Comment vont voter les élus communautaires ? Le développement d'un pôle d'activité de l'agglomération Seine-Eure profite à tous. (photo JCH)
Le 24 mars dernier, le bureau de la Communauté d'agglomération Seine-Eure a discuté du projet d'implantation d'Immochan sur un terrain situé sur le territoire de Val-de-Reuil mais appartenant à la communauté d'agglomération. Ce projet d'implantation d'une surface commerciale (lire la lettre de Marc-Antoine Jamet ci-dessous) est défendue par la municipalité de Val-de-Reuil et le président de l'Union commerciale de cette commune (voir La Dépêche de ce jour). Franck Martin, maire de Louviers et président de la CASE, se montre très hostile à cette implantation. Pourquoi ?
Il considère que le commerce lovérien, déjà en difficulté selon lui, perdrait des clients si le commerce à Val-de-Reuil répondait à un besoin d'offres plus large que l'offre actuelle. En fait, et des élus présents à la réunion nous l'ont confirmé, le président de la CASE veut limiter la croissance et le développement de l'ex-ville nouvelle qu'il considère comme concurrente et non complémentaire.
Des exemples ? Son hésitation sur l'adoption du projet de halle d'athlétisme et la possibilité d'y organiser des meetings autres que sportifs, ses réticences sur la modernation de la gare SNCF, son dépit d'avoir (par sa faute) permis le déménagement du commissariat de police à Val-de-Reuil, ses regrets de constater que le rendement du foncier bâti devient très important pour ce dernier, font qu'il ne porte plus, en fait, que sa casquette de maire de Louviers au détriment du projet collectif que serait, dans l'idéal, celui de l'agglomération.
Il faut le constater et le déplorer : Franck Martin s'est fait réélire président de la CASE pour «protéger» l'avenir d'une commune qui perd des habitants, vieillit, et voit ses charges croître et les impôts avec. Le président de l'union commerciale de Val-de-Reuil, a pourtant raison : le développement de l'un des pôles de développement de la CASE profite à toute la CASE. On devrait tous s'en réjouir, non ?
La lettre de Marc-Antoine Jamet aux maires de la CASE :
« Notre prochain bureau communautaire, le 24 mars 2009, nous amènera à nous prononcer sur la vente au groupe IMMOCHAN d’un terrain situé au centre de Val de Reuil, face à la place des Quatre Saisons, sur l’Avenue des Falaises que les habitants de la Communauté d’Agglomération Seine-Eure sont nombreux à emprunter pour se rendre au travail, chez des amis, à la gare SNCF ou à la Base de Loisirs de Léry-Poses. Au-delà de la recette qu’en ces temps difficiles, le produit de cette cession apportera au budget intercommunal, je tenais à vous rappeler les autres enjeux de cette décision pour notre territoire et ses habitants. En effet, l’intérêt de ce dossier, les passions, que je comprends, les discussions dont il a fait l’objet, nous ont, parfois, fait oublier l’essentiel.
— 1) Une importante création d’emplois : alors même que le nombre des chômeurs, à la suite des fermetures totales ou partielles d’Automatech, de Tyco et de Médiamotion, mais aussi des difficultés économiques que nous connaissons de manière générale, ainsi que de la suppression de l’intérim, est revenu, sur la ville, à son niveau d’il y a trois ans, dépassant les 1100 demandeurs d’emplois, ce projet créerait entre 100 et 200 postes de travail permanents, sans compter ses effets indirects sur l’activité (maintenance, entretien, sécurité) ou les emplois immédiatement induits par le chantier.
— 2) Une recette budgétaire significative : dans un moment où nos finances sont tendues et où nos concitoyens sont inquiets, cette implantation procurerait un supplément de taxe professionnelle à la CASE estimé à 1 million d’euros. Elle produirait, en outre, une taxe foncière qui aiderait ma commune, la plus pauvre de notre intercommunalité par le potentiel fiscal et le revenu de ses habitants, ainsi que l’a rappelé notre séminaire de Martot, à faire face à des échéances de plus en plus lourdes.
— 3) Une offre communale nouvelle et complémentaire : cette opération répondrait au déficit très préoccupant et au développement insuffisamment structuré des commerces sur la commune de Val-de-Reuil, apaisant et organisant une éventuelle concurrence avec vos communes, qu’elles soient proches ou lointaines, nous donnant les moyens d’attirer une chalandise qui, pour l’heure, va à Tourville et qui reviendrait sur notre territoire. En 2004, le schéma départemental de développement commercial indiquait que, pour une moyenne de 1,74 commerce de proximité par habitant sur le département de l’Eure, Val-de-Reuil n’en disposait que de 0,78. Ces éléments, qui ont été débattus sous l’autorité de notre collègue Robert Ozeel, par la « commission commerce et artisanat » de la CASE, figurent également dans les différents rapports publiés depuis dix ans ou plus par la Chambre de commerce, par l’ANRU ou bien lors de l’octroi du FISAC.
— 4) Un projet sous contrôle : nous devons maîtriser collectivement ce projet. C’est pour cela que j’accepte bien volontiers le comité de pilotage pluraliste auquel nous avons fait référence à plusieurs occasions. Le choix de quatre surfaces moyennes et de quelques boutiques, pour un total de 5 000 m², qui seront implantés sur cet ensemble, est d’ailleurs loin d’être finalisé. Malgré les maquettes sur lesquelles figurent des noms choisis au hasard, maladresse qui a provoqué notre inquiétude, il n’est pas question d’installer des enseignes rivales de celles qui existent déjà. Nous veillerons, au contraire, à ce que les sociétés accueillies répondent à des besoins non satisfaits sur le sol de l’Agglomération Seine-Eure.
— 5) Une cohérence urbaine : je veux vous dire, également, combien ce dossier est complémentaire en terme de renouvellement urbain de tous ceux que nous conduisons et qui procurent confort, dignité et sécurité aux habitants de Val-de-Reuil, mais aussi, j’en ai souvent le témoignage, à leurs voisins. Il s’agit, ni plus, ni moins, de doter enfin la « Ville Nouvelle », comme Pont-de-l’Arche, Le Vaudreuil et Louviers, d’un centre ville décent et fonctionnel, de construire son identité, ainsi que nous le rappelle souvent notre collègue Jean-Pierre Auger et, peut-être aussi, avouons-le, car qui n’en commet pas, de réparer les erreurs du passé.
— 6) Une ambition environnementale : cette initiative, nous l’avons demandé, est assortie de nombreuses prescriptions HQE (Haute qualité environnementale). C’est un projet mixte, alliant commerces, logements et quelques bureaux, conçu par l’architecte qui a dessiné la ZAC des Coteaux, à partir d’un modèle de centre commercial « hollandais », pays sourcilleux quant à l’écologie, qui permet d’associer développement de l’activité, esthétique urbaine, respect de l’environnement et faible consommation d’énergie. Ces objectifs répondent tant aux préconisations du SCOT qu’à celles du PLU.
Ce vote, vous l’aurez compris, est, donc, un geste important pour la commune et pour l’attractivité de notre territoire. Le conseil municipal de Val-de-Reuil, majorité comme opposition qui s’est exprimée sur ce sujet, en a bien mesuré la dimension. Nous nous en sommes ouverts à tous nos partenaires, Etat, région, département. Ils sont vigilants, comme nous le sommes, quant à l’avenir économique de notre territoire.
C’est pourquoi, je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir apporter votre soutien à ce projet qui bénéficierait, vous pouvez en être assuré, non seulement à ma commune, qui n’est pas toujours facile à gérer au quotidien, mais également à la population de tout notre territoire. C’est dans cette perspective que je serais fier que nous travaillions tous ensemble à cette réalisation. »
Pour en savoir plus sur Immochan : http://www.immochan.com/
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