1 octobre 2011

Bosser jusqu’à 67 ans ?


C’est reparti, maintenant il va falloir bosser jusqu'à 67 ans ! Tout ça parce qu’une poignée de rentiers qui n’ont jamais travaillé de leur vie l’ont décidé ! Ils nous mentent car le niveau des retraites dépend avant tout de la richesse produite et non pas du nombre de salariés. Compte tenu des gains énormes de productivité obtenus ces dernières années, de l’optimisation des moyens de production, on produit plus avec moins de personnel. Certaines entreprises ont doublé leurs bénéfices avec 30% de personnel en moins. Le niveau des retraites ne doit donc pas dépendre du nombre d’actifs. Thème favori de la propagande du MEDEF, de la droite, de l'extrême droite et aussi de bon nombre de socialistes, il faut le dire.
Le gouvernement veut nous faire croire qu’il n’y aurait pas d’autres moyens de financer les retraites qu’en augmentant la durée de cotisation. Et que les salariés vont devoir jouer leurs retraites à la bourse par un système de capitalisation ! Cette escroquerie consiste à placer les cotisations prélevées aux salariés sur les marchés financiers dont on peut, en ce moment, apprécier la fiabilité. Ce sont les banques et les assurances privées qui s’occuperont de gérer ce «magot».
La logique boursière qui permet d’enrichir les actionnaires au détriment des salariés, c'est à dire de favoriser la rente par rapport au travail, s’attaque maintenant à nos retraites. En quelques années, ils ont créé des travailleurs pauvres (1) puis, par les différentes réformes, des retraités pauvres. En privatisant les retraites ils ont déjà calculé les énormes sommes qu’ils pourraient se partager. Nos vies leur importent beaucoup moins que leurs profits.
Les 500 familles les plus riches de France s’accaparent à elles seules la richesse équivalente de près de 30% des salaires perçus par 24 millions de salariés! Ces familles se partagent chaque année plusieurs centaines de milliards d’euros en actions ; ce sont les mêmes qui nous disent que la France est en faillite, qu’il faut se remettre au travail. Le travail, ils le laissent pour les autres, eux se contentent d’encaisser les bénéfices.
L’Etat a détruit les régimes spéciaux de retraite des salariés, mais se garde bien de s’attaquer aux retraites chapeaux des grands patrons et aux régimes très spéciaux de nos députés ou sénateurs. La logique aurait voulu que les régimes spéciaux mis en place par le Conseil national de la résistance soient étendus à l’ensemble de la population : c’est d’ailleurs ce qui avait été prévu à l’époque. Ce qui était possible dans la France sortie exsangue de la guerre ne le serait pas, aujourd’hui, dans un pays riche ?

Les propos de Fillon sur la retraite a 67 ans sont ce qu’il est convenu d’appeler un ballon d’essai, vieille méthode archi-connue où on envoie une énormité et on attend de voir les réactions et surtout, qui réagit. Il faut dire qu’en l’espèce je n’ai pas entendu des masses de réactions. Fillon propose « d’aller vers un âge de retraite commun entre la France et l’Allemagne, car c’est la clef de la survie… » Et patati… Mais il demeure entre ces deux pays une belle différence.
L’Allemagne relèvera progressivement de 65 à 67 ans entre 2011 et 2029 l’âge minimum de la pension. Mais même à cette date, les Allemands pourront continuer à partir à la retraite à 63 ans s’ils ont cotisé trente-cinq ans. La réforme française des retraites qui vient d’entrer en vigueur prévoit un recul de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ en retraite et un recul de 65 à 67 ans de l’âge de départ à taux plein. On sait que le chômage des plus de 55 ans est énorme et que donc ces derniers vont choisir un départ avant 67 ans qui avec la décote donnera une retraite de misère.
Si jamais ce projet devait voir le jour, il est évident que de nombreux salariés, sachant qu’ils ne pourront pas attendre leurs 67 ans, chercheraient à se créer un complément de retraite privée destinée à compléter la décote qui leur serait appliquée pour départ anticipé. C’est déjà possible aujourd’hui, mais pas obligatoire. Et nous voila donc à la retraite par capitalisation, chère à Sarkozy (son frère Guillaume est président du groupe Malakoff Médéric) !
Une nouvelle fois le problème de la répartition des richesses est au cœur du débat. Le fruit du travail d'une majorité est automatiquement confisqué par une minorité dont le seul but est d'emmagasiner et de ne jamais participer au projet commun. Cette minorité agit en véritable parasite sur la société. Il serait temps de se poser des questions : a-t-on besoin de ces gens là ? À quoi servent-ils?
Alain Lefeez
(1) On en compte 2 millions en France


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