Nous
sommes ici souvent si critiques à l’égard du chef de l’État, qu’il nous faut en
cette grande occasion lui rendre justice. C’est, à ne pas douter, la grande
réussite de son quinquennat. Nicolas Sarkozy est parvenu à faire basculer le Sénat
à gauche. Ce qui semblait encore il y a peu totalement impossible vient de se réaliser.
C’est historique et doit être salué comme tel !
Depuis
l’avènement de la Vème République, en 1958, contre vent et marées, le Sénat
était jusque là toujours resté ancré à droite. En cause, un mode de scrutin
particulièrement injuste et défavorable à la Gauche. En favorisant
outrageusement les territoires ruraux au détriment des secteurs urbains, il
permettait le maintien d’un électorat conservateur rétif à toute
évolution : parité, diversité, représentation injuste du corps social
favorisant les agriculteurs, les professions libérales et d’une manière
générale, les notables masculins de province.
C’est
là qu’intervient le véritable génie de Nicolas Sarkozy qui a permis le
basculement. Cette idée fabuleuse, c’est sans aucun doute la Réforme
territoriale et la manière dont il l’a imposée aux élus. On sait le mépris qu’a
le chef de l’État pour la représentation nationale : députés et sénateurs
et la manière cavalière avec laquelle il se comporte envers elle. Mais ce
mépris vaut aussi pour l’ensemble des autres élus. En les assimilant, qu’ils
soient conseillers régionaux ou généraux, à des parasites vivant au crochet du
contribuable et en niant le rôle considérable qu’ils jouent, cela d’autant plus
quand l’État ne cesse de se désengager, il est parvenu à dresser contre lui le
corps des grands électeurs qui aujourd’hui lui font payer la note. Et de quelle
manière ! Il suffisait d’entendre Hervé Morin, l’ancien ministre de
Nicolas Sarkozy, commenter les résultats pour se dire qu’à droite, les couteaux
sont tirés des étuis et qu’il va y avoir du sang et des larmes. Quant à sa
règle d’or, le locataire de l’Élysée va pouvoir se la mettre en un endroit que
seule la décence m’interdit de nommer.
Certes,
tout reste à faire à gauche pour une victoire à la présidentielle en 2012, mais
tout de même, en ces temps de crise et de morosité où s’accumulent pour les
plus vulnérables d’entre nous les mauvaises nouvelles, saluons cette victoire
comme un signe et ne boudons pas notre plaisir.
Reynald
Harlaut
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