Je découvre, au détour d’un
article, que les thanatopracteurs ne sont pas autorisés et ce, depuis 1998, à
apporter des soins de conservation aux personnes décédées des suites du SIDA ou
des hépatites B et C. Ces règles ont été édictées pour protéger ces
professionnels des éventuels accidents comme jets de sang, piqures, coupures, susceptibles
d’altérer leur santé. 1998, ce n’est pas si loin, c’était hier. Dit
plus crument, ces victimes des suites de maladies ne sont pas des victimes comme
les autres puisque leur dépouille n’est pas une dépouille comme une autre.
Eu égard à la meilleure
connaissance que les scientifiques ont de ces maladies, on connaît aujourd’hui
les moyens à mettre en œuvre pour protéger les thanatopracteurs durant leur
intervention. Mais les règlements ne changent pas. Alors que les socialistes
ont déclaré, il y a plusieurs mois, que ces mesures discriminatoires étaient
choquantes et qu’il convenait de les supprimer, Marisol Touraine, la ministre
de la Santé, met en avant une décision interministérielle pour en retarder la décision
formelle.
Elle a tort. Et Jean-Luc
Romero, actif militant de la cause anti-SIDA, fervent partisan du droit de
mourir dans la dignité, est également l’un de ceux qui réclament à cors et à
cris la modification rapide des règles, il ne manque donc pas de rappeler la
ministre à ces devoirs. Parmi eux, l’égalité de traitement des corps des
victimes de maladies dont un certain imaginaire collectif s’est emparé pour les
classer au ban de la société. Un gouvernement de gauche s’honorerait
en édictant rapidement la fin de ce tri entre bons et mauvais cadavres. Si on
ne peut plus rien pour ceux qui sont partis, on peut faire beaucoup pour ceux
qui restent.
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