Je suis comme tout le monde, j'écoute la radio et je regarde (trop) la télévision. A l'évidence, François Hollande est devenu le candidat des médias, de la droite et de l'establishment. Tous les sondages (pourtant sujets à caution eu égard aux nombreuses inconnues de la primaire citoyenne) le placent nettement en tête devant Martine Aubry. Il y a plus grave. On assiste à une propension à affirmer que les programmes de François Hollande et Martine Aubry sont superposables. On entend aussi que Martine Aubry est la candidate de substitution depuis que DSK a fait sa sortie de route et reconnu ce qu'il appelle sa « légèreté ». Quel euphémisme !
Je ne suis pas d'accord avec cette lecture. Si je reconnais qu'Arnaud Montebourg possède les qualités personnelles en faisant un vrai bon candidat (qui monte dans les sondages mais…) si l'évidence oblige à avouer qu'il est le seul candidat favorable au renversement de la table des conservatismes, je n'accepte pas qu'on mette François Hollande et Martine Aubry dans le même sac.
Souvenons-nous, tout d'abord, du rôle joué par l'une et l'autre à la tête du Parti socialiste. Il a fallu attendre le congrès de Reims pour que ce parti redevienne un parti au travail, un parti de propositions et d'élaboration de solutions. Et c'est bien à Martine Aubry qu'on le doit. J'ai participé à diverses reprises aux travaux du laboratoire des idées animé par Christian Paul. Des idées, nombre des experts, des élus et des militants associés n'en manquaient pas. Si j'en juge par le document édité sur l'eau et les délégations de services publics, je peux affirmer que jamais sous l'ère Hollande, un tel travail n'a été produit.
Le référendum sur le projet de traité constitutionnel ? Qui est allé demander ce vote à Jacques Chirac sinon François Hollande. Le résultat ? Un sacrée pétaudière au sein du PS avec des Oui et des Non et une fracture durable entre différents courants et leaders. Cette demande de François Hollande dénote une absence de sens politique mais aussi un certain aveuglement.
Sur les propositions pour sortir de la crise, les deux candidats en tête ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Le retour aux critères de Maastricht dès 2013 (pas plus de 3 % de déficit du PIB) pour François Hollande semble impossible à Martine Aubry qui a compris que la croissance atone aurait pour conséquence une augmentation des prélèvements et une augmentation du déficit de la balance commerciale. Sans doute sont-ils d'accord pour revoir la fiscalité et unir impôts directs et CSG mais il y a plus qu'une feuille de papier à cigarette entre elle et lui.
Si on regarde de près les propositions de François Hollande, elles sont plus proches de celles qu'avançait DSK avant le 14 mai dernier. C'est lui le candidat de substitution, pas Martine Aubry.
Nous en saurons encore plus ce soir, après le débat de 18 heures sur i-télé et la chaîne parlementaire. J'imagine que Martine Aubry va passer la surmultipliée comme elle l'a fait à Cléon, lundi, devant 1500 personnes et devant une salle comble.
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