Michel Serres (DR) |
Sur le plateau se faisaient face, dans l’ordre où il
les a présentés, d’une part, Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de
Gauche, Michel Serres, philosophe des sciences, Sandra Moatti, journaliste à
Alternatives économiques, et d’autre part Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos,
Édouard Tétreau, économiste, François Bourguignon, économiste, ancien vice-président
de la Banque mondiale.
Une personnalité a incontestablement dominé le sujet
de la hauteur de son intelligence, de son immense culture et de la sagesse que
lui confère son âge : Michel Serres. Il suffisait d’observer le regard
plein de respect et d’admiration qu’avait pour lui Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il
l’écoutait s’exprimer pour s’en convaincre. Jean-Luc Mélenchon, qui, dans le
registre politique qui est le sien, fut le seul autre intervenant capable de se
hisser véritablement à la hauteur du sujet.
À l’aide de quelques exemples bien choisis, Michel
Serres a expliqué en quoi le monde avait changé en un siècle plus que depuis l’aube
de l’humanité. Et pourquoi continuer de l’analyser avec les systèmes de pensée
inventés au siècle dernier, ne permettait pas de se projeter dans l’avenir et d’inventer
des solutions aux problèmes qui se posent, à commencer par celui de la « gouvernance »
d’un ensemble mondialisé. Il s’est dit particulièrement attentif aux mouvements
qui se sont développés en début d’année en Tunisie puis en Égypte, comme à
celui qui se produit actuellement en Espagne. Pour lui, les solutions seront
apportées par des personnes étrangères au système qui régit aujourd’hui le
monde et probablement dictées par la contrainte environnementale qui va bientôt
s’imposer à l’humanité tout entière, jusqu’à mettre sa survie en péril.
Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas contenté d’énoncer
des critiques à l’encontre de ce club des dirigeants des pays avancés qu’est le
G8, et au Fonds monétaire international, apporteur de malheur dans tous les
pays en difficulté où il est appelé à intervenir. Comme Édouard Tétreau, il a
souligné la responsabilité première qu’ont eue États-Unis dans la crise financière
de 2008, conséquence de la dérégulation du système financier mondial qu’ils ont
partout imposée. Mais aussi dans la manière insensée dont ils continuent d’agir
en finançant leur déficit abyssal par de la création monétaire sans aucune contrepartie
économique. Il a par ailleurs souligné le déficit démocratique qu’installe partout
l’oligarchie mondiale qui dirige la planète au mieux de ses intérêts. Notamment
en substituant aux organismes internationaux dépendants des Nations unies, ces
groupes, G5, puis G7, à présent G8, et G20, autoproclamés et sans aucune légitimité
que celle qu’ils s’attribuent eux-mêmes de parler au nom des peuples, en
bafouant le plus souvent l’intérêt général. Et combien leur appréhension du
monde est dominée par l’économie et se réduit le plus souvent à une vision
mercantile peu soucieuse du bien-être de la communauté humaine.
Reynald Harlaut
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