27 janvier 2017

Les trois points-clés de l'affaire Fillon trop vite passés sous silence, notamment à la télévision


Les invités de l’émission de la 5 consacrée à l’affaire Fillon, hier après-midi, ont insisté sur certains aspects du dossier mais, selon moi, ont oublié d’autres éléments de ce qui ressemble bien à une affaire. 
A aucun moment, Roland Cayrol ou Caroline Roux n’ont évoqué les 100 000 euros versés pour la contribution intellectuelle de Pénélope Fillon à la « Revue des deux mondes » dirigée par un ancien cadre de Elle, compagne de Franz Olivier Giesbert qui, paraît-il, ne se prive pas pour alimenter en conseils sa tendre moitié. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi M. Giesbert a osé qualifier les idées de Benoît Hamon d’une forme de « trumpisme de gauche ». M. Giesbert hante les rédactions (et les plateaux télé) de tous bords depuis des décennies, du Nouvel Observateur au Figaro, il est devenu la caricature de lui-même et n’est pas à un excès près. 
Deux comptes-rendus de lecture de Mme Fillon, deux ans, 100 000 euros de salaire payés par la société d’un ami de François Fillon. Qui dit mieux ? La justice dira si ces versements relèvent de l’abus de bien social.

Besoin de proximité
Revenons à notre sujet. François Fillon, pour sa défense, raconte qu’il a embauché sa femme parce qu’il a confiance en ses talents et ses compétences et que c’est un moyen de l’avoir proche de lui : « Ma femme a le droit de travailler. » Quand François Fillon a été nommé Premier ministre — durant cinq ans tout de même — son épouse est devenue l’assistante parlementaire de son suppléant originaire de la Sarthe avec un salaire plus que décent (1). Elle n’était plus proche de son mari mais émargeait à là encore à des plafonds surprenants. De quelle proximité parle-t-on ?

Disparue des listes
Autre fait troublant. Quand en 2013 les règles ont changé et obligé les parlementaires à rendre publics les noms de leurs assistants, Mme Fillon a subitement disparu de la liste des bénéficiaires des emplois d’assistants ! Pourquoi ? Alors que François Fillon était redevenu député de Paris et que les compétences de Mme Fillon n’avaient sans doute pas disparu, non plus qu’un besoin en assistants parlementaires, ce besoin de proximité n’était donc plus nécessaire ? Ou avait-on des choses à cacher ?

Rapidité de l'enquête
François Fillon, comme tout citoyen, bénéficie de la présomption d’innocence. Que Mme Valérie Pécresse s’étonne de la « rapidité » de l’ouverture de l’enquête préliminaire démontre seulement qu’elle fait preuve d’une totale mauvaise foi dans la mesure où le parquet financier a agi avec autant de célérité dans l’affaire Baupin, l’affaire du footleaks, des panama Papers et bien d’autres. Et le tout après des révélations de la presse. Les éléments de langage du staff Fillon ont donc été préparés à la va-vite avec beaucoup d’approximation et de fébrilité. Peut-être est-ce la mode des faits alternatifs (2) ?

(1)  Comme les emplois familiaux sont plafonnés autour de 4500 euros, notamment entre conjoints, Mme Fillon a pu être salariée à hauteur de 7900 euros — sans plafond donc — puisqu’au service du nouveau député de la Sarthe, ancien suppléant de son mari avec lequel elle n'a pas les mêmes liens de proximité.
(2)  Faits alternatifs : expression inventée par la cellule communication de Donald Trump pour contrer les vérités dérangeantes. Ces faits alternatifs ne sont que purs mensonges.

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