Aux Etats Unis la liberté trouve vite ses limites. (photo JCH) |
Selon le
bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF), 71 journalistes ont été tués
en 2013 en exerçant leur métier, un chiffre en baisse par rapport à 2012, mais
qui s'accompagne d'une augmentation "importante"
des enlèvements.
L’institut
international de la presse, qui a son siège à Vienne, a comptabilisé quant à
lui "au minimum" 117
journalistes tués en 2013.
Le bilan
fait également état d’un nombre important de journalistes enlevés, agressés,
blessés sur tous les fronts de la liberté de la presse dans le monde.
Évidemment, dans ce palmarès morbide, l’Irak, La Syrie, la Libye, l’Egypte, des
pays africains…occupent les sommets des violences. Mais d’autres états
dictatoriaux (ou démocratiques) portent atteinte tous les jours aux libertés
fondamentales garanties (ou non) par les constitutions.
Est-il
nécessaire de souligner combien le métier et le rôle des journalistes sont
essentiels au bon fonctionnement des états civilisés et encore plus dans les
états qui devraient l’être. Alors qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux
permettent d’élargir la palette des informations, le (ou la) journaliste
demeure un rouage essentiel pour narrer les faits, les commenter, les
crédibiliser. Il existe tellement de possibilités de raconter le monde en
truquant une image, en rédigeant une légende fausse, en rapportant des propos
tronqués ou déformés. Seul le journaliste passionné, curieux, peut permettre au
citoyen exigeant de se faire sa propre opinion sur les faits et sur le sens
qu’on peut leur donner.
Pourquoi
tant de journalistes tués, kidnappés, blessés ? Les pouvoirs ne supportent
pas que leur parole soit contestée, disséquée. Les pouvoirs supportent mal les
oppositions, les mises au jour de leurs turpitudes et de leurs malhonnêtetés.
Dans les états de droit, il existe heureusement et de plus en plus souvent, des
lois de protection des sources, de liberté d’informer, de publier ou de
diffuser.
Mais rien,
dans ce domaine-là également, n’est jamais acquis. Sans Edward Snowden, on ne
saurait rien des atteintes permanentes portées contre la vie privée ou les
libertés individuelles ou les secrets industriels et on ne le saurait pas non
plus si l’ancien agent de la NSA n’avait trouvé des supports écrits et des
médias mondiaux pour relayer les pratiques scandaleuses de ce service d'espionnage des
États-Unis.
En France
même, aujourd’hui même, les contrôles fiscaux conduits chez Médiapart et au
Monde ont-ils un usage autre que celui de créer une pression économique et
financière sur des supports indépendants absolument vitaux pour notre vie
démocratique ?
Pensons,
encore, aux quatre journalistes français enlevés l’été dernier en Syrie et dont
on ignore tout : l’identité de leurs ravisseurs, les raisons de leur
enlèvement, leurs conditions de détention. Pensons à eux et à leurs familles,
leurs peurs, leur attente.
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