5 novembre 2008

En France, c'est pour quand ?

Lors des élections législatives de 2007, Safia Otokoré n'a pas été soutenue comme elle aurait dû l'être par certaines sections socialistes, notamment celle de Trappes.
La brillante élection de Barack Obama oblige les politiques français à se regarder en face dans la glace et à se poser la question suivante : pourquoi ce qui s'est passé aux Etats-Unis, avec quelle émotion et quelle joie, ne peut pas aujourd'hui se produire en France ?
« Diversité » voilà la mot inventé par les partis politiques (de droite et de gauche) pour évoquer les adhérents et les candidats aux élections qui ne sont pas blancs. Qu'ils soient noirs, beurs, asiatiques, antillais…ce sont les candidats de la « diversité ». Mais quel parcours semé d'embuches on place devant eux. S'ils sont élus, c'est parce qu'on les a glissés sur des listes à la proportionnelle. Sinon, on leur « offre » des circonscriptions ingagnables ou des circonscriptions gagnables mais alors, les barons et les élus à l'ancienneté, jouent l'obstruction. Ce sont les dures et vraies réalités de la vie politique française
.
J'ai un exemple. Dans le cadre de ses études un de mes fils a effectué un stage de formation de plusieurs mois auprès de Safia Otokoré, candidate aux législatives de 2007 (PS) dans la circonscription de Trappes (Yvelines). Safia était une bonne candidate, proche du premier cercle de Ségolène Royal, vice-présidente d'un conseil régional. Face à elle, un député sortant du nom de Fourgous, aux thèses proches de celles du Front national bien que membre de l'UMP et du MEDEF. Le frère de Djamel Debouzze était également candidat.

Aux présidentielles, Ségolène Royal avait largement dépassé la majorité absolue au second tour. Autrement dit — et le choix de François Hollande était dicté par un certain bon sens — cette circonscription de Trappes pouvait tomber dans l'escarcelle du Parti socialiste.
Malheureusement, malgré les efforts de la fédération socialiste des Yvelines, Georges Malandain, ancien député (PS) et maire de Trappes, a tout fait pour que Safia Otokoré ne soit pas élue, autrement dit, il n'a rien fait pour qu'elle le soit. Malgré le soutien de Catherine Tasca (sénatrice) et de Ségolène Royal entre les deux tours, Safia Otokoré n'a obtenu que 48,5 % des suffrages au second tour de l'élection législative alors qu'objectivement, les conditions politiques étaient réunies pour qu'elle gagne. Il est vrai que TOUTES (soit douze) les circonscriptions des Yvelines sont détenues par des élu(e)s de droite UMP ou Nouveau centre. Je passe, par ailleurs, rapidement sur les lettres racistes arrivées à la permanence de Safia Otokoré. Elles sont le reflet d'une société française devenue, sous l'influence de Le Pen, une machine à rejeter ou à marginaliser. Il n'est qu'à voir comment on traite les sans papiers.

Alors quoi ? Oui, les partis politiques ont encore d'énormes efforts à accomplir pour donner toute leur place aux femmes, aux candidat(e)s de la diversité et pour leur offrir une vraie chance d'être élu(e)s. Il n'est qu'à regarder les travées de l'Assemblée nationale ou du Sénat. Les mâles blancs sont la couleur dominante. Martin Luter King avait fait un rêve : que les enfants noirs et blancs se donnent un jour la main comme des frères et des sœurs. Hier soir à Chicago et dans toute l'Amérique, le rêve est devenu réalité. En France, c'est pour quand ?

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