10 février 2009

La Guadeloupe en grève générale : des hommes debout

Il fallait entendre Christiane Taubira, députée de la Guyane, sur les chaines publiques de radio pour comprendre les événements de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane. Le problème essentiel, aux yeux de l'ancienne candidate à la présidence de la République, de ces départements d'Outre-mer, c'est le nombre de chômeurs, de personnes « aidées » et d'une économie fondée essentiellement sur le tourisme ainsi que sur le pouvoir énorme que possèdent des familles de békés, ces blancs descendant de colons esclavagistes.
Ces derniers ont quasiment le monopole de la distribution des produits alimentaires dans ces départements tandis que les pétroliers pratiquent des prix dont personne ne comprend le mécanisme. Yves Jégo, secrétaire d'Etat envoyé sur place pour déminer le dossier puisque la grève générale dure depuis le 20 janvier en Guadeloupe, a créé la suprise en prenant subitement un avion pour la métropole. La raison invoquée : rendre compte à Matignon. « Comme s'il était impossible pour le ministre, explique Christiane Taubira, d'entrer en contact avec le Premier ministre de manière discrète. Peut-être a-t-il eu un coup de blues ? » Toujours est-il que les îliens ont pris cela pour un manque de courtoisie, pour le moins, et une atteinte à leur dignité pour ceux qui pensent plus direct.
Les problèmes des départements d'Outre-mer sont connus depuis longtemps. Christiane Taubira considère avec juste raison qu'on ne peut tout miser sur le tourisme ou sur les productions locales considérées comme exotiques. Il est également important que l'administration fasse plus de place aux autochtones. Les cadres de la préfectorale ou des directions d'Etat viennent du continent. Les blancs dirigent, toujours les blancs.
Sur le site de Rue89 ont peut lire ce témoignage : « La vie chère : au moins 50% plus cher qu’en métropole. C’est gérable pour les fonctionnaires qui touchent 40% de plus pour la vie chère justement, mais je sais que ma femme de ménage doit mettre les ignames (importés) sur la table plus souvent qu’à son tour. Tout est taxé par l’octroi de mer perçu par la région. Les politiques sont pourris. J’assume ce que je dis. Un mépris manifeste du peuple, un abêtissement programmé, une spoliation de l’argent public pour des intérêts privés. Malgré les maladresses de toute manifestation de cette ampleur, malgré les « la Guadeloupe est à nous, elle n’est pas à eux » inhérents à une douleur non encore cicatrisée, je regarde ces hommes avec immensément de fierté. Des hommes debout. »
Ségolène Royal a déploré le retour d'Yves Jego à Paris et moqué le président « qui préfère aller à Bagdad plutôt que dans un département français. » Ce qu'on sait c'est que les Martiniquais ont décidé d'emboiter le pas des Guadeloupéens, que les syndicats ont décidé une nouvelle journée d'action interprofessionnelle le 19 mars prochain, façon de mettre la pression sur Nicolas Sarkozy. Ne doit-il pas rencontrer les dirigeants syndicaux le 18 février ?

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