6 janvier 2014

« Vous n'imaginez pas tout ce que Citroën peut faire pour vous »


Une fois de plus c’est le site d’informations Médiapart qui nous apprend un fait vieux de quelques mois mais non porté à la connaissance du public. Une brigade de sécurité de la SNCF s’est livrée, semble-t-il pendant des années, à des agressions verbales, voire physiques, de type raciste, notamment à l’égard de passagers maghrébins. Il a fallu que des destinataires de SMS et de messages outranciers alertent le déontologue de la compagnie de chemin de fer pour que cette scandaleuse attitude soit mieux connue dans le milieu des cheminots. Et au dehors. Et comme il ne semble pas que la direction de la SNCF se soit réellement inquiétée de ces déplorables agissements, j'ai demandé à François Loncle, député, de poser une question écrite au ministre de l'Intérieur et à celui des transports afin de savoir s'ils comptent agir pour sanctionner les auteurs de ces « blagues » racistes et de ces comportements en contradiction avec leur devoir.
Sans entrer dans les détails des propos tenus par ces racistes « ordinaires » sachez qu’ils véhiculaient des blagues d’un très mauvais goût du genre : « trois jeunes maghrébins tués dans l’accident de leur Picasso…deux ratons meurent dans l’accident de leur Saxo…Vous n’imaginez pas tout ce que Citroën peut faire pour vous ! » Et le reste à l’avenant.
Je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas laisser un poil de sec à ces racistes à la petite semaine. Ils véhiculent des idées putrides, des pensées rebutantes. C’est avec des gens comme ceux-là qu’un Dieudonné peut tromper son monde, qu’un Faurisson répand des énormités mensongères, qu’une Le Pen fait son miel (produit noble s’il en est) sur le dos des minorités, quelles que soient la couleur de la peau, la religion, ou la situation sociale.
Daniel Schneiderman, dans une tribune parue dans Libération, affirme qu’on ne viendra pas à bout de ces idées « morbides et mortelles » (1) par l’anathème moral ou l’interdiction des spectacles de Dieudonné l’insolvable.
Par l’éducation, la connaissance et la reconnaissance, le dialogue, chacun d’entre nous est apte à comprendre l’inanité de ces théories d’un autre âge. Il faut sans cesse le répéter, le diffuser : le racisme ne passera pas ! Les leçons de l’histoire peuvent nous aider dans cette tâche mais le travail essentiel doit se faire dans les familles, dans leur ouverture d’esprit et leur compréhension du monde.
Dans l’attente d’une évolution forcément lente, on attend donc de nos gouvernants qu’ils poursuivent sans relâche tout propos, tout geste, toute attitude dont il est prouvé que le racisme ou la xénophobie en est la motivation.
(1) expression de Christiane Taubira.

5 janvier 2014

A Val-de-Reuil, la droite républicaine peine à constituer une liste municipale…


A quelques semaines des élections municipales à Val-de-Reuil, il semble que Mme Cascajarès, UMP et conseillère municipale sortante, éprouve quelques difficultés pour constituer une liste de droite qui tienne la route. Il fut une époque — il y a trente ans exactement — où cette droite se montrait active et présente dans l’opposition à Bernard Amsalem, alors maire.
Ce n’est pas sans pincement au cœur que les militants de l’UMP et de l’UDI, (re)découvriront les visages des hommes et des femmes qui, en 1983, défendaient les couleurs de la droite républicaine. Mais demain, comme hier, les Rolivalois de droite ne pourront pas compter pour gagner la mairie, les 23 et 30 mars prochains, sur leurs courageux représentants, surtout candidats…à la défaite et donc à l'opposition permanente. (photo Jean-Charles Houel)

« Il faut commencer par cesser d'être professeur pour pouvoir l'être »…le message de Jean-Pierre Vernant aux enseignants


Mara Goyet, enseignante en histoire et en géographie tient un blog sur le site du Monde. Elle y rend hommage à Jean-Pierre Vernant qui aurait eu cent ans aujourd’hui. Elle a reproduit un extrait d’un texte de cet humaniste qui parle si bien de ce que peuvent être les relations entre professeurs et élèves. Elle écrit : « Il y  a chez lui une manière simple et subtile de faire le lien entre une conception de la classe et une conception, plus large, de la société, de la vie, de penser l’autorité sous le jour d’une esthétique et d’une éthique de la relation sociale qui est, à mes yeux, fondamentale. »
« Un professeur fait du théâtre quand il arrive dans une classe. Mais il y a différentes manières de s’y prendre. On peut taper sur la table et faire sentir toute la distance qui sépare les élèves du professeur. On peut aussi jouer le jeu inverse, et c’est ce que je faisais quand j’enseignais au lycée : non seulement en tutoyant les élèves, mais en s’efforçant d’abolir, jusque dans sa tenue vestimentaire et son vocabulaire, tout indice d’une autorité conférée par une hiérarchie sociale. Évidemment, le professeur sait bien, quelle que soit la stratégie qu’il adopte, que ce n’est pas la même chose d’être élève et d’être professeur. Celui qui est sur le banc et celui qui est derrière le bureau n’ont pas le même statut. La stratégie de la non-distance peut être très adroite ou, au contraire, amener celui qui l’emploie  à la catastrophe. Mais s’il y recourt plutôt qu’à une autre, ce n’est pas par pure stratégie. C’est parce qu’elle correspond à l’idée qu’il se fait du rapport entre maître et élève, de ce qu’est un groupe. Si on entre dans le jeu de l’abolition de la hiérarchie, ce n’est pas simplement de l’habileté, c’est aussi une esthétique, et une éthique de la relation sociale.
Il faut commencer par cesser d’être professeur pour pouvoir l’être. Cela signifie obligatoirement — à mon avis c’est une idée grecque — que toute relation sociale, avec une classe comme avec le groupe dans lequel on s’est engagé dans la Résistance, implique un ciment qui est l’amitié. Cet élément fondamental est le sentiment d’une complicité, d’une communauté essentielle sur les choses les plus importantes. Dans le rapport du professeur avec ses élèves, c’est le fait de partager une certaine idée de ce que doit être quelqu’un, d’avoir en commun une certaine forme de sensibilité, d’accueil à autrui, de s’accorder sur l’idée qu’être autre signifie aussi être semblable. »

4 janvier 2014

Cessons de trier entre bons et mauvais cadavres !


Je découvre, au détour d’un article, que les thanatopracteurs ne sont pas autorisés et ce, depuis 1998, à apporter des soins de conservation aux personnes décédées des suites du SIDA ou des hépatites B et C. Ces règles ont été édictées pour protéger ces professionnels des éventuels accidents comme jets de sang, piqures, coupures, susceptibles d’altérer leur santé. 1998, ce n’est pas si loin, c’était hier. Dit plus crument, ces victimes des suites de maladies ne sont pas des victimes comme les autres puisque leur dépouille n’est pas une dépouille comme une autre.
Eu égard à la meilleure connaissance que les scientifiques ont de ces maladies, on connaît aujourd’hui les moyens à mettre en œuvre pour protéger les thanatopracteurs durant leur intervention. Mais les règlements ne changent pas. Alors que les socialistes ont déclaré, il y a plusieurs mois, que ces mesures discriminatoires étaient choquantes et qu’il convenait de les supprimer, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, met en avant une décision interministérielle pour en retarder la décision formelle.
Elle a tort. Et Jean-Luc Romero, actif militant de la cause anti-SIDA, fervent partisan du droit de mourir dans la dignité, est également l’un de ceux qui réclament à cors et à cris la modification rapide des règles, il ne manque donc pas de rappeler la ministre à ces devoirs. Parmi eux, l’égalité de traitement des corps des victimes de maladies dont un certain imaginaire collectif s’est emparé pour les classer au ban de la société. Un gouvernement de gauche s’honorerait en édictant rapidement la fin de ce tri entre bons et mauvais cadavres. Si on ne peut plus rien pour ceux qui sont partis, on peut faire beaucoup pour ceux qui restent.

NKM avale la fumée…de travers


« Je suis amoureuse d’une cigarette, la sainte journée, elle me colle au bec…»Voilà la chanson de Jacques Higelin qui va…coller à NKM durant toute sa campagne municipale parisienne. La photo a fait le tour de la toile et le photographe de SIPA, auteur du cliché, doit se frotter les mains. Peut-être même va-t-il s’en rouler une. Elle aura sans doute autant de succès que celle de la vadrouille de NKM dans le métro, là où cela sent bon l’aisselle réchauffée.
Rappelons les faits. Au cours de la semaine de Noël, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris est partie en maraude, nuitamment, pour aller saluer prostitué(e)s et SDF histoire de toucher la réalité inconnue à Longjumeau. La sincérité du geste aurait voulu qu’il n’y ait eu ni témoins ni photographes. Mais chassez le naturel, il revient au galop et c’est grand plaisir de voir NKM, cheveux au vent et blouson de cuir sur l’épaule, se faire allumer sa cibiche par un sans logis dont, rappelons-le, Nicolas Sarkozy voulait la disparition de nos rues et de nos villes. S’encanailler, c’est tellement bon !
Marie-Arlette Carlotti, en charge de la lutte contre l’exclusion, a sorti un communiqué ravageur dans lequel elle écrit à l’intention de NKM : « vous posez, tel un mannequin en compagnie de personnes à la rue, feignant la décontraction et la sympathie. Votre ambition ne vous autorise pas à instrumentaliser les personnes démunies. Des personnes qui auraient bien eu besoin que vous fassiez preuve de solidarité et de fraternité à l’époque où vous étiez au pouvoir mais qui n’ont eu droit qu’à la condescendance au mépris et à la violence de votre politique…»
L’attaque est sans pitié mais la déculottée est méritée. Fragilisée par les maintes dissidences au sein de son camp, affaiblie par la sérénité d’Anne Hidalgo (elle fait un sans faute) NKM n’a pas encore trouvé le bon tempo. Tantôt, elle est en retard d’un wagon, tantôt elle va trop vite et se prend les pieds dans le tapis. Une campagne électorale a ses règles. Elles n’empêchent pas l’innovation ou l’originalité. Mais aller se faire allumer son clope par un SDF, c’est un coup à avaler la fumée de travers…

3 janvier 2014

David Cameron se moque de la France et de notre modèle français…« non négociable »


La fortune de Bill Gates, le patron de Microsoft est estimée à près de 80 milliards de dollars. En 2013, elle s’est accrue de 16 milliards de dollars. C’est assurément l’homme le plus riche de la terre. Que peut-on faire avec autant d’argent ? Créer, par exemple, une fondation avec son épouse ? C’est fait et il y a déjà injecté 28 milliards de dollars, ce qui ne se trouve pas sous le pied d’un cheval.
Est-ce mérité, légitime, moral ? Une chose est sûre. Bill Gates n’a pas volé son argent. Sa richesse est le résultat d’un état d’esprit conquérant servi par un cerveau bien développé et un talent de surdoué. Qui a fait sa fortune ? Vous et moi. Tous les acheteurs de PC et autres machines fonctionnant sous Windows. Il a également dû s’entourer de financiers avertis sachant placer son argent ailleurs que sur des livrets A et dans l’immobilier dont la valeur varie selon les lois du marché. Une chose est sûre : la crise des subprimes l’a peu affecté.
Est-ce trop d’argent pour un seul homme ? Il s’agit là d’un jugement moral. Personnellement, je pense que oui. Mais ce qui touche à l’argent, aux moyens de devenir riche, de le devenir encore plus, toujours plus, devrait choquer tout un chacun, soulever des protestations collectives. Le communisme à la soviétique ayant produit les fruits que l’on sait, il ne se trouve pas beaucoup d’opposants aux lois du marché. Lois évidemment édictées par ceux qui en vivent et ont intérêt à ce que la machine continue de tourner et si possible dans le même sens.
Quand David Cameron se moque de la France et de notre modèle français « non négociable » comme l'a redit le président de la République, il ne fait rien d’autre qu’alimenter cette machine. Pourtant, je ne suis pas certain que l’exemple britannique soit à suivre. Sous Mme Thatcher, les services publics ont été démembrés, démolis et les privatisations engagées tous azimuts. Je connais des Britanniques qui traversent aujourd’hui le Chanel (par le Shuttle) pour se faire soigner les dents ou se faire poser des prothèses de hanche. La santé à la française, voilà un exemple à suivre…
Comme la Livre n’est pas dans la zone euro, Cameron joue la dévaluation compétitive, le chômage non indemnisé, la City toujours plus influente. Depuis le fameux « I want my money back » on sait que les Britanniques ne sont Européens que pour le meilleur. Ils laissent le pire à la piétaille dont la France, l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Mais l’union c’est pour le meilleur et pour le pire, n’est-il pas ?Je me demande si le général de Gaulle n'avait pas raison en refusant l'entrée de la Grande-Bretagne dans l'Europe. De 1940 à 1944, il avait eu le temps de les apprécier. Et de savoir que leur regard serait toujours tourné vers l'ouest et pas vers le continent.

1 janvier 2014

Meilleurs vœux, happy new year, feliz año nuevo, gutes Jahr, buono anno, bom ano, καλό έτος


En ce premier de l’an, il est de bon ton de présenter ses vœux à ceux qu’on aime, qu’on estime et aussi à tous ceux et celles avec lesquels on partage des idées, des activités, des buts communs. Je ne m’exonère pas de cette tradition et vous présente, cher(e)s lecteurs et lectrices, connu(e)s et inconnu(e)s, mes meilleurs vœux à l’aube de cette année 2014.
Je suis heureux de vous informer que ce blog, grâce à vos visites, connaît un succès grandissant. Il m’incite à poursuivre une tâche totalement bénévole et désintéressée. Je vous invite, même si c’est difficile, à me faire connaître vos remarques et vos accords (ou désaccords) avec les points de vue que je défends sur les sujets essentiellement politiques, objets principaux d’intérêt de ce blog.

L’accident de ski de Michaël Schumacher conduit à plusieurs constats. La banalité, d’abord, qui fait qu’un grand champion spécialiste du danger peut, lui aussi, être victime d’un accident causé par des éléments d’une dramatique simplicité. L’émotion générale, ensuite, légitimée par la notoriété de la victime et le charisme encore vif régnant autour de sa personne. L’attention médicale, encore, démontrant qu’en France, il n’y a ni héros ni exception : Schumi est traité comme n’importe quel malade, avec toute l’attention et toute la rigueur médicale nécessaire. L’intérêt médiatique, enfin. Toutes les télés, tous les journaux de notre continent actualisent l’état de santé de l’ancien pilote de formule 1 heure après heure.
La hiérarchie des informations est ainsi faite que le sort de Michaël Schumacher intéresse plus les Français et les autres européens que les drames de Bangui, les morts d’Alep et les violences au Soudan ou en République populaire du Congo. Peut-on se le reprocher ?

Manuel Valls soulève une question de fond en s’interrogeant sur la possibilité d’interdire préventivement les spectacles de Dieudonné. Philippe Bilger, ancien procureur général, interrogé dans l’émission C à dire, considère que l’état de droit et la loi ne permettent pas, au nom de la liberté d’expression et de réunion, de procéder à cette importante décision. Tous les moyens judiciaires existent, selon lui, pour traîner Dieudonné devant les tribunaux. M. M’bala M’bala a d’ailleurs déjà été condamné à diverses reprises pour incitation à la haine raciale. Le problème est que Dieudonné s’est arrangé pour être insolvable et qu’il ne paie pas ses amendes dont le montant atteint plusieurs milliers d’euros.
Ceux qui s’estiment victimes de Dieudonné, par ses paroles, ses écrits, ses gestes, doivent immédiatement saisir la justice. Il appartiendra ensuite aux juges d’estimer la réalité des délits et de le condamner éventuellement. Philippe Bilger estime que les peines — si peines il doit y avoir et certains propos ne font pas de doute là-dessus — doivent être alourdies pour récidive et que le ministère de la justice doit tout faire pour que Dieudonné casque…c’est en tapant au portefeuille, souvent et concrètement, qu’on amènera cet antisémite et ses financiers à se remettre en cause.
Quant à la «quenelle», tout en reconnaissant qu’il peut s’agir d’un symbole très contestable moralement, M. Bilger voit mal comment un juge pourrait condamner leurs auteurs. L’immoralité n’entre pas toujours dans le champ de la loi, constate-t-il, et c’est d’une certaine manière, heureux.

L’année 2014 sera marquée par deux moments électoraux importants pour la France et les Français. D’abord, les élections municipales les 23 et 30 mars prochains. Ce sera un moment de vérité pour les équipes sortantes. Elles seront jugées sur leur bilan et aussi sur leur projet. Contrairement à de nombreux exégètes, je ne suis pas trop inquiet pour les équipes de gauche. Elles ont souvent fait leurs preuves et le socialisme municipal n’est pas un mot vide de sens.
Partir à l’assaut de la mairie de Louviers, par exemple, sera pour la droite un combat perdu d’avance. On ne gagne pas cette ville sans une préparation lente et minutieuse, un projet construit, une équipe polyvalente en âges, origines, avec un leader connu. A notre connaissance, la droite sous toutes ses formes, ne possède pas ces qualités.
Viendront ensuite les Européennes. Élections «défouloir» par excellence, ces élections donneront peut-être l’occasion à Marine Le Pen de se pavaner sur les chaînes info. Car la France n’est pas comme l’Allemagne. Les élus européens y sont inconnus, leur rôle minimisé eu égard aux choix des candidats dont la plupart sont des élus nationaux recalés, recasés, reclassés. Comment donner crédit à l’Europe quand le rôle de cette Europe-là est à ce point minimisé. Un exemple : Nadine Morano. Battue aux dernières législatives, elle dispute la tête de liste UMP dans sa région à un élu éprouvé et compétent. Si elle est désignée, elle ne fera pas de vieux os à Bruxelles ou Strasbourg. Comme dirait Bernard Accoyer qui la connaît bien : « mais quelle est sa compétence en matière européenne ? » Ce qu’elle attend : le retour de Sarkozy et son éventuelle victoire en 2017 pour récupérer un strapontin…


31 décembre 2013

117 journalistes tués en 2013…au minimum. Pensons aux quatre Français kidnappés en Syrie.


Aux Etats Unis la liberté trouve vite ses limites. (photo JCH)
Selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF), 71 journalistes ont été tués en 2013 en exerçant leur métier, un chiffre en baisse par rapport à 2012, mais qui s'accompagne d'une augmentation "importante" des enlèvements. 
L’institut international de la presse, qui a son siège à Vienne, a comptabilisé quant à lui "au minimum" 117 journalistes tués en 2013. 
Le bilan fait également état d’un nombre important de journalistes enlevés, agressés, blessés sur tous les fronts de la liberté de la presse dans le monde. Évidemment, dans ce palmarès morbide, l’Irak, La Syrie, la Libye, l’Egypte, des pays africains…occupent les sommets des violences. Mais d’autres états dictatoriaux (ou démocratiques) portent atteinte tous les jours aux libertés fondamentales garanties (ou non) par les constitutions.
Est-il nécessaire de souligner combien le métier et le rôle des journalistes sont essentiels au bon fonctionnement des états civilisés et encore plus dans les états qui devraient l’être. Alors qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent d’élargir la palette des informations, le (ou la) journaliste demeure un rouage essentiel pour narrer les faits, les commenter, les crédibiliser. Il existe tellement de possibilités de raconter le monde en truquant une image, en rédigeant une légende fausse, en rapportant des propos tronqués ou déformés. Seul le journaliste passionné, curieux, peut permettre au citoyen exigeant de se faire sa propre opinion sur les faits et sur le sens qu’on peut leur donner.
Pourquoi tant de journalistes tués, kidnappés, blessés ? Les pouvoirs ne supportent pas que leur parole soit contestée, disséquée. Les pouvoirs supportent mal les oppositions, les mises au jour de leurs turpitudes et de leurs malhonnêtetés. Dans les états de droit, il existe heureusement et de plus en plus souvent, des lois de protection des sources, de liberté d’informer, de publier ou de diffuser.
Mais rien, dans ce domaine-là également, n’est jamais acquis. Sans Edward Snowden, on ne saurait rien des atteintes permanentes portées contre la vie privée ou les libertés individuelles ou les secrets industriels et on ne le saurait pas non plus si l’ancien agent de la NSA n’avait trouvé des supports écrits et des médias mondiaux pour relayer les pratiques scandaleuses de ce service d'espionnage des États-Unis.
En France même, aujourd’hui même, les contrôles fiscaux conduits chez Médiapart et au Monde ont-ils un usage autre que celui de créer une pression économique et financière sur des supports indépendants absolument vitaux pour notre vie démocratique ?
Pensons, encore, aux quatre journalistes français enlevés l’été dernier en Syrie et dont on ignore tout : l’identité de leurs ravisseurs, les raisons de leur enlèvement, leurs conditions de détention. Pensons à eux et à leurs familles, leurs peurs, leur attente.

30 décembre 2013

« tu vois les chambres à gaz…dommage » : Dieudonné fait l'objet d'une enquête pour incitation à la haine raciale !


Commentaire de Theodoric posté le 30 décembre à 13h48 sur le site du Monde. « Relire calmement cette phrase : « tu vois les chambres à gaz…dommage », laisser infuser, imaginer ce que cela a été, une minute, des humains comme nous, comme vous, dans le noir, le gaz, la lutte pour la survie, l’entassement des corps, les cris, l’étouffement. Puis la disparition : crémation, « luftmenschen », usine de mort pour la première fois dans l’histoire - C’est ça qui serait « dommage… ». Avoir prononcé cette phrase fait de ce type un salaud. Sans recours. L’horreur de l’esclavage ne justifie rien. »
Ce commentaire fait suite à un article du monde indiquant qu’une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris pour « incitation à la haine raciale » sur les propos antisémites de Dieudonné visant le journaliste de France Inter, Patrick Cohen. En décembre, un reportage de « Complément d'enquête » sur France 2 montrait Dieudonné s'en prenant au journaliste lors d'un spectacle à Paris, et lançant : « Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage. » Anelka, lui aussi, peut aller se rhabiller quand il dit qu’il n’est pas antisémite !

29 décembre 2013

La quenelle d'Anelka ressuscite le fantôme de Knysna et de la grève des footballeurs en Afrique du sud


Nicolas Anelka : la classe personnifiée !
On a sans doute oublié trop vite la fronde honteuse des joueurs de l’équipe de France lors de la coupe du monde en Afrique du sud. La qualification pour la prochaine coupe au Brésil ne doit pas nous faire oublier qu’en ce temps là des joueurs surpayés ont porté atteinte aux valeurs du sport : la loyauté, l’esprit d’équipe, le respect des règles, l’honneur de porter le maillot tricolore et aussi la considération pour des centaines de milliers de Français supporteurs d’une équipe minable.
Parmi les conjurés — appelons les comme cela — sont apparues des vedettes surmédiatisées autrement dit les meneurs. Ce n’est pas le lieu de dresser la liste des joueurs rebelles ni de rappeler les raisons de la révolte contre le coach et l’appareil fédéral. Tout de même, parmi les plus véhéments, les plus violents verbalement en tout cas, Nicolas Anelka sut se distinguer de la masse plus qu’il ne le fit jamais sur aucun terrain de football du monde entier. Sa grossièreté n’eut d’égale que son superbe mépris à l’égard des médias et, finalement, de ses coéquipiers dont certains poussèrent tout de même à la « grève » par solidarité à son égard.
Depuis cet épisode fâcheux, les liens entre l’équipe de France et les supporteurs ou tout simplement les amateurs de football ne sont plus les mêmes. Ces derniers ont compris que l’objectif principal de ces grincheux n’était pas de pratiquer un beau football et de se transcender pour un maillot. Leur objectif essentiel était de gagner plus d’argent ce qui continue d’être leur but actuel.
Anelka n’est plus ce qu’il était mais il continue de véhiculer le poison de « La haine » cette haine que ressentent certains Français nés en France mais non acceptés ou reconnus comme tels. La « quenelle » d’Anelka, hier sur une pelouse anglaise lors d’un match officiel de la première ligue après qu’il a marqué un but pour son équipe, a été faite, a déclaré son entraîneur, « par solidarité avec Dieudonné », « son ami ». Valérie Fourneyron, ministre des sports du gouvernement Ayrault, a jugé ce geste « choquant et écœurant. »
Dieudonné aurait donc besoin de solidarité ? Pour quelles raisons ? Parce qu’il passe son temps à pratiquer l’art de l’allusion raciste avec ses blagues lourdingues et antisémites et qu’une prise de conscience nationale tend à le pousser hors du jeu ? Mais Dieudonné n’est pas fou. Il a trouvé le bon filon. Il est tout de même remarquable que cet homme-là, comme Anelka d’ailleurs, puissent se dire antisystème alors qu’ils en bénéficient bien plus que d’autres. Ils se gavent de salaires indécents — pour Anelka — de produits dérivés et de cachets élevés — pour Dieudonné — que paient les supporteurs ou les spectateurs abusés et dupés. « Ecœurant » dit la ministre. Il arrive même que cela fasse vomir.