Alain Juppé attend son heure… |
Plus les mois défilent, plus
l’état d’urgence est devenu obsolète. Une fois passées les premières semaines
avec perquisitions et assignations à résidence, il est évident que les carnets
d’adresses des services de renseignement et des fichiers de la police et de la
gendarmerie ont épuisé leurs sources et leurs ressources. Ainsi l’état d’urgence
renouvelé par le Parlement ne sert plus qu’à d’éventuelles mesures destinées à
faire face à une attaque massive des terroristes contre la population.
Nous ne le répéterons jamais
assez. L’arsenal juridique actuel, modifié plusieurs fois au cours de ce
quinquennat dans un sens plus répressif, suffit à demeurer dans un état de
droit même si je n’ignore pas les remarques acerbes de la cour européenne des
droits de l’Homme plus que critique envers la France. Alors, devons-nous nous
habituer à cet état d’exception ? Devons-nous accepter que des citoyens,
suspects d’un jour, victimes de délations demain, dont les noms et adresses
sont rendus publics sans grande précaution, se taisent et tolèrent cet état de
fait ?
Pour X raisons, le projet présidentiel
visant à déchoir les terroristes définitivement condamnés de leur nationalité
et à rendre cette mesure constitutionnelle a fait un flop. Je ne m’en plains
pas. Depuis que cette velléité du pouvoir avait été rendue publique, j’avais
maintes fois attiré l’attention des lecteurs de ce blog sur l’inefficacité de
cette mesure et sur cette rupture avec les idéaux de la gauche mais pas
seulement. En puisant dans le vivier idéologique de l’extrême droite et de la
droite dure, François Hollande a pris un énorme risque : celui de mécontenter
à gauche et de ne pas rallier à droite. Autrement dit il a perdu sur tous les
tableaux. L’art de la synthèse dont on le gratifie mécaniquement, est devenu l’art
de se faire piéger sous les coups de boutoir d’un premier ministre aux accents
sarkozystes.
La gauche aujourd’hui n’est
pas un champ de ruines mais c’est tout comme. Éclatée, émiettée, la majorité
actuelle ouvre un boulevard ou plutôt une avenue à la droite la plus libérale économiquement
et conservatrice socialement. On ne me fera jamais prendre Alain Juppé pour un
tendre ou un mou. Il sera dur avec les faibles et doux avec les puissants. S’il
est vrai qu’après quatre ans d’âge, tout est joué, je ne vois pas en quoi le
nouveau Juppé — je ne parle pas des autres candidats à la primaire — serait
fondamentalement différent du Juppé de 1995. Celui qui mit la France dans la
rue…alors, d’où viendra la lumière ? D’une primaire à gauche ?
Pourquoi pas. Il est temps de tout essayer.
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