Nicolas Sarkozy, qui fait semblant de réclamer respect, mesure et dignité dans l’affaire DSK, a pris soin de faire savoir en pseudo-off qu’il estimait que la Gauche et en premier lieu le Parti Socialiste avait perdu la bataille de la morale en vue de 2012. Une petite revue s’impose.
A peine élu, après avoir promis une « Présidence modeste » et avoir aussitôt passé sa première nuit de président élu dans un palace des Champs-Élysées, le Fouquet’s, le tout nouveau Président de la République s’est envolé à bord d’un jet privé appartenant à Vincent Bolloré pour finir à bord du Paloma, un luxueux yacht de 60 mètres appartenant au même Vincent Bolloré. Dans la foulée, le Président du pouvoir d’achat se faisait attribuer une augmentation de 206% de son salaire. La mesure ne pouvant prendre effet qu’au 1er janvier 2008, Nicolas Sarkozy fit en sorte que son ancien salaire de Ministre de l’intérieur continue de lui être versé durant les huit premiers mois de sa présidence, où il cumula donc deux salaires, dont l’un pour un job qu’il ne faisait plus.
A l’été 2007, lors du discours de Dakar, Nicolas Sarkozy déclara : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Passons… En décembre 2007, il fut le premier à féliciter Vladimir Poutine pour la victoire de son parti, Russie Unie, lors d’élections législatives placées sous le double signe de la répression et d’une fraude massive. Nicolas Sarkozy avait alors justifié que son silence sur la question des droits de l’homme et de la démocratie était nécessaire pour monnayer l’aide potentielle de M. Poutine dans les crises internationales comme celles du Darfour et de l’Iran. Et en ce même mois de décembre, le petit Président français accueillait le colonel Kadhafi pour une visite officielle de cinq jours à Paris, et se déclarait même « très heureux de le recevoir ». Des Airbus, un réacteur nucléaire et d’autres menus équipements militaires furent à cette occasion vendus au dictateur sanguinaire, dont on sait depuis l’usage qu’il sut en faire.
En février de l’année suivante, Nicolas Sarkozy avait prôné un renforcement de l’instruction « civique et morale à l’école pour l’apprentissage des règles de politesse ». Il passa aux travaux pratiques dès le lendemain, au salon de l’agriculture avec le fameux : « Casse-toi pauvre con ! ». En octobre 2009, Nicolas Sarkozy fit tout son possible pour offrir la présidence de l’EPAD à son fils Jean, qui à 23 ans éprouvait toutes les peines du monde à boucler sa licence en droit. En février 2010, nous apprenions la fabrication d’Air Sarko One, le nouvel avion présidentiel budgété à 185 millions d’euros y compris la baignoire et le four à pizza. Et puis il y a eu MAM qui proposa au dictateur Ben Ali les compétences sécuritaires de la France à son retour de vacances dans une Tunisie occupée à faire la révolution, empruntant à l’occasion un Jet privé qui passait par là, appartenant à un milliardaire opprimé…
Et puis il y a toujours le Karachigate, une justice empêchée et le mépris de Nicolas Sarkozy envers les familles des victimes. Et puis il y a eu Christian Blanc qui consomma 12.000 euros de cigares aux frais de l’Etat pendant qu’il était ministre. Et puis cet autre ministre, Alain Joyandet et son jet à 116.000 euros payé par les contribuables. Et puis Brice Hortefeux condamné pour injure raciale, et maintenu à son poste par Nicolas Sarkozy. Et puis Eric Woerth empêtré dans des conflits d’intérêts dans l’affaire Bettencourt. Souvenons nous : « Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe »…
Et puis le débat sur l’Identité Nationale était-il moral ? Et puis la stigmatisation des populations Roms était-elle morale ? Et puis, plus généralement, échec économique, casse sociale, rupture du pacte républicain, atteinte à l’égalité des chances, politique de la peur, stratégie de la division, lois liberticides, pratiques autocratiques du pouvoir, favoritisme, copinage, népotisme, manipulations médiatiques, ingérences judiciaires, collusion avec le monde des affaires et les forces de l’argent… ne sont pas les meilleurs indicateurs d’une victoire morale de Sarkozy et du sarkozysme.
La bataille de la morale, je ne sais pas s’il y a un gagnant ou un perdant, mais je crois pouvoir penser que les Français ne s’y tromperont plus.
Alain Lefeez
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