28 mai 2016

Quelques réflexions au débotté : Anniversaire, Trump, œufs tondus, gâchis…


Port britannique.
Vue de l’étranger où je viens de passer une petite semaine (d’où un certain silence sur ce blog) la situation française suscite à la fois compassion et moquerie. Compassion suite aux attentats de janvier et novembre 2015 avec tous ces morts et tous ces blessés victimes de la violence terroriste aveugle et moquerie eu égard à la situation sociale dont les grèves et les occupations sont les images relayées sur les chaines d’info.
La France est louée pour le courage de ses soldats mais elle est la risée des observateurs en montrant un visage de désintégration et de désordre rampant. A l’évidence, les images ne disent pas tout. Pour mieux comprendre la situation française, il faut se plonger dans l’histoire, dans la culture de notre pays même s’il n’est pas simple de faire comprendre à un Britannique, par exemple, le mode de fonctionnement de notre démocratie. L’impression qui ressort des discussions est un immense gâchis. La géographie de notre pays, sa démographie, le génie de ses chercheurs, la place éminente de son système de soins, la grande tradition culturelle et sa déclaration des droits de l’Homme continuent d’éblouir une partie du monde et de l’Europe. Il est vrai que de retour dans l’hexagone, on ne peut que déplorer l’entêtement du gouvernement qui n’a d’égale que la lutte pour la survie de la CGT.

Donald Trump change d’avis comme de chemise. Depuis le début de sa campagne pour obtenir l’adoubement des Républicains, il change d’opinion au gré des états, des publics et des sujets. Alors qu’il avait d’abord accepté de débattre avec Bernie Sanders,  un postulant démocrate rival d’Hillary Clinton, il vient de lui faire savoir qu’il renonçait…sans qu’on sache très bien le pourquoi de cette retraite. Trump affirme qu’il réduira à néant l’accord de Paris sur le climat. Doit-on le croire ? Doit–on le croire quand il assure qu’il interdira aux musulmans l’entrée sur le territoire américain ? Ou qu’il expulsera les millions d’immigrés clandestins dont, par principe, on ne sait qui ils sont, où ils habitent ni comment ils survivent.
Toutes ces « belles » paroles n’ont pour but que d’appâter l’électeur. On aurait tort de reprocher à Trump seulement les promesses non tenues. L’écart entre les projets et le réel est tel que le pragmatisme finit toujours par l’emporter. On peut parier que les Juppé, Sarkozy et Le Maire, s’ils sont élus, ne tiendront pas un quart de leurs engagements. Eux aussi devront affronter la rue et les cortèges.

Le préfet d’un département du Beaujolais vient d’ordonner la fermeture d’un centre de production d’œufs. L’association L 214 qui veille au bien-être animal a mis en ligne une nouvelle vidéo montrant comment sont traitées les poules pondeuses moins bien considérées que des machines. Les mouches, les cadavres, les asticots, les poux, tout cela fait horreur à quiconque réagit normalement. Cette, comment dire, usine est dans le collimateur des autorités depuis des mois mais les «corrections» demandées n’ont jamais été mises en œuvre. La situation économique du centre est catastrophique, les vingt salariés ne peuvent remplir toutes les tâches si bien que les poules souffrent le martyre. On se demande qui est doté d’un cerveau d’oiseau : les poules ou ceux qui tondent les œufs.

Vous êtes nombreux, sur Facebook, à m’avoir souhaité mon anniversaire. Il y a les amis que je connais, ceux que je ne connais pas mais que je connaîtrai un jour, ceux que je ne connais pas et que je ne connaîtrai jamais. Drôle de réseau social que Facebook. Je reconnais que ce réseau me permet surtout de faire connaître ce blog. Je n’y évoque jamais ma vie privée, même si je ne suis pas à la recherche d’un emploi. J’y laisse le moins de traces personnelles possibles s’il est vrai que la NSA stocke des millions de données sans qu’on sache très bien à quoi elles serviront. Ou plutôt on le sait trop bien.
Alors, ami(e) connu(e)s et inconnu(e)s, je vous remercie vivement d’avoir eu une pensée pour moi. J’atteins donc le cap des 7 décennies étant né au cours du baby boom première génération puisque mon père rentrait de captivité. J’aurais donc connu les trente glorieuses et les magnifiques mois et heures de mai 68 tout comme l’action extraordinaire du Docteur Martin à Louviers, maire créatif et doté d’un imaginaire aussi riche que fécond. Depuis, une certaine normalité lui a succédé. Je vous donne donc rendez-vous pour la suite des aventures que ne manqueront pas de nous faire vivre les Trump, Sarkozy et consorts.

20 mai 2016

Marc Antoine Jamet proteste « contre l'acharnement obscur des encagoulés »


Hier, les opposants à la loi El Khomry manifestaient dans différentes villes de France dont Evreux. La colère de certains participants s'est « exprimée » notamment contre les locaux de la fédération de l'Eure du Parti socialiste ou des actes de vandalisme ont été commis. Je suis de ceux qui, très tôt, se sont opposés à la loi dite « loi travail. » Mais il y a mille manières de s'opposer. Autant la manifestation de rue, la grève, l'expression médiatique, la pétition, que sais-je encore, répondent à des soucis démocratiques et légitimes, autant la violence contre les biens ou les personnes n'a pas (ou ne devrait pas avoir) sa place dans le panel des protestataires. Je sais bien qu'on oppose souvent la violence agressive à la violence sociale laquelle justifierait certaines extrémités. Le licenciement, le chômage, la précarité sont effectivement des formes de violence. Une démocratie digne de ce nom ne peut pourtant fonctionner dans un rapport antagoniste placé sous le signe de la colère aveugle ou de la violence physique.
Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la fédération de l'Eure du Parti socialiste, réagit à ces actes dommageables pour ceux qui en sont victimes et ceux qui les commettent. Je publie le communiqué qu'il m'a adressé.
« Au cours d'un défilé qui rassemblait quelques centaines de personnes à Evreux dans un calme  démontrant la légitimité d'un mouvement et de manifestants qui ont - évidemment - le droit le plus absolu de s'opposer au Gouvernement, même si on aurait souhaité les voir - tous - faire face avec la même énergie à la droite, se battre avec la même détermination pour sauver entreprises et emplois, lutter avec la même résolution contre le Front National, le siège de la Fédération du Parti Socialiste de l'Eure a subi des dégradations.
Est-ce vraiment un objectif légitime de s'attaquer à la représentation d'un parti politique, à un outil de l'action démocratique, à un lieu d’expression, de débat et de dialogue ? On peut en douter. Est-ce digne, honnête et grandiose d'inquiéter, je n'emploierai pas le mot terroriser, des permanents qui, depuis de longues années, ont aidé à faire aboutir les grandes réformes qui ont changé notre société et la vie ? Je ne le crois pas. La vérité est là : pour commettre ces actes, stupidité, provocation, irresponsabilité, amnésie et mauvaise foi s'étaient données la main ce matin là. Je le regrette. Je le condamne.
Quand les idées sont imprécises ou contradictoires, on frappe, on tape, on casse. Lorsque la confrontation des arguments fait peur, on dégrade des locaux, on souille des murs, on abîmé des portes.  Les auteurs de ces déprédations n'étaient pas muets et, pourtant, ils ne parlaient qu'avec leurs mains. Nous avons le culte de la raison. Il passe par la discussion et la réflexion. Malheureux, les pauvres en convictions et en propositions, les revenus de tout et les partisans de rien, aucun paradis ne les attend.
Les socialistes, mes camarades, eux, ce sont d'abord des militants, un millier d'hommes et de femmes de conviction, de toute origine sociale, enseignants, ouvriers, médecins, artisans, fonctionnaires, employés, qui se battent depuis toujours pour des valeurs de liberté, de solidarité, d'égalité, de laïcité et de fraternité. Fidèles, sincères, constants, ils, ont été aux côtés des syndicats, des étudiants, des travailleurs, des faibles et des oubliés. Commentant la Loi Travail et son adoption, ils ont pu dire leur incompréhension et, parfois, leur désillusion. Ils ont eu des inquiétudes et en éprouvent encore, mais, jamais, jamais, ils ne cèdent à la violence ou à l'injure.
Rien ne peut justifier ces actes accomplis dans le courage crapoteux de l'anonymat, rien ne peut permettre de tolérer des comportements haineux, rien ne peut autoriser des propos honteux qui  associent le parti de Léon Blum, de Victor Basch, de Daniel Mayer et de Jean Zay à la capitulation comme tenta de le faire Pétain à Riom. En tant que Premier secrétaire fédéral, au nom des socialistes de l’Eure, je condamne ces actes de vandalisme parce qu'ils sont lâches, minables et médiocres. Quelle que soit la teneur des revendications, quelle que soit l'expression d'un mécontentement ou d'une opposition dont je défendrai toujours l'expression, à Evreux, au Havre, à Rouen, à Caen, à Paris, comme partout en France, la liberté, celle de manifester ou de protester, celle des droits de l'homme et du citoyen, n'est pas celle de casser, de dégrader ou de vandaliser, car, alors, c'est la République que viennent détruire l'acharnement obscur des encagoulés. »

Marc-Antoine Jamet, Premier secrétaire de la fédération de l'Eure du PS

18 mai 2016

Quelques réflexions au débotté : Trump-Clinton, le dopage en Russie, l'affaire Baupin fait des vagues, Arnaud Montebourg, le perdreau de l'année, National-socialisme en Autriche, hémorragie au PS…


Si j’ai bien compris la campagne électorale américaine, Donald Trump utilise de l’essence sans plomb (quoique…) et Hillary Clinton plutôt du Diesel. L’un fait la course en tête et largement chez les Républicains, l’autre mène sans écraser son rival, Bernie Sanders, dans la course à l’investiture démocrate. Telle que l’épreuve se dispute, on ne voit ce qui pourrait empêcher le magnat de l’immobilier d’affronter l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Avec Trump on est servi. Les musulmans ? Dehors ! Le Mexique ? On construira un mur ! L’Europe ? Qu’elle se démerde ! La Russie ? Poutine est un bon partenaire…de discussions. Même protectionnisme, même forme de nationalisme…Même si Hillary Clinton ne déchaine pas l’enthousiasme, elle semble  d’assez loin la meilleure pour faire face aux défis de notre époque. Elle vient même d’approuver le vote du Sénat permettant d’enquêter sur le rôle du pouvoir saoudien dans les attentats du 11 septembre. Cela ne fera pas plaisir au roi. Mais servira peut-être la vérité…

Le président du CIO, comité international olympique, publie un texte dans le Monde dans lequel il exprime sa colère, ses ressentiments à l’égard de la politique de dopage systématique utilisée en Russie. Il a demandé que tous les flacons des JO d’hiver de Sotchi soient systématiquement analysés. Il promet disgrâce, interdiction à vie, sanctions pénales et financières à l’égard de tous ceux qui faussent les compétitions et poussent au crime.
Il annonce que les JO de Rio vont devoir se priver de la présence de dizaines d’athlètes pris la main sur la seringue ou autre outil destiné à tromper la vigilance des médecins et contrôleurs. Il évoque même dans son texte une pluralité de fédérations sportives et pas seulement telle ou telle spécialité.
Il était temps que les principaux dirigeants du sport mondial sortent les crocs. Certes, les tricheurs ont souvent un temps d’avance et utilisent des méthodes et moyens nouveaux non détectables aujourd’hui. Mais le temps plaide pour des sanctions même avec retard.

L’affaire Baupin continue de faire des vagues. 17 anciennes ministres, de droite et de gauche, ont signé un texte dans le Journal du Dimanche dans lequel elles déclarent qu’elles ne se tairont plus. Victimes, elles-mêmes, de réflexions graveleuses ou de commentaires lourds, ces anciennes ministres se sont tues trop longtemps pour ne pas nuire à leur carrière dans leur parti ou tout simplement parce qu’elles ne souhaitaient pas être humiliées publiquement . Elles veulent donc libérer la parole des milliers de femmes qui, au travail ou ailleurs, sont les cibles de prédateurs « Gaulois ». Cela va du harcèlement à l’agression ! Selon elle, la culpabilité doit donc changer de camp et cela commence par le refus de l’omerta.
Les hommes aussi ont leur mot à dire. Au-delà des inévitables blagues salaces des groupes amicaux rassemblés pour X raisons, il appartient à tout un chacun de protester contre le laisser aller d’une parole qui pour être libérée, celle-là, n’en est pas moins scandaleuse.

Arnaud Montebourg se présente comme un perdreau de l’année. Celui qui est resté célèbre pour sa fameuse phrase au Grand journal de Canal plus : « le plus gros défaut de Ségolène Royal c’est son compagnon » n’a pas hésité à appeler à voter pour François Hollande au second tour de la primaire de la gauche en 2011. Martine Aubry a conservé un très mauvais souvenir de ce désistement quelque peu calculé.
Idem pour l’union avec Manuel Valls afin d’obtenir le départ de Jean-Marc Ayrault de ses fonctions de Premier ministre. Arnaud Montebourg n’inspire pas la confiance. Qu’il ait des velléités d’apparaître comme un candidat crédible à la gauche de la gauche ne doit pas nous faire oublier ses différents engagements à géométrie variable.

François 1er, le pape, prèche pour sa paroisse est c’est bien normal. Il est dans son rôle. Quand il affirme que la France pratique une laïcité excessive, il rejoint certains prêcheurs de l’Islam lesquels eux aussi trouvent à redire à cette laïcité neutre de l’Etat. J’ai l’impression que ces pontes religieux n’ont pas bien compris le sens du mot laïcité et encore moins la vocation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.
Il ne s’agit pas de nier le droit de croire en un Dieu quel qu’il soit ou d’avoir une foi. Il s’agit de permettre à chacun, dans la sphère privée, d’exercer son culte mais de faire preuve de distance dans la sphère publique où se côtoient tous les catholiques, les juifs, les musulmans, les athées, les agnostiques, les libres penseurs…sans préférence aucune. C’est la force et l’originalité de notre république. Il n’y a pas, en France, de religion d’Etat ni de grand prêtre favori. Le pape a donc tort de critiquer notre laïcité exemplaire. 

Dimanche prochain, les Autrichiens vont élire le président de leur République au cours d’un second tour à grands risques. Car il y a malheureusement de fortes chances pour que le vainqueur soit un membre de l’extrême droite. L’histoire de ce pays ne plaide pas en sa faveur. Mais comme des socialistes gèrent une région avec le parti national socialiste, on marche sur la tête dans un pays de l’Union européenne justement créée pour éviter que des apprentis fascistes soient au pouvoir. L’Union européenne nous a apporté la paix, la croissance économique et une démocratie avancée. Le fait même que des nationalistes populistes puissent être élus est une entorse grave aux valeurs portées par la majorité des pays de l’Union. Les Hongrois, les Polonais avec la droite extrême…et maintenant l’Autriche avec l’extrême-droite. Marine Le Pen se frotte les mains.

Le PS perd-il autant d’abonnés que Canal Plus ? Non pas. La chaîne cryptée, depuis que Vincent Bolloré préside à ses destinées a perdu 190 000 abonnés. Il paraît que Maïtena Biraben ne convainc pas. Le départ de Yann Barthès et de son équipe du Petit Journal ne va rien arranger. Au fait, Barthès sur TF1, c’est un gag ou quoi…
Le PS, quant à lui, subit également une hémorragie importante. Des militants ayant plusieurs décennies au compteur ne s’y retrouvent pas et quittent ce parti ou le contestent de l’intérieur façon frondeur. La déchéance de nationalité, d’abord, la loi El Khomry, ensuite, cela fait beaucoup de couleuvres à avaler pour des militants de gauche. Certes, M. Leroux, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, souhaite que François Hollande en reprenne pour cinq ans. Il considère qu’à gauche, il n’y a pas d’autre choix. Mais les électeurs jugent les faits et le bilan, pas les formules du genre « cela ne pas très bien mais cela va mieux. » C’est ce qu’on dit aux mourants. La France n’est pas au bord de la catalepsie. Le bilan de santé n’est pourtant pas au mieux. Cela pourrait être pire, non ? Avec Sarkozy par exemple ?


14 mai 2016

En Russie on cherche des sportifs non dopés…


Les Poutiniens crient au scandale ! Comme au bon vieux temps de l’URSS, il semble bien que nombre de sportifs russes acceptent d'absorber des décoctions destinées à améliorer artificiellement leurs performances. Et si les Poutiniens sont mal dans leurs baskets c’est parce qu’un des responsables du laboratoire réservé aux opérations frauduleuses a quitté le pays et s’est réfugié aux Etats-Unis où il peut lâcher les chiens. Même s'il sait que si Staline a su retrouver Trotski, Poutine saura lui fixer un rendez-vous à risque.

Lâcher les chiens c'est raconter la vérité, celle exigée par le principal dirigeant de la Russie, un certain Vladimir Poutine. A l’occasion des épreuves organisées à Sotchi dans le cadre des jeux olympiques d’hiver, le « tsar » actuel, ancien du KGB, nourri aux mamelles du communisme brejnévien, a intimé aux responsables des équipes l’ordre de gagner et de remporter un tombereau de médailles d’or ou à tout de moins le maximum de podiums. Pour ce faire des hommes en blouse blanche ont préparé des soupes d’un genre particulier puisque contenant des produits interdits. De fait les analyses n'ont rien donné…

Mais comme l’a raconté le chef des laborantins limogé depuis, il y avait des tours de passe-passe derrière une armoire (et à l’aide d’une trappe) qui faisaient que les fioles remplies d’urine contenaient en réalité un pipi datant de plusieurs mois et indemne de tous produits dopants. Des membres des services secrets étaient chargés des basses besognes en échangeant les éprouvettes afin de tromper les analystes et donc les résultats.

Et c’est ainsi que des sportifs russes sont allés chercher leurs médailles d’or ou les places d’honneur faisant de la grande Russie une nation redevenue compétitive à l’échelle internationale. Sauf qu’aujourd’hui les secrets les mieux gardés sont des secrets de polichinelle. Evidemment, il est des membres du gouvernement russe pour dénoncer la main noire des Américains dans les révélations soi disant offensantes, d’autres pour réveiller un passé peu glorieux quand les sportifs des nations de l'Est avalaient maintes cochonneries. Le fait est que l’équipe actuelle d’athlétisme russe est menacée de ne pas pouvoir participer aux JO de Rio. Des athlètes donc, des joueurs et joueuses de tennis, des skieurs et autres amateurs de glisse…tous et toutes se devaient d’avaler les pilules et de porter haut le drapeau russe.

Je ne comprends toujours pas comment des dirigeants politiques occidentaux (Marine Le Pen par exemple voire François Fillon) peuvent mettre en exergue les comportements et la politique nationaliste d’un Poutine. Son chauvinisme excessif, ses magouilles financières en tous genres et les disparitions inexpliquées d'opposants font de la Russie ce qu’on appelle aujourd’hui une « démocrature » à mi-chemin entre les démocraties occidentales et les dictatures à la mode chinoise par exemple. Je ne comprends pas ou plutôt je comprends trop bien. Est-ce régime que nous voulons pour la France ?

12 mai 2016

Les excuses de Michel Sapin après son saut…à l'élastique.


Une petite histoire d’élastique. Mais une grave erreur d’un gros balourd. En présentant ses excuses publiques sous forme de communiqué de presse, Michel Sapin réagit avec quelques semaines de retard après qu’il a été pris en flagrant délit d’une forme de sexisme décidément très prisée de certains politiques. Depuis l’affaire de la chambre 2806 du Sofitel de New York et celle du Carlton du nord de la France, les gazettes nous ont habitués à découvrir qu’il existe des hommes (le plus souvent) pour prêter leurs gestes et leurs paroles à des actions méprisables.

A Davos, lieu béni des hommes d’affaires et des politiques genre Macron, Michel Sapin, ministre des finances de notre pays, n’a pu s’empêcher de « toucher le dos », comme il le dit dans son communiqué, d’une journaliste courbée pour ramasser son stylo. En réalité, la position de la jeune femme lui a permis de faire claquer l’élastique de sa petite culotte, ce qu’il appelle « toucher le dos ». Joignant la parole au geste, Sapin s’écria : « Mais qu’est ce que vous nous montrez là ? » Et cela devant une vingtaine de journalistes témoins d’un geste pour le moins indélicat voire machiste.

Mis en cause à plusieurs reprises dans la presse, Michel Sapin n’avait jamais réagi se contentant de contester ce geste qui, selon lui, « n’était ni agressif, ni sexiste. » Mais l’affaire Baupin a changé le contexte et le paysage politique. Les partis sont appelés à faire le ménage en leur sein et à veiller à ce que les parlementaires, les journalistes, les assistantes femmes ne soient plus des objets de plaisanteries graveleuses ou, pire, victimes d’actes que la loi condamne. Depuis quelques années, le délit d’agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel permet en effet aux victimes de demander réparation et condamnation des auteurs. Le texte paru dans Libération, il y a un an, sous la signature d’une quarantaine de journaliste femmes intitulé « bas les pattes » invitait déjà certains politiciens à plus de retenue et de dignité. Il faut croire qu’ils sont nombreux, les hommes de pouvoir, à confondre séduction et…intromission.

En tout état de cause, le communiqué de Michel Sapin démontre qu’il a compris (lui ou ses conseillers en communication) que l’image d’un gouvernant — sauf s’il s’appelle Donald Trump ? — peut pâtir durablement d’une conduite individuelle de Beauf. Si Cabu était encore vivant, je ne doute pas qu’un dessin approprié, pour le coup, serait paru dans Charlie Hebdo ou le Canard enchaîné nous montrant un Sapin s’excusant d’avoir fait le grand saut en élastique…à quelques centimètres du sol…et sur le dos d’une femme.

10 mai 2016

L'affaire Baupin : « la parité a gagné mais on est encore loin de l'égalité »

Manuel Valls avait toute confiance en Michel Platini et on sait comment cela s’est terminé avec la décision du TAS (Tribunal arbitral du sport) et sa condamnation à quatre ans de diette footballistique obligatoire…Emmanuelle Cosse « a toute confiance » en son compagnon mais on ignore encore comment cela finira. Le fait est que si elle croit la version de son compagnon, elle met en cause celle des huit femmes qui, jusqu’aujourd’hui, ont déclaré publiquement avoir été victimes des assauts physiques ou des tweets répétés de caractère sexuel de la part de Denis Baupin. Mme Cosse s’empresse pourtant d’ajouter qu’il ne faut pas transiger avec les violences faites aux femmes !
L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale nie tout en bloc. Il promet procès et actions judiciaires à tous ceux qui mettront en cause son comportement et cette stratégie se trouve renforcée par sa compagne. Ce matin, sur France Info, Mme Cosse assurait ainsi que la gravité des accusations portées contre son mari obligeait la justice à connaître des faits et que c’est devant elle que la vérité éclaterait.
Le procédé est habile puisqu’aucune plainte n’a été encore déposée et que les faits ont eu lieu bien avant les trois dernières années, délai de la prescription supposée mettre à l’abri des poursuites le député EELV. A moins que de nouvelles plaignantes se fassent connaître et évoquent des actes non prescrits. Ce matin, le parquet déclare avoir ouvert une enquête préliminaire. Elle permettra aux témoins-victimes d’être entendus par des policiers dans un premier temps et, ensuite, qui sait si un juge d’instruction ne sera pas saisi pour des investigations plus poussées.
Caroline Haast, une féministe active, a été interrogée, hier, sur une radio nationale. Elle fustige évidemment ces comportements scandaleux qu’elle interprète de cette façon : la domination exacerbée des hommes dans le monde politique et leurs pouvoirs exorbitants. Comme le dit bien Noël Mamère, député EELV : « la parité a gagné mais on est encore loin de l’égalité. » Ce sera pourtant à cette aune que seront jugés les gouvernants d’aujourd’hui et, surtout, de demain.

9 mai 2016

Denis Baupin, dénoncé comme prédateur sexuel, démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée nationale


Le fait que Denis Beaupin démissionne de la vice-présidence de l’Assemblée nationale ne doit pas être considéré comme un aveu. La moindre des choses, quand on vous reproche ce qu’on lui reproche, c’est de prendre le large, de faire le dos rond, de préparer sa défense et de la jouer en mode mineur. Que lui reproche-t-on ? Des élues d’Europe-Ecologie les Verts ainsi que des collaboratrices de ce parti ont déclaré à Médiapart et France Inter que Denis Baupin était une sorte de prédateur sexuel. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Parce que Denis Baupin a participé en mars dernier à une réunion d’hommes aux lèvres rougies pour déclarer leur hostilité aux violences faites aux femmes. Les victimes, par souci de protéger leur personne, de ne pas nuire aux intérêts de leur parti, ont tu le harcèlement physique ou virtuel émanant du compagnon d’Emmanuelle Cosse, ministre du logement, qu’ils ont voulue épargner. La photo de Denis Baupin clamant son hostilité au machisme actif les a révoltées si bien qu’elles ont décidé de sortir de leur silence et de crier bien haut leurs sentiments de dégoût à l’égard de M. Baupin.

Autrement dit, si les faits sont avérés, bien qu’ils soient prescrits, Denis Baupin, comme d’autres avant lui, aura joué un double jeu. On peut être ministre du budget, dénoncer la fraude fiscale et posséder des comptes à l’étranger ou des sociétés offshore illégales. On peut être écologiste, faire de l’égalité homme-femme un élément programmatique fort et faire preuve de dérive mu par je ne sais quelle force de destruction massive. Comment imaginer, en 2016, que des conduites aussi inadmissibles puissent être gardées secrètes quand l’auteur des actes délictueux est député de la Nation et vice-président d’une des chambres du Parlement ? Comment pouvait-il penser, même si les années ont passé, que ses victimes conserveraient ce statut humiliant toute leur vie ?

Dans toute violence subie, la parole libère et quand il s’agit de violence sexuelle, elle est d’autant plus indispensable…car pensable comme dirait Lacan. Evidemment, la publicité faite autour de cette affaire de mœurs domine l’actualité d’aujourd’hui. Denis Baupin est une personnalité importante du monde écologiste et sa démission récente du mouvement a été abondamment commentée. Je ne doute pas qu’une fois encore, on rapprochera ces comportements agressifs d'une relation « incestueuse » avec le pouvoir. Dominique Strauss-Kahn, blanchi dans l’affaire du Carlton, a tout de même été condamné civilement dans l’affaire du Sofitel. On dit que Mme Diallo a touché le gros lot ! Que M. Baupin ne puisse être poursuivi n’empêche pas que la vérité soit bonne à dire et à révéler. Mais la prudence commande et je dirais comme M. de Rugy, un ancien de ses collègues à EELV : « laissons la justice agir. » Le peut-elle ?

8 mai 2016

Quelques réflexions au débotté : La brillante idée de Sarkozy, le FN et l'argent public, l'état d'urgence devient permanent


Diminuer une taxe ou un impôt, voilà qui fera plaisir au contribuable. En une période d’argent rare et encore plus quand il s’agit d’argent public, il faut apprécier les efforts accomplis par certaines collectivités dont les responsables savent qu’il faut dépenser à bon escient. C’est pourquoi je ne comprends pas bien la polémique née après un vote majoritaire des membres du conseil de l’agglomération Seine-Eure visant à diminuer le taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Les contribuables savent ou devraient savoir que cette taxe n’a rien à voir avec le tonnage individuel puisqu’elle est calculée sur la base des valeurs locatives des habitations. Un moyen comme un autre d’assurer une répartition des charges même s’il est injuste eu égard aux volumes réellement ramassés. Il faut imaginer un système récompensant les économies de déchets et favorisant le recyclage. Si les contribuables habitants étaient contraints de veiller aux rejets domestiques ils feraient sans doute bien plus attention et auraient une conduite écologico-responsable.
En attendant ce jour qui ne viendra pas, la majorité des membres de la CASE a diminué de 0,3% le taux de la TEOM au grand dam de certains élus désireux de voir les investissements en déchetteries nouvelles se poursuivre. Je ne suis pas certain que cette diminution fera sensiblement baisser la taxe (s’en apercevra-t-on ?) mais c’est un début. Ce qui serait mieux c’est de voir les maires, par exemple celui de Louviers, entamer une cure de baisse de la dette voire des impôts locaux…mais ne rêvons pas.

La semaine passée a été marquée par la brillante idée de Sarkozy ! Il a compris que plus le nombre d’électeurs de la primaire de la droite et du centre serait grand moins il aurait de chances d’être désigné. Il a réfléchi et proposé une solution : empêcher les Français de l’étranger de voter par Internet ! En contraignant lesdits Français à se rendre physiquement dans des bureaux de vote ( ?) on construit une barrière supplémentaire visant à abaisser le taux de participation.
Des calculs ont été faits. Environ 100 000 Français de l’étranger devraient participer à cette primaire de la droite. Sarkozy sait qu’il n’est pas en odeur de sainteté auprès de la majorité d’entre eux. Alors…mais les autres candidats ont hurlé, crié au scandale, incité la haute autorité de la primaire de la droite à relire la charte de bonne conduite…si bien que Sarkozy va devoir reculer et accepter le vote par Internet. Il est vrai que la décision avait été prise par le bureau politique de LR à forte majorité sarkozyste et en l’absence des Juppé, Fillon, Le Maire, NKM…dont la vive réaction était prévisible.

Un de mes amis me répète souvent que pour connaître la réalité de la vie politique française, il faut lire la presse étrangère et notamment la presse anglo-saxonne. Je ne sais si les journalistes étrangers sont moins suspects de complaisance à l’égard des politiques que les journalistes hexagonaux mais je fais confiance (trop peut-être ?) à des organes libres financièrement et politiquement comme « Le canard enchaîné » ou « Médiapart ». Sans cette presse libre et indépendante, les excès et les turpitudes de nos gouvernants ou de leurs opposants seraient ignorés.
A ce sujet Le Monde a récemment publié un sondage dont les résultats ne laissent pas de m’inquiéter. La confiance des Français à l’égard des politiques est en chute libre. A une grande majorité, ils considèrent que les parlementaires ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et que nombre d’entre eux sont corrompus. Ce sentiment a été repris à l’envi par les dirigeants du Front national eux-mêmes dans le collimateur de la justice pour des soupçons de fraude dans le financement des campagnes électorales. Plusieurs affaires sont en cours dont la dernière date des élections départementales après les législatives et l’emploi (fictif ?) d’attachés parlementaires européens payés par Strasbourg. Les juges les soupçonnent de préférer la France à l’Europe en travaillant peu ou pas pour les députés européens FN et beaucoup pour le parti lui-même.

L’Etat d’urgence était sans doute justifié après les attentats de novembre 2015. Maintes perquisitions ont eu lieu donnant des résultats inégaux permettant aux services de police de mieux connaître encore les milieux islamistes radicaux. Certaines assignations à résidence ont visé des personnes suspectées de flirter de près ou de loin avec des prêcheurs de haine et de division.
Depuis, cet état d’exception a été renouvelé et le gouvernement s’apprête à solliciter à nouveau le Parlement pour le prolonger prétextant l’organisation du tour de France (qui a lieu tous les ans si je ne m’abuse) et l’Euro de football, plus rare en terre française. J’ignore quel est l’état de la menace. J’ignore si des djihadistes préparent un autre mauvais coup ou un drame national. Il me semble que depuis des mois, les services de la sûreté intérieure ont dû suivre les pistes intéressantes et se préparer au pire…si tant est que cela soit possible.
La Ligue des droits de l’homme a tenté de faire annuler juridiquement l’Etat d’urgence. Sans succès. Si l’état d’urgence devient un état permanent, cela veut dire que notre démocratie dérive vers une République fragilisée à la fois par ceux qui souhaitent la détruire mais aussi par ceux qui ont pour devoir de protéger notre mode de vie. Les grands principes qui nous différencient des états autoritaires et des dictatures s’accommodent mal d’un état d’exception puisque, comme son nom l’indique, ce n’est pas la règle commune…

2 mai 2016

Les tenants du « tout nucléaire » devront en assumer toutes les conséquences


Une enquête récente diffusée sur la chaîne Arte a mis en évidence les multiples dangers de l’énergie nucléaire. A l’occasion de l’anniversaire (triste) de la catastrophe de Tchernobyl (avril 1986) avec des milliers de morts et de personnes contaminées, nombre de médias se sont penchés sur la situation des centrales nucléaires françaises et étrangères pour que les citoyens sachent bien à quoi ils pourraient s’attendre en cas d’incidents, ou pire, d’accidents dans une de ces centrales. Le responsable de l’ASN (autorité de sureté nucléaire) n’exclut nullement qu’un des réacteurs des nombreuses installations françaises puisse exploser à la manière d’un Fukushima-bis alors même que bien des centrales sont situées près de centres urbains importants ou près de frontières communes avec l’Allemagne ou la Suisse. Il faut savoir regarder plus loin que le bout de sa frontière.

Récemment, un incident (impossible autant qu’improbable d’après les experts) a cependant eu lieu dans la centrale de Paluel, en Seine-Maritime. Un engin de levage mal conduit ou peu approprié a permis la chute d’un générateur de 450 tonnes sur l’enveloppe externe d’un réacteur ne causant, paraît-il, aucun dommage notable. Ainsi, il est une nouvelle fois prouvé qu’une maladresse d’origine humaine peut entraîner une succession de problèmes dont on ignore jusqu’où ils conduiront l’entreprise EDF…tant il est vrai que la France, au contraire des Pays-Bas, par exemple, n’a pas imaginé de mettre en place des actions urgentes et immédiates au bénéfice des populations les plus concernées. La zone des 10 kilomètres semble bien étroite quand le nuage de Tchernobyl a envahi toute l’Europe qu’elle soit orientale ou occidentale.

Au-delà du vieillissement des centrales, des erreurs humaines non toujours maîtrisables, des accidents naturels sismiques ou marins, du recyclage des déchets et surtout de la maîtrise des fermetures de centrales non aboutie, on s’étonne que des Fillon ou des Sarkozy osent vanter l’énergie nucléaire comme une énergie prioritaire dans le paysage français. Sont-ils inconscients, démagogues ou non informés ? Sont-ils à ce point irresponsables qu’ils souhaitent mettre tous leurs œufs dans le même panier alors que l’Allemagne a décidé de mettre fin à sa filière nucléaire, que le Japon réfléchit à des solutions alternatives, et que les centrales EPR de Finlande ou de Grande-Bretagne semblent bien être des puits sans fond ou plutôt des gouffres financiers.

Sarkozy ne veut pas fermer Fessenheim ni réduire à 50 % la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité en 2025. L’ancien président et, je l’espère, le futur vaincu de la primaire des ex-UMP ou de l’élection présidentielle si par malheur il était le candidat de la droite, est un grand ami du lobby de l’électronucléaire, très (trop) puissant en France. Il ne faut pas chercher ailleurs ses prises de position aussi irresponsables qu’inconscientes et pas à la hauteur d’un projet nouveau et du 21e siècle.

1 mai 2016

Françoise Chapron répond à Jean-Louis Ernis : « Pierre Mendès France fut une sorte de lanceur d'alerte »


M. Jean-Louis Ernis m'a adressé un commentaire publié à la suite de mon billet (1) sur le livre que Mme Françoise Chapron a consacré à l'action de Pierre Mendès France. J'aurais pu à mon tour commenter l'argument de M. Ernis mais j'ai préféré laisser la parole à Mme Chapron. N'ai-je pas écrit qu'elle connaissait Pierre Mendès France comme personne ? Fort aimablement, elle a accepté de répondre à M. Ernis dont elle ne désapprouve pas, par ailleurs, certains des propos.

« J'ai éprouvé quelque perplexité devant le commentaire posté par une personne qui au moins a donné son nom mais que je ne connais pas, à propos de la présentation faite par Jean-Charles Houel  de mon ouvrage consacré à Pierre Mendès France la République en action. Les motivations et éléments avancés ne semblent pas très limpides, voire tendancieux.

Sur le point de litige
L' auteur,  qui se dit admirateur de PMF, avance un fait précis le refus de celui-ci du vote du traité du Marché commun en 1957 comme élément attestant du caractère visionnaire de PMF face à  l'échec aujourd'hui, selon M.Ernis, de ce traité créant une Europe ultra libérale.
Afin de justifier cette opinion  qui appartient à son auteur,  opposant de gauche sans doute au traité de 2005, celui-ci se livre à une attaque en règle de Jean-Charles Houel dans des termes agressifs voire injurieux, au motif que celui ci n'aurait pas cité ce vote négatif dans les moments importants de la carrière de PMF.

Sur la pertinence du reproche
Le manque de cet élément dans l' énumération des décisions courageuses de PMF, faite par JCH à la fin de son quatrième paragraphe, pouvait faire l'objet d'une observation  pertinente sur l'absence du vote sur le traité du marché commun en disant pourquoi ou en quoi.  Mais quand on rend compte d'un ouvrage, on peut hiérarchiser ses choix. Peut-être aurait il  été utile de mettre par prudence des points de suspension !
Pour autant, citer en priorité  la démission de 1945 et celle de 1956 en tant que membre du gouvernement  sur deux questions majeures de notre histoire de la France contemporaine qui ont eu des conséquences dramatiques et anticipées par Pierre Mendès France,  n'est pas choquant.
On aurait pu citer ce fait aussi dans les actes de courage cette décision que nul n'avait prise de présenter au Parlement, ce traité de la CED voulu par la France et non ratifié , qualifié de « crime du 30 août » d'autant que la solution négociée ensuite dans les Accords de Londres et Paris instituant le Traité de l' UEO, plus équilibré et moins soumis au leadership unique des Etats Unis, est encore en vigueur en 2016.

Pourquoi réagir ?
Ce qui m'a décidée à intervenir est de l'ordre de l'exigence d'honnêteté intellectuelle que prônait Pierre Mendès France et du respect des ouvrages des historiens qui n'ont pas vocation à être des polémistes ou ils l'assument clairement.
Pour ma part je n'apprécie pas que l'on cite des ouvrages à l'appui d'un argument d'opinion comme la biographie d'Eric Roussel que je connais bien, fort documentée par des archives, dans laquelle je ne vois pas qu'il élude ce vote de 1957.
Quand à moi, je rassure notre interlocuteur sur ma connaissance du texte en son entier des débats de 1957. Pour écrire des biographies telles que les nôtres (ma thèse initiale compte 683 pages et un volume d'annexes de 131 pages que j'ai réduit à 185 pages pour ce modeste ouvrage de synthèse grand public), il est en effet nécessaire d'effectuer un gros travail de lecture et dépouillement de kilos d'archives et lire les débats de l'Assemblée nationale: discours, propositions de lois, questions écrites, (environ 15000 par législature) comme ceux des assemblées départementales ou municipales. C'est la base même du métier d'historien, comme de vérifier les faits pour un journaliste digne de ce nom.
L'attaque portée contre Jean-Charles Houel dont je sais la déontologie journalistique, qui n'exclut pas un regard engagé  sur le monde, légitime du moment qu'il y a un souci d'honnêteté intellectuelle, et que je connais et apprécie depuis 1980, début de mes recherches, est déplacée  et ressemble à une mauvaise polémique ad hominem dont mon ouvrage semble le prétexte.

Lire avant de critiquer
Surtout,  comment se permettre de contester le contenu du compte rendu d'un ouvrage qu'on n’a pas lu. Et l'avouer naïvement. Certes il est d'usage trop fréquent chez certains commentateurs ou hommes politiques et quelques critiques culturels de s'aventurer à commenter  ou critiquer ce qu'ils ne connaissent pas ou n'ont pas lu ou vu. Cela n'en est pas moins une pratique détestable et condamnable.
 
A la lecture de mon ouvrage, que je lui recommande vivement car s'il aime Pierre Mendès France, il le retrouvera dans son action politique régionale très mal connue, il aurait pu constater que j'ai mis en valeur à chaque fois que nécessaire le côté visionnaire ou la pertinence anticipatrice du « Cassandre » de la République dans différentes périodes ; des exemples concrets d'anticipation sont cités largement de 1930 à 1962.
Sur le Marché Commun (pages 126-127) j'explique que « sur le vote du traité, il a avancé des critiques comprises comme une opposition à la construction européenne, alors qu'il a surtout mis en garde sur la fragilité économique de la France dans le nouvel ensemble et les dangers de législations sociales et fiscales nuisibles pour la compétitivité économique de la France, ainsi que le risque de chômage et de concurrence avec l'Allemagne en regrettant le choix d'un processus de construction trop libéral ». Il fera de même sur le danger des institutions de la V° république  au risque  de l'échec en 1958 et 1962.

Oui, PMF fut par son intelligence et son sens de l'intérêt de la France et des citoyens, une sorte de « lanceur d'alerte » agissant avant que ne se produisent les événements et assurément certaines de ses analyses sont encore d'actualité. Comme celle sur la probité de la vie publique (voire privée, ce qu'il ne séparait pas). Donc je n'ai pas de désaccord sur le propos de M. Ernis.

Une polémique sans raison historique
Mais l'esprit et la méthode sont bien peu fidèles à l'exigence de respect des idées et  de vérité qui caractérisait Pierre Mendès France, lui qui travaillait à fond ses dossiers, pour ne dire que la vérité des faits puisée aux meilleures sources, écoutait et dialoguait avec chacun sans préjugé même si il mettait quelque entêtement à convaincre ses interlocuteurs.
Dommage d'avoir créé une navrante polémique sur un fait que la lecture préalable de mon ouvrage aurait désamorcée d'emblée. A moins que ce message ne relève que d'une forme de mauvaise querelle consternante s'adressant au blogueur !
Mon livre étant en cause sans être lu, j'ai demandé à  répondre en historienne, me sentant solidaire de JC Houel,  petitement mis en cause. Pierre Mendès France aurait détesté la procédure employée.
« Beaucoup de bruit pour rien finalement » et Talleyrand disait que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Merci à Jean Charles d'avoir mis en valeur avec talent, lui aussi, cet ouvrage. Et de m'avoir laissé la parole Ici. » 

(1) Pour ceux qui n'auraient pas lu le commentaire de Jean-Louis Ernis, je le publie à nouveau : « Jean-Charles Houel ne dit pas tout ! Faire l’éloge d’une personnalité remarquable comme fut Pierre Mendès France nécessite une totale indépendance d’esprit.
Faire les commentaires d’un livre oblige à tout dire, même si ce livre fait des impasses historiques. Je n’ai pas lu l’ouvrage de Mme Françoise Chapron, j’en ai lu d’autres, celui d’Eric Roussel par exemple.
Je ne sais si l’ouvrage en question évoque le positionnement de PMF sur le Traité de Rome, mais faire des commentaires en mettant en exergue les moments forts de la carrière de cet homme en « oubliant » le vote négatif du Député de Louviers sur le Traité de Rome le 18 janvier 1957 à l’Assemblée Nationale, m’interroge. Faire l’impasse sur le discours complet et détaillé justifiant le positionnement de Mendès France me sidère. Et pourtant, quelle clairvoyance.
Cinquante ans après, nous sommes en plein dans la situation qu’il redoutait. Jean-Charles Houel n’est pas le seul à biffer cet évènement historique. A l’heure où le rejet de cette construction ultralibérale de l’Union Européenne fait monter l’extrême droite dans toute l’Europe, il y en a encore qui se comportent comme l’équipage d’un navire voyant les récifs se rapprocher dangereusement, obstrue la longue vue et fonce à toute allure sachant que l’échouage est assuré !
Oui, Pierre Mendès France était un visionnaire, y compris sur la construction européenne. »