois pour commencer, qui ont vécu
au cours des derniers jours un véritable enfer. Une concentration policière à
nulle autre pareille, reflet de l’obsession sécuritaire qui tourne à la paranoïa.
À l’évidence, toutes ces belles personnes ont peur du peuple et de la démocratie
dont ils ne cessent de se gargariser.
Cette assemblée autoproclamée de chefs d’États n’a
pourtant aucune légitimité démocratique pour décider en notre nom de ce que
sera notre avenir. Mais Nicolas Sarkozy, fidèle à lui-même, ne pouvait passer à
côté d’un tel évènement avec le déploiement médiatique qu’il suscite sans l’utiliser
aux fins de sa propagande personnelle en vue de sa réélection à la présidentielle
de 2012. Lui dont la popularité se situe dans les profondeurs abyssales. Remarquez
le choix des endroits pour organiser ces grands raouts : Deauville et
Cannes. Les lieux les plus bling bling qui soient. Ceux du luxe, du jeu, de l’argent
facile, du plaisir et de leur affichage public, aux yeux de tous, sous les
flashs des photographes et les caméras de la médiacratie. Du pur, du vrai Sarkozy,
tel qu’on le vit au Fouquet’s. Et, cerise sur le gâteau, tout cela aux frais du
contribuable français dont notre président de la République ne cesse de nous répéter
que les caisses de l’État sont vides et qu’il va falloir se serrer la ceinture.
Tu parles !
Tout de même, si au moins il en ressortait quelque
chose de positif, de concret. De vraies décisions pour que les sept milliards d’humains
qui peuplent notre planète puissent au moins espérer toutes et tous manger à
leur faim. Mais non ! Demander cela, c’est déjà être utopiste. Car, au
menu, hormis les questions relatives à la santé de la finance internationale,
quelle place reste-t-il pour les questions essentielles ? Le réchauffement
climatique et les menaces qu’il fait peser sur l’humanité toute entière, la faim
dans le monde, les grands problèmes de santé publique ?
Alors, les larmes de crocodiles et la rengaine sur la
malfaisance des paradis fiscaux et sur la nécessité de les supprimer, les vœux
pieux sur la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, dont on
ne saura ni quand, ni comment, ni à quel taux elle pourrait s’appliquer, tout
cela n’est que poudre aux yeux pour endormir les peuples et ne rien changer.
Comment pourrait-il en être autrement ? Quand toutes ces belles personnes
sont, ou les principaux acteurs des politiques ultralibérales qui ont conduit
le monde à la crise qu’il traverse, ou leurs successeurs, ou encore leurs
complices. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon à propos de la nomination par le G20
à la tête du Conseil de stabilité financière (eh oui, ça existe) d’un ancien de
la banque Goldman Sachs et d’un ancien responsable de hedge fund, autant confier la lutte contre la drogue à Pablo
Escobar. »
Reynald Harlaut
Front de Gauche
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