« Interrogée il y a quelques jours sur la position du Parti socialiste face à la candidature aujourd’hui avérée de Christine Lagarde pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la direction du FMI, Martine Aubry, Première secrétaire, a déclaré soutenir cette candidature française. Cette prise de position soulève parmi les Françaises et les Français de gauche perplexité et inquiétude.
Le PS, à juste titre et à de nombreuses reprises, a interpellé le Gouvernement sur le scandale que constitue l’attribution de 285 millions d’euros à Bernard Tapie, par un tribunal arbitral dans le cadre du conflit qui l’opposait au consortium chargé de liquider la dette du Crédit Lyonnais.
On sait que plusieurs fois, allant contre les avis des experts qui la conseillaient et des membres de son cabinet, la ministre Lagarde a délibérément choisi de les ignorer et de favoriser une procédure qui, au final, a nui gravement aux intérêts de l’État. Ceci pour complaire à la volonté présidentielle.
La Cour des comptes a rendu à ce sujet des conclusions qui condamnent sans ambiguïté la méthode et le résultat. Le Procureur Nadal instruit une procédure au terme de laquelle il se pourrait que la ministre de l’Économie et des Finances soit amenée à comparaître devant la cour de justice de la République.
Il est donc incompréhensible, pour qui souhaite que la vérité éclate sur ce scandale d’État et que passe la justice, - et l’on ne doute pas que le Parti socialiste y soit favorable -, que dans le même temps il soutienne par la voix de sa Première secrétaire, cette candidature.
Sauf à le faire, comme je l’ai fait moi-même, au second degré et sur le ton de la provocation, personne à gauche ne peut raisonnablement soutenir cette candidature, au seul motif qu’elle serait française !
Les programmes d’ajustements structurels, d’essence purement néolibérale, auxquels procède partout où il intervient le FMI, ne visent qu’à protéger les intérêts de la finance et de la rente. Ils sont totalement étrangers à l’intérêt général et à celui des peuples auxquels ils s’appliquent en leur faisant supporter les conséquences de la crise financière dont ils ne sont pas responsables.
Si le soutien du Parti socialiste à Christine Lagarde était maintenu, alors serait démontré l’ancrage social-libéral de ce parti et la volonté délibérée, non pas de combattre l’injustice, mais d’accompagner le libéralisme en se contentant de remédier à la marge à ses excès les plus outranciers. Je ne suis pas certain qu’un tel programme soit de nature à emporter l’adhésion d’une majorité des Françaises et des Français qui demain ou après demain vont être confrontés au même problème qu’ont successivement rencontrés la Grèce, l’Irlande, le Portugal et aujourd’hui l’Espagne. »
Reynald Harlaut
Parti de Gauche, membre du Front de Gauche
Note du blogger : Je soupçonne mon ami Reynald de charger quelque peu la barque. Il est vrai que Martine Aubry s'est déclarée favorable à la candidature de Christine Lagarde mais tous les autres socialistes : Ayrault, Hamon, Emmanuelli, etc. s'opposent à cette dernière. Je ne doute pas un seul instant que Martine Aubry a répondu à une forme de patriotisme quelque peu intempestif. Je souhaite qu'elle corrige le tir rapidement pour deux raisons : rassurer Reynald d'abord et les socialistes ensuite. Personne ne donnera tort au Parti de gauche d'être vigilant. A sa question, en titre, la réponse sera donc non.
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