Mon article sur M. Jouyet lui a inspiré des remarques plus générales sur le comportement d'hommes qui s'affichent comme socialistes mais doivent affronter de graves contradictions. C'est dans le cadre de cette libre expression que je publie « socialistes de contrefaçon » une belle manière de nourrir le débat au moment où le congrès de Reims ouvre le débat.
« Le cas de M. Jean-Pierre Jouyet est exemplaire de l'ambiguïté qui mine depuis des années le Parti socialiste et désespère les citoyens de gauche. Comment M. Jean-Pierre Jouyet a t-il pu, avant qu'il ne rejoigne le gouvernement de François Fillon, se dire de gauche pendant tant d’années et être catalogué comme tel ? Rappelons au passage que ce brillant haut fonctionnaire fut successivement directeur de cabinet de Roger Fauroux, ministre de l’Industrie, puis de Jacques Delors à la Commission européenne, puis encore directeur général adjoint du cabinet de Lionel Jospin et proche de François Hollande et de Ségolène Royal pour ne citer qu’eux. Sa nomination à la présidence de l’AMF (Autorité financière des marchés) n’apporte t-elle pas la preuve s’il en était encore besoin de la confusion intellectuelle et politique qui règne en ces milieux ? Les marchés financiers sont les premiers responsables de la crise que nous traversons. Et non seulement ils se sont effondrés, mais ils entraînent à présent l’économie réelle dans leur chute. Les citoyens de ce pays authentiquement de gauche s’accordent à dire qu’il faut mettre un terme à ce système totalement irresponsable, uniquement orienté vers le profit immédiat et qui, de crise en crise, mène le monde à sa perte. Et que voit-on ? La nomination à la tête de cette bande de voyous, sans doute en vue de leur refaire une virginité, d’un homme qui a fait une bonne partie de sa carrière dans les bagages socialistes. On croit rêver. Mais il n’est hélas pas le seul.
Comment M. Dominique Strauss-Kahn, membre du Parti socialiste, promis ne cesse t-on de le répéter, à un bel avenir national, peut-il, à la présidence du FMI (Fonds monétaire international), faire autre chose que de défendre les intérêts des pays contributeurs dont les Etats-Unis arrivent au premier rang ? On sait le rôle tragique qu’a joué le FMI au cours de la dernière décennie. Ses décisions ont ruiné l’Argentine puis le Mexique, pour ne citer que ces deux pays. On sait comment le FMI use, depuis qu’il existe, de la dette comme une arme de destruction pour ruiner les pays du Sud. Et pour finir de les mettre à genoux, il conditionne son aide à la privatisation de leurs ressources naturelles et de leurs terres agricoles au seul bénéfice des entreprises transcontinentales pour l’essentiel nord-américaines et européennes. Où est le socialisme dans tout cela ?
Comment M. Pascal Lamy, lui aussi membre du Parti socialiste, directeur de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), entouré d’une quarantaine de ministres du commerce qui ne disposent d’aucun mandat des citoyens, peut-il décider grâce à leur soutien du futur de milliards de gens dans le monde et orienter la politique de l’Union européenne en matière de libre échange total et de privatisation – toutes attitudes néolibérales – sans états d’âme et sans être le moins du monde inquiété au sein de son parti ?
Toutes ces personnes ont été et sont encore les chantres de l’Europe libérale, défenseurs du oui au référendum sur la constitution européenne qui devait graver dans le marbre la concurrence libre et non faussée, credo du néolibéralisme mondial. Tant qu’il ne sera pas mis un terme à ces complicités douteuses, à ces comportements aberrants et à la schizophasie d’un certain nombre, le président de la République actuel peut dormir sur ses deux oreilles. Il a de beaux jours devant lui. »
Reynald Harlaut
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