Il n’y a pas à tortiller.
Pour éviter l’affaire Pénélope Fillon comme on avait eu avant l’affaire Le
Maire, l’Affaire Copé, l’Affaire Bartolone, et éviter des soupçons mortifères
pour leurs auteurs en particulier et les parlementaires en général, je ne vois
qu’un moyen. Il est réglementaire. Les députés et les sénateurs doivent se
doter d’un règlement interdisant l’embauche des conjoints, des enfants, des
membres de la famille en un mot, comme assistants parlementaires. Il faudra
aussi éviter les embauches croisées destinées à contourner les règles. Point
barre comme dirait le chargé de communication de Donald Trump.
Les députés européens se
trouvent déjà dans ce cas et le parlement européen ne s’en porte pas plus mal.
A Strasbourg, les emplois fictifs du Front national et qui font actuellement l’objet
de procédures judiciaires sont d’un autre ordre. La famille Le Pen et quelques députés
frontistes ont rémunéré sur des fonds publics européens des permanents du
FN qui n’ont jamais mis les pieds dans les instances européennes ! Quand
on pense que ces dirigeants du FN nous font la leçon à longueur de journée,
qu’ils dénoncent un système dont ils abusent et qui les nourrit.
Au fait, je me demande bien
quel travail Mme Fillon a bien pu fournir pour un salaire de 7900 euros brut
mensuel ! C’est plus que l’indemnité de base du député Fillon ! Je
connais des assistants parlementaires à Paris et en province qui sont employés
à temps complet, font donc leurs 35 heures par semaine, tiennent des
permanences, préparent des courriers, rédigent des questions écrites, des
communiqués de presse, assurent des rendez-vous avec les citoyens. Ils gagnent
2600 euros mensuels et s’estiment correctement rémunérés.
Les défenseurs des Fillon
assurent la main sur le cœur que Mme Fillon ne se met jamais en avant, qu’elle
est bardée de diplômes…et j’ai même entendu un sénateur affirmer qu’un
parlementaire est un employeur et qu’à ce titre, il est le seul à pouvoir juger
du travail des salariés qu’il emploie. Le mérite universitaire de Mme Fillon
n’est pas en cause. Tout le monde n’est pas M. Ladreit de la Charrière qui a
versé 100 000 euros à Mme Fillon pour deux comptes-rendus de lecture en…deux
ans ! C’est pourquoi l’enquête préliminaire relève d’ailleurs l’abus de
bien social. S’agissant de fonds publics, leur utilisation doit respecter un
objectif : servir l’intérêt général, pas des intérêts particuliers. Le
travail parlementaire étant spécialisé et pointu, les citoyens peuvent
comprendre qu’un député ou un sénateur soit aidé de personnes compétentes.
Sans atteindre, sans doute,
le degré d’analyse et de sophistication de Mme Pénélope comme j’aurais aimé que
mes piges, celles que j’adressais aux journaux parisiens qui avaient eu la
bonne idée de faire appel à mes services il y a deux décennies, soient rétribuées
à cette hauteur. Rendez-vous compte monsieur François Fillon, candidat à la
présidentielle, ce qu’il faut de labeur, de temps passé, d’efforts et de
sérieux de la part d’un homme ou d’une femme ordinaire pour gagner 100 000
euros ! Et c’est vous qui allez demander aux Français de faire encore plus
d’efforts, qu’ils se serrent encore plus la ceinture pour satisfaire votre
programme brutal, on le savait, et injuste, on s’en doutait.
Car c’est là que le bât
blesse. L’affaire judiciaire est une chose. M ; Fillon, ce soir à TF1
trouvera tous les dossiers et tous les agenda du monde qu’il veut. On le croira
sur parole. Mais l’affaire politique est celle qui intéresse tous les Français.
Ce candidat à la présidence nous a-t-il tout dit, que nous cache-t-il
encore ? La transparence absolue est une forme de tyrannie. Certes, chaque
individu doit pouvoir recéler sa part de secrets. Un homme public, candidat à
la présidence, ne doit pourtant pas être celui qu’on menace, qu’on peut faire
chanter, qu’on peut faire taire. Rien dans l’armoire, rien dans les placards.
C’est vrai pour M. Fillon, ça l’est aussi pour M. Macron et tous les autres.
PS / j’ai regardé et écouté François
Fillon ce soir sur TF1. Pénélope ? «
Je l’aime et je la protégerai jusqu’au bout » a-t-il déclaré avant d’annoncer
qu’il allait porter plainte contre les journaux qui affirment que l’emploi de
Pénélope Fillon était fictif. Qu’il aime sa femme, est-ce le sujet ? Franchement,
M. Fillon était pathétique. Il a quand même promis que s’il était, un jour, mis
en examen, il renoncerait à sa candidature à la présidence de la République.
Les policiers vont maintenant éplucher le dossier que Me Antoine Lévy, avocat,
leur a apporté cet après-midi devant trente caméras et cinquante journalistes.
Le feuilleton Fillon ne fait que commencer.
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