Les invités de l’émission de
la 5 consacrée à l’affaire Fillon, hier après-midi, ont insisté sur certains
aspects du dossier mais, selon moi, ont oublié d’autres éléments de ce qui
ressemble bien à une affaire.
A aucun moment, Roland Cayrol ou Caroline
Roux n’ont évoqué les 100 000 euros versés pour la contribution intellectuelle de
Pénélope Fillon à la « Revue des deux mondes » dirigée par un ancien cadre de Elle,
compagne de Franz Olivier Giesbert qui, paraît-il, ne se prive pas pour
alimenter en conseils sa tendre moitié. On comprend mieux, dans ces conditions,
pourquoi M. Giesbert a osé qualifier les idées de Benoît Hamon d’une forme de «
trumpisme de gauche ». M. Giesbert hante les rédactions (et les plateaux télé) de
tous bords depuis des décennies, du Nouvel Observateur au Figaro, il est devenu
la caricature de lui-même et n’est pas à un excès près.
Deux comptes-rendus de
lecture de Mme Fillon, deux ans, 100 000 euros de salaire payés par la société
d’un ami de François Fillon. Qui dit mieux ? La justice dira si ces
versements relèvent de l’abus de bien social.
Besoin de proximité
Revenons à notre sujet. François
Fillon, pour sa défense, raconte qu’il a embauché sa femme parce qu’il a
confiance en ses talents et ses compétences et que c’est un moyen de l’avoir
proche de lui : « Ma femme a le
droit de travailler. » Quand François Fillon a été nommé Premier ministre —
durant cinq ans tout de même — son épouse est devenue l’assistante
parlementaire de son suppléant originaire de la Sarthe avec un salaire plus que
décent (1). Elle n’était plus proche de son mari mais émargeait à là encore à
des plafonds surprenants. De quelle proximité parle-t-on ?
Disparue des listes
Autre fait troublant. Quand
en 2013 les règles ont changé et obligé les parlementaires à rendre publics les
noms de leurs assistants, Mme Fillon a subitement disparu de la liste des bénéficiaires
des emplois d’assistants ! Pourquoi ? Alors que François Fillon était
redevenu député de Paris et que les compétences de Mme Fillon n’avaient sans
doute pas disparu, non plus qu’un besoin en assistants parlementaires, ce
besoin de proximité n’était donc plus nécessaire ? Ou avait-on des choses à cacher ?
Rapidité de l'enquête
François Fillon, comme tout
citoyen, bénéficie de la présomption d’innocence. Que Mme Valérie Pécresse s’étonne de
la « rapidité » de l’ouverture de l’enquête préliminaire démontre seulement qu’elle
fait preuve d’une totale mauvaise foi dans la mesure où le parquet financier a
agi avec autant de célérité dans l’affaire Baupin, l’affaire du footleaks, des
panama Papers et bien d’autres. Et le tout après des révélations de la presse.
Les éléments de langage du staff Fillon ont donc été préparés à la va-vite avec
beaucoup d’approximation et de fébrilité. Peut-être est-ce la mode des faits alternatifs (2)
?
(1)
Comme les
emplois familiaux sont plafonnés autour de 4500 euros, notamment entre
conjoints, Mme Fillon a pu être salariée à hauteur de 7900 euros — sans plafond
donc — puisqu’au service du nouveau député de la Sarthe, ancien suppléant de
son mari avec lequel elle n'a pas les mêmes liens de proximité.
(2)
Faits
alternatifs : expression inventée par la cellule communication de Donald
Trump pour contrer les vérités dérangeantes. Ces faits alternatifs ne sont que
purs mensonges.
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