9 avril 2016

Christian Renoncourt démissionne du conseil municipal de Louviers


Christian Renoncourt. (photo JCH)
Christian Renoncourt démissionne de ses fonctions d’élu au sein du conseil municipal de Louviers et de la Communauté d’agglomération Seine-Eure. Il considère qu’il n’a plus sa place dans l’opposition. Il est vrai qu’une opposition vouée à brasser de l’air ne présente que peu d’intérêt. Il est vrai aussi que l’appropriation exclusive de la parole par le leader de la liste de gauche ne laisse aucun espace, ni au sein de l’assemblée communale, ni dans les tribunes du journal municipal, à ses colistiers. Il y a là aussi de quoi se lasser d’autant plus que ledit leader n’habite plus à Louviers et n’assiste même pas à la séance de vote du budget primitif.
L’àquoibonisme, comme dirait Serge Gainsbourg, ne peut pas être un projet. Un opposant doit donc prendre son mal en patience, contester à bon escient, et contribuer à la construction lente et progressive d’un projet alternatif. Que d’énergie et que de temps…Christian Renoncourt a sans doute souhaité privilégier son avenir professionnel au sein d’un groupe important dans le paysage français et personne ne pourra lui contester ce droit et ce choix. Bonne route Christian !

Voici le communiqué de Christian Renoncourt :
« Voilà près de 15 ans que je suis conseiller municipal de Louviers ! De 2001 à fin 2007, j'ai eu le réel plaisir d'être adjoint au Maire chargé des affaires scolaires et de la restauration municipale...Véritable mandat où j'ai le sentiment d'avoir œuvré pleinement au service des Lovériens et de leurs enfants...entretien actif et régulier des écoles, construction de l'école de la Souris Verte, mise en place du Programme de Réussite Educative, Charte des ATSEM, révision de la carte scolaire, création de selfs, de la cuisine des 2 airelles....le tout avec un fonctionnement participatif associant toujours très largement enseignants et parents d'élèves. C'est évidemment mon meilleur souvenir d'élu!

En 2008, j'ai été amené à conduire aux élections municipales la liste de gauche qui s'oppose au Maire Franck Martin. J'ai fait le job comme on dit (20% au premier tour, 20% au second) mais ce fût une erreur, bien sûr ! Erreur et  ses conséquences que j'ai tout de même assumées pendant six ans, de 2008 à 2014 en siégeant au conseil municipal, où, c'est le moins qu'on puisse dire, je n'ai pas été épargné. Erreur collective que j'ai surtout assumée quasiment seul, aidé et soutenu seulement par mon ami Jean-Charles Houel.

En 2014, de nouvelles élections municipales, je décide de m'associer à Franck Martin. La victoire ne devait pas, ne pouvait pas nous échapper...et pourtant nous perdons de 183 voix. Je ne regrette rien, c'était le bon choix. Franck Martin aura été un grand Maire de Louviers, qui a transformé et modernisé notre ville. Ensemble, nous aurions pu faire encore mieux!

Mais voilà, cela fait donc neuf ans ou presque que je siège dans l'opposition....et dans l'opposition, on ne sert à rien....sinon à tenter de reprendre le pouvoir aux élections suivantes. Ne servir à rien m'est insupportable parce que — comme nombre de mes collègues de gauche, du centre, de droite — être utile, servir ses concitoyens, c'est justement le sens de mon engagement politique depuis 26 ans...Et travailler pour reprendre la direction et la gestion de Louviers en 2020, je n'en ai pas la motivation suffisante.

J'ai donc décidé aujourd'hui de démissionner de mes deux mandats d'élu, conseiller municipal de Louviers et conseiller communautaire de la CASE pour me consacrer à d'autres activités. J'adresserai la semaine prochaine mes lettres de démission au Maire de Louviers et au Président de la CASE. »

Christian Renoncourt

La « Macronite aigüe » ou la maladie infantile du social-libéralisme


Emmanuel Macron (DR)
Que le ministre de l’économie d’un gouvernement issu d’une majorité dite de gauche puisse créer un mouvement se réclamant d’un libéralisme absolu et surtout affirmer ses valeurs : « ni de droite ni de gauche » devrait lui valoir de prendre la porte illico presto. Et pourtant. A quoi assiste-t-on ? A un spectacle affligeant pour qui croit encore que les mots et les principes ont un sens et de la valeur. Alors même que des centaines de citoyens de tous âges et de toutes origines se rassemblent sur la Place de la République à Paris pour dire toute leur déception et en même temps tout leur espoir d’une société meilleure, un néolibéral approuvé par le MEDEF et Jean-Pierre Raffarin lance une bouée dans l’océan de l’indifférence de plus en plus manifeste à l’égard des politiciens…et des partis auxquels ils appartiennent. Chaque jour nous apporte son lot de déceptions et de promesses non tenues. La loi « travail » en est l’exemple jusqu’à la caricature.

Ainsi, Emmanuel Macron, le jeune ministre forcément moderne, est « En marche ». Du nom donné à ce…à quoi d’ailleurs ? En marche vers quoi ? Pour défendre quels intérêts ? Au bénéfice de qui ? Patronné par l’Institut Montaigne, ce « mouvement » du jeune ministre ambitieux sera donc financé par les grands groupes comme Engie, Bouygues, Bolloré et tant d’autres. Ce qui en dit long sur les objectifs que s’assigne le protégé des banques.

A l’évidence la politique proposée par l’actuel ministre de l’économie trouvera son inspiration future dans les recettes maintes fois proposées par des entrepreneurs favorables : à la flexibilité, remontés contre la fonction publique, et surtout épris de l’absence de règles pour licencier à moindres frais. Autrement dit, rien de bien neuf dans le paysage dévasté de la politique à l’ancienne. Et ce n’est pas Macron avec ses petits bras et sa mine réjouie qui pourra offrir un débouché à la crise sociale et économique en cours. D’ailleurs, son principal rival, Manuel Valls, a reconnu que le « ni droite ni gauche » — et c’est un connaisseur — n’était pas une formule très heureuse.

L’émiettement de la gauche, les difficultés à monter une primaire avec l’ensemble des courants, la démobilisation des citoyens écœurés laissent donc présager une défaite à la présidentielle et aux législatives suivantes. Concernant notre circonscription, les grandes manœuvres sont en cours. Le rejet violent de l’adhésion au PRG de Bruno Questel, suppléant du député et maire de Bourgtheroulde, en quête d’un parti accueillant après son départ du PS, montre bien où en sont les protagonistes du prochain combat électoral. Pré carré, repli minoritaire, refus du changement des hommes et des méthodes, voilà la recette garantie d’une bonne grande claque. Une de plus après les municipales, départementales, régionales…




7 avril 2016

« Tête basse, mains sales ». Un nouveau slogan pour le Front national ?


Têtes basses mains sales. Voilà le nouveau slogan que devrait utiliser le Front national de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine. Ces forbans clament depuis des lustres que les partis politiques français, excepté le leur bien sûr, sont composés de corrompus et de ripous. Aussi, quand la presse mondiale constate objectivement que Frédéric Chatillon, ancien responsable du GUD (1), président de la société Riwal, proche de Marine Le Pen, possède des comptes offshore au Panama, quel pied pour tous ceux et celles qui clament aussi depuis toujours que ce parti d’extrême droite, financé par des banques russes, partisan de pratiques financières plus que douteuses, est un parti « ripoublicain » et bien plus que tous les autres réunis. Les « ténors » du parti d’extrême droite ont beau crier, brailler, protester, les preuves sont là : Chatillon a utilisé des sociétés panaméennes pour dissimuler des sommes dont le montant serait de l’ordre de 300 000 euros…

Quel pied d’entendre les responsables du FN, les Aliot, les Philippot, les Bay, répéter sur toutes les ondes et sur toutes les chaînes de télé que le parti national, comme ils disent, n’a rien à voir là-dedans et que « c’est comme si on accusait la boulangère de Balkany, d’être complice de celui qui a ouvert un compte au Panama. » Le coup de la boulangère, d’après Caroline Fourest, est une pratique habituelle au FN. Les éléments de langage, totalement ridicules et décalés, ne parviennent pourtant pas à modifier l’opinion de la majorité des Français à l’égard de ce parti attrape-tout. Ils constatent que les fameuses déclarations sur le FN parti différent, contre l’UMPS notamment, est un parti où les pratiques douteuses et illégales sont légion. Au Parlement européen, lors des campagnes présidentielle et législative…le FN est dans la nasse et des poursuites judiciaires sont engagées. Alors « mains propres tête haute » devient un slogan mensonger totalement contradictoire avec les actes quotidiens des animateurs du FN. Mais cela, qui en doutait ?

Et Jean-Marie ? Alors lui, c’est le bouquet. Depuis 1956, il encombre la vie politique de sa présence vénéneuse. Héritier des ciments Lambert, il a fait fortune sur un coup du sort et a vu sa vie matérielle s’améliorer du jour au lendemain. Son compte en Suisse, connu depuis des décennies a même valu à son ancienne épouse un procès parce qu’elle avait eu le tort de cracher le morceau ! Et l’avocat de ladite épouse n’était autre que Gilbert Collard, député apparenté FN aujourd’hui ! JMLP crie à la manipulation et l’acharnement. Le responsable des comptes ? C’est son majordome. Lui n’a rien à voir avec les lingots d’or, les comptes en Suisse ou au Panama et où vous voudrez. Qui le croira ?

Pour le FN, l’épisode panaméen est terrible. Il montre un parti alimenté par des voyous. Les Français qui croyaient aux envolées lyriques de la Marine ont sous les yeux des attitudes et des agissements condamnables politiquement et juridiquement. Enfin, le rideau se lève et la scène apparaît jonchée de turpitudes. Enfin…le FN se montre tel qu’il est vraiment.

(1) Mouvement étudiant d'extrême droite adepte d'une certaine violence…

4 avril 2016

Le Panama, paradis fiscal des nantis de la terre…


« Les yeux dans les yeux. » Si Jérôme Cahuzac n’avait pas été mis en cause pour son compte bancaire en Suisse (chez UBS) transféré ensuite en Asie ni poursuivi par la justice pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, l’ancien ministre de François Hollande mentirait-il en s’adressant au Parlement en jurant sur l’honneur que jamais ô grand jamais il n’avait de compte caché à l’étranger ? Et certains, ceux qui le croyaient sur parole et lui accordaient une confiance aveugle, continueraient-ils à traiter les animateurs du site Médiapart de « salauds » ? Ils seraient pourtant bien en peine aujourd’hui de lui trouver des circonstances atténuantes.

Le nouveau scandale des comptes offshore de Panama met encore en cause Jérôme Cahuzac et, au passage, Patrick Balkany qui n’en rate décidément jamais une. Ces messieurs bénéficiaient donc des avantages que procurent des comptes non déclarés, ne payant ni taxes ni impôts, après un circuit secret comprenant des sociétés écran rendant, comme leur nom l’indique, très difficile voire impossible de remonter à la source et de connaître les noms des détenteurs.

Le journal « Le Monde » avec des dizaines de confrères internationaux a débuté, ce soir, la publication d’une série d’articles rendant compte des investigations conduites pendant une année après que des documents authentifiés ont été adressés à un journal allemand, le Süddeutsche Zeitung lequel s’est empressé de contacter des confrères du monde entier liés par un pacte destiné à lutter contre la fraude fiscale, la corruption, les paradis fiscaux de la liste noire ou grise tels que le Panama.

J’invite évidemment les lecteurs de ce blog à se précipiter sur le Journal Le Monde dès ce soir s’ils le peuvent et en tout cas dès demain matin. Pour la première fois dans l’histoire de l’information sérieuse les lecteurs-citoyens ont sous les yeux les preuves des manœuvres et manigances de rois, de présidents en exercice, de sportifs (dont l’un est doté de la confiance totale de notre actuel premier ministre) de hauts fonctionnaires internationaux, de chefs d'entreprises. S'agissant de Michel Platini, la FIFA en a pourtant jugé autrement en l'excluant pendant huit ans des affaires du football. L’ancien international si doué et pas seulement pour la balle au pied a fait appel devant le tribunal arbitral du sport. Attendons son verdict.

Le feuilleton du « Monde », quant à lui, va durer toute la semaine. Dans le journal de demain (daté de mercredi donc) on en apprendra plus sur le comportement immoral et scandaleux d’un millier de Français, à titre personnel ou au sein de sociétés et entreprises…et de banques. Car il a bien fallu que les banques de notre pays servent d’intermédiaires pour permettre aux fraudeurs de décrocher la timbale et de planquer leur magot. Dans un environnement triste et morbide, ces informations font du bien. Elles prouvent qu’en démocratie, tôt ou tard, les nantis et les dirigeants de la planète ne peuvent être à l’abri que de la pluie.

2 avril 2016

Déchéance de nationalité : Hollande jette l'éponge


Alain Juppé attend son heure…
Plus les mois défilent, plus l’état d’urgence est devenu obsolète. Une fois passées les premières semaines avec perquisitions et assignations à résidence, il est évident que les carnets d’adresses des services de renseignement et des fichiers de la police et de la gendarmerie ont épuisé leurs sources et leurs ressources. Ainsi l’état d’urgence renouvelé par le Parlement ne sert plus qu’à d’éventuelles mesures destinées à faire face à une attaque massive des terroristes contre la population.

Nous ne le répéterons jamais assez. L’arsenal juridique actuel, modifié plusieurs fois au cours de ce quinquennat dans un sens plus répressif, suffit à demeurer dans un état de droit même si je n’ignore pas les remarques acerbes de la cour européenne des droits de l’Homme plus que critique envers la France. Alors, devons-nous nous habituer à cet état d’exception ? Devons-nous accepter que des citoyens, suspects d’un jour, victimes de délations demain, dont les noms et adresses sont rendus publics sans grande précaution, se taisent et tolèrent cet état de fait ?

Pour X raisons, le projet présidentiel visant à déchoir les terroristes définitivement condamnés de leur nationalité et à rendre cette mesure constitutionnelle a fait un flop. Je ne m’en plains pas. Depuis que cette velléité du pouvoir avait été rendue publique, j’avais maintes fois attiré l’attention des lecteurs de ce blog sur l’inefficacité de cette mesure et sur cette rupture avec les idéaux de la gauche mais pas seulement. En puisant dans le vivier idéologique de l’extrême droite et de la droite dure, François Hollande a pris un énorme risque : celui de mécontenter à gauche et de ne pas rallier à droite. Autrement dit il a perdu sur tous les tableaux. L’art de la synthèse dont on le gratifie mécaniquement, est devenu l’art de se faire piéger sous les coups de boutoir d’un premier ministre aux accents sarkozystes.

La gauche aujourd’hui n’est pas un champ de ruines mais c’est tout comme. Éclatée, émiettée, la majorité actuelle ouvre un boulevard ou plutôt une avenue à la droite la plus libérale économiquement et conservatrice socialement. On ne me fera jamais prendre Alain Juppé pour un tendre ou un mou. Il sera dur avec les faibles et doux avec les puissants. S’il est vrai qu’après quatre ans d’âge, tout est joué, je ne vois pas en quoi le nouveau Juppé — je ne parle pas des autres candidats à la primaire — serait fondamentalement différent du Juppé de 1995. Celui qui mit la France dans la rue…alors, d’où viendra la lumière ? D’une primaire à gauche ? Pourquoi pas. Il est temps de tout essayer.

1 avril 2016

Le silence des agneaux fait un bruit infernal


Un peu de respect pour le bien-être animal
Choquantes ! Terriblement choquantes. Les images de ces agneaux étourdis maladroitement à coups de marteau, dépecés alors qu’ils bougent toujours, balancés comme de vulgaires déchets dans les files d’attente du découpage ont révulsé nombre de Français lesquels ont quelque raison d’avoir la sensibilité à fleur de peau. L’abattoir mis en cause, dans le sud de la France a dû fermer ses portes le temps d’une enquête approfondie permettant de comprendre pourquoi et comment, ces actes de cruautés sont possibles en France, en 2016.

Il ne faudrait pas non plus, taper seulement sur les lampistes mis à pied séance tenante. Que sait-on des employés filmés par caméra cachée au moment où ils accomplissent leur forfait ? Que sait-on de leurs conditions de travail, de leurs salaires, de la productivité qu’on attend d’eux ? Loin de moi l’idée d’absoudre les auteurs de ces actes barbares mais il convient de dépasser l’image pour tenter de comprendre comment des hommes « normaux » peuvent en arriver à de telles extrémités. Il importe de dénoncer les fautes mais il convient aussi d’en rechercher les causes et ne pas dire comme Manuel Valls sur un autre sujet : « tenter de comprendre c’est déjà chercher à excuser. »Non, c'est tout simplement une preuve d'intelligence.

J’ai ouï dire que des dizaines d’abattoirs de notre pays connaissaient les mêmes dérives et les mêmes excès. Les Français mangent de la viande, beaucoup de viande, et les escalopes ou les côtes d’agneau ne tombent pas du ciel. Il a fallu nourrir, engraisser des centaines de milliers d’ovins, de porcins, de bovins…pour remplir nos assiettes. Au prix payé aux producteurs — si j’en crois les responsables des syndicats agricoles — les éleveurs n’équilibrent pas leur budget. Et on voudrait que le bien-être animal fût respecté quand les hommes qui les produisent sont dans la dèche ? Bien sûr qu’il le faudrait et les services de l’Etat devraient y veiller par des contrôles permanents et des pratiques améliorées mais les moyens dont disposent les services vétérinaires ne le permettent pas.

Il s’agit d’une chaine de production et tous les maillons doivent, si je puis dire, être parfaitement…graissés. Si un échelon quelconque manque à ses devoirs et aux règlements édictés (il paraît qu’il y en a trop ? La faute à Bruxelles sans doute) C’est l’ensemble des professions qui pâtissent d’une image dégradée et dégradante.


29 mars 2016

Sortir Florence Hartmann de sa geôle : signez la pétition !


Jeudi 24 mars, jour de la condamnation par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, à 40 ans de prison pour génocide et crimes contre l’humanité, la journaliste Florence Hartmann, qui se trouvait aux côtés des associations de victimes de la guerre de Bosnie-Herzégovine, a été brutalement arrêtée par des gardes du Tribunal et écrouée dans la prison des criminels de guerre pour y exécuter une peine de prison de 7 jours.



La coïncidence entre ces deux faits jette une ombre terrible sur un jour qui aurait dû être celui du triomphe de la justice. Il s’agit d’un événement insensé et révoltant pour tous ceux qui, dans le monde, défendent la liberté d’informer et plus généralement les droits humains.
Florence Hartmann avait été la porte-parole du procureur du TPIY Carla Del Ponte de 2000 à 2006, avant de se retrouver poursuivie en tant que journaliste par ses anciens collègues, devenus à la fois juge et partie, pour outrage à la Cour. Motif : avoir révélé dans son livre Paix et châtiment (Flammarion, 2007) les dessous d’une négociation secrète entre le Tribunal et la Serbie dans le cadre du procès de l’ancien Président serbe Slobodan Milosevic.

Dans ce marché, le Tribunal s’engageait à ne pas divulguer certaines preuves de l’implication permanente et déterminante de l’Etat serbe dans la guerre en Bosnie-Herzégovine.
Soulignons avec force que ces éléments étaient déjà connus des milieux autorisés, et qu’au moment des faits Florence Hartmann n’était plus employée du TPIY, mais avait repris son métier de journaliste indépendante. Elle n’a jamais dérobé des documents ou pratiqué le mélange des genres, comme on a trop souvent pu l’entendre ici ou là. Son seul credo est que le public a droit à la vérité, et que c’est le devoir du journaliste de l’informer. 

C’est pourquoi elle a jugé crucial de publier ces informations. 
Condamnée à une amende de 7 000 euros, levés en deux semaines par son Comité de soutien et déposés sur un compte que le Tribunal a refusé de prélever, son jugement a été confirmé en appel en 2011, et sa peine définitivement commuée en 7 jours de prison. Le simple fait que son procès ait été rattaché à l’affaire Milosevic était en soi un scandale et une absurdité. Le fait qu’elle se retrouve aujourd’hui internée dans la même unité de détention que les criminels de guerre qu’elle a sans relâche combattus par ses actes de bravoure, son engagement indéfectible et ses écrits, nous le qualifions de perversion pure et simple d’une institution que nous avons nous-mêmes contribué à créer en 1993.



Nous continuons de croire que l’établissement du TPIY est un immense progrès dans l’histoire encore jeune du droit pénal international. C’est en effet son existence qui a permis l’arrestation du principal responsable de la guerre, Slobodan Milosevic, 5 ans seulement après la fin des combats, et a ouvert la voie à l’établissement de la Cour Pénale Internationale (CPI), où il n’est pas interdit d’imaginer qu’un jour, un Bachar El Assad puisse se
retrouver au banc des accusés.
Les conditions mêmes de l’arrestation de Florence Hartmann, d’une rare violence, évoquant un guet-apens, alors que les associations de victimes tentaient de résister à l’assaut des gardes du Tribunal, ont entaché à jamais le souvenir de ce jour.

Une semaine de prison, c’est peu, diront certains. Mais que fait Florence Hartmann dans le quartier des criminels de guerre, non loin de Radovan Karadzic condamné pour génocide ? Que fait-elle placée à l’isolement, lumière allumée 24 heures sur 24, guichet ouvert toutes les 15 minutes, privée de communication avec l’extérieur ?



A l’instar de Carla del Ponte, nous réclamons sa libération immédiate, et plus encore, nous exigeons sa réhabilitation. Empêchée aujourd’hui de travailler dans les organisations internationales et dans les médias du fait de cette condamnation odieuse, seule une réhabilitation totale lui permettra de reprendre le cours de sa vie professionnelle et personnelle, mise en suspens et radicalement affectée par cette injustice.



LIBÉREZ ET RÉHABILITEZ FLORENCE HARTMANN !
 Une pétition internationale peut être signée en ligne :
https://www.gopetition.com/petitions/release-florence-hartmann-petition.html 

Le recyclage des conseillers du prince est en marche

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Le recyclage des hauts fonctionnaires fonctionne comme le recyclage des capitaux. Les  conseillers du prince se glissent aussi facilement aux postes élevés des établissements financiers du privé que les milliards d’euros dans les circuits financiers mondiaux ou…Français. C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, de précieux collaborateurs de la présidence de la République quittent leur poste auprès de François Hollande pour gagner qui, Axa, qui une filiale bancaire, le tout avec l’aval du premier responsable de l’Etat.

C’est un grand privilège que de bénéficier de la sécurité de l’emploi. Non pas qu’il faille se révolter ou s’en plaindre mais le constat est tout de même éclatant : dans les cabinets ministériels siègent des hommes et des femmes sans doute compétent(e)s mais également assuré(e)s de trouver un bon poste à leur départ de leurs fonctions actuelles dont le quidam ne comprend pas toujours la finalité du travail.

Aux États-Unis, le système des dépouilles fait que le président élu s’entoure, pour la durée de son mandat, de personnes de confiance informées dès leur prise de fonction du caractère éphémère  de leur job. En France, les allers retours entre les ministères et les grands corps d’Etat (Conseil d’Etat et Inspection des finances notamment) et le système bancaire offrent des conditions de carrière et donc de salaires extrêmement avantageuses avec un système de primes souvent opaque venant se surajouter aux rémunérations des échelons et du Glissement vieillesse technicité. Autrement dit, la haute fonction publique ne fait craindre ni l’insécurité ni la peur du lendemain.

L’élément intéressant est que le départ de ces hauts fonctionnaires aujourd’hui, à un an de l’élection présidentielle, indique pour le moins une certaine fébrilité au sommet de l’Etat. Vous me direz, l’influence du président actuel disparaîtra du jour au lendemain s’il est battu dans les urnes. On peut donc comprendre que François Hollande, comme Nicolas Sarkozy en son temps, souhaite protéger et assurer l'avenir de ceux et celles qui l’ont si bien servi avec les résultats que l’on sait.

27 mars 2016

Le patrimoine des parlementaires de l'Eure est consultable en préfecture…à quelques conditions


A l'Assemblée nationale.
Les lois sont faites pour servir. C’est ainsi que la loi sur la transparence de la vie publique permet aux citoyens des différents départements de consulter les dossiers patrimoniaux de leurs parlementaires, députés et sénateurs. Évidemment, certaines conditions s’imposent. Le citoyen intéressé doit écouter son interlocuteur lui rappeler les termes de la loi et s’engager à ne pas prendre copie du dossier et à ne pas publier le résultat de ses investigations. Surtout quand on tient un blog ou quand on est journaliste. A quoi bon alors consulter des dossiers dont personne d’autre que vous ne peut avoir connaissance ?

Pour tester le processus, j’ai demandé l’autorisation au préfet de l’Eure de consulter le dossier patrimonial (et non fiscal) d’un parlementaire de l’Eure. Ayant la conviction de répondre à une légitime exigence citoyenne et aussi à un besoin de curiosité inhérent au métier pratiqué pendant toute ma vie, j’ai reçu l’accord de la préfecture et me suis rendu à Evreux cette semaine.

Très aimablement accueilli par le chef de cabinet du préfet de l’Eure et son adjointe, je n’ai eu besoin que d’un petit quart d’heure pour consulter le dossier du député que j’avais choisi. Après avoir — mais c’est la loi — décliné mon identité et présenté la CI en cours ainsi que l’attestation d’inscription sur les listes électorales de Louviers, j’ai parcouru les quelques pages d’une copie d'un dossier dont l’original est détenu par la HATVP le tout sous la surveillance de mes hôtes.

Au cours de notre brève conversation, j’ai appris que les citoyens ne s’étaient pas pressés au guichet de la préfecture puisqu’à ce jour nous ne sommes que deux à figurer sur le registre spécial tenu à la disposition des parlementaires au cas où ils souhaiteraient connaître les noms de ceux et celles qui veulent en savoir plus sur leur richesse réelle ou supposée. L’intérêt de cette loi réside sans doute dans le fait que les parlementaires sont tenus de déposer l’état de leur patrimoine au début de leur mandat et de remplir ce même dossier au terme de son exercice. Ainsi, quiconque peut constater ou une stabilisation de leur situation ou une évolution négative…ou positive. Et d’en chercher les raisons !

Autre objectif de cette loi : permettre à tout citoyen de faire savoir à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique qu’une déclaration est soit mensongère, soit incomplète. Ce qui n’est pas donné au citoyen ordinaire. Quant au dossier que j’ai consulté, je suis bien incapable d’en mesurer la sincérité ou la réalité faute de comparaison. 

Dans certaines démocratie nordiques, les dossiers patrimoniaux des élus sont mis en ligne sur Internet. On n'en est pas encore là en France même si des progrès sensibles ont été accomplis au cours du quinquennat actuel. Il s'agirait là d'une amélioration certaine en faveur d'une vraie transparence simple et facilement accessible. Je ne doute pas qu'on y parviendra un jour.

25 mars 2016

Le pouvoir devrait se souvenir de l'affaire Malik Oussekine


Malik Oussekine est mort lors d’une manifestation étudiante en décembre 1986 contre le projet de loi Devaquet. Ce jeune homme avait été frappé par un membre d’une équipe dite de voltigeurs autrement dit par des policiers circulant à moto. Les conséquences de ce drame furent à la hauteur de sa gravité. Le ministre démissionna et la loi fut retirée.

Le gouvernement actuel ferait bien de relire les événements d’aujourd’hui à l’aune de ceux de 1986. Trente ans, c’est insuffisant pour l’oubli et encore moins pour le pardon. Les violences policières d’hier dues à quelques brebis galeuses d’un commissariat du 19e arrondissement illustrent un goût pour la violence à la fois inutile et totalement contre-productif. La vidéo qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux démontre que le jeune lycéen à terre ne présentait absolument aucun risque pour les policiers. Il n’était ni agressif ni armé et aurait donc dû être relevé sans autre forme de procès. Le violent coup de poing du policier, sujet à une enquête de la police des polices, est tout simplement aussi gratuit que stupide.

C’est navrant car le maintien de l’ordre relève de la responsabilité du pouvoir, il doit être, surtout quand ce pouvoir est de gauche, assumé avec intelligence et raison. Il appartient aux différents ministres en charge de la sécurité des personnes et des biens de veiller scrupuleusement au respect d’une éthique et d’une proportionnalité de la réponse aux exactions éventuelles. Les ordres donnés à la hiérarchie policière n’admettent pas d’à-peu-près ni de laisser aller. Après les drames qui ont endeuillé notre pays et l’élan confiant suscité à l’égard des courageuses forces de l’ordre, il est dommage qu’une bavure évidente ébrèche ces sentiments.