Pierre Mendès France aux Monts en 1978. photo JCH |
Que se passe-t-il ?
Est-ce l’élection de Trump ? La campagne du Brexit ? Toutes deux
ayant démontré que les mensonges, les affirmations infondées, ont abouti aux
résultats désastreux que l’on sait ? Face au torrent d’âneries et de
contre-vérités, nos hommes politiques, ceux de gauche plus que ceux de droite
évidemment, font sans cesse référence aux écrits et à la pratique politique de
Pierre Mendès France. Il fut, en effet, un de ceux qui affirmèrent que toute
vérité est bonne à dire. Qu’en politique il convient d’expliquer aux citoyens
le sens de l’action afin qu’ils comprennent, soutiennent ou contestent en toute
connaissance de cause la politique suivie par leurs dirigeants. Pour lui, quel
qu’en ait été le risque (la défaite parfois) la grandeur du pouvoir oblige ses
serviteurs à dire ce que l’on fait et à faire ce que l’on dit plus qu’elle ne
les exempte de leur responsabilité. Pierre Mendès France aurait détesté ce
concept de post-vérité niant les faits au profit des émotions et des
interprétations égocentristes.
Les mendésistes, dont je
suis, constatent avec un certain plaisir que le souvenir de PMF et de ses
axiomes ressurgit à un moment clé de notre histoire. En pleine campagne
présidentielle Vincent Peillon, par exemple, Benoît Hamon aussi, ainsi que
Bernard Cazeneuve, Premier ministre, n’hésitent pas à se revendiquer de celui qui écrivit « gouverner c’est choisir » « la République moderne » ou «
La vérité guidait leurs pas. » Les mannes de l’ancien président du Conseil,
disparu en 1982, rôdent encore au-dessus des têtes de quelques politiques plus
scrupuleux que d’autres.
Mais il ne faudrait pas que
ce souvenir ne produise ses effets que de manière éphémère. Ce n’est pas le
tout de se réclamer de Pierre Mendès France. Encore faut-il mettre ses
préceptes en actes ! Au delà de la méthode et de ses traces dans la
mémoire collective — il gouverna pourtant peu de temps — il semble
indispensable de rappeler, comme l’a si bien fait Françoise Chapron (1) dans un
ouvrage récent, la diversité de l’action locale et départementale de celui qui
fut député et maire de Louviers, président du conseil général de l’Eure. Dans
ces fonctions, dont il retira un vrai bonheur, au plus près des citoyens, il ne
cessa d’agir pour améliorer la vie quotidienne et corriger certaines injustices
sans jamais céder ni sur les principes, ni sur les nécessités
socio-économiques. Au-delà des politiques, dont on ne mesure pas toujours le
degré de sincérité, les citoyens feraient bien de relire les écrits de Pierre
Mendès France ou les biographies que lui ont consacrées Eric Roussel, Jean
Lacouture pour ne citer que les plus illustres. Il reste tant à apprendre de ce
grand homme, de gauche, certes, mais avant tout soucieux de l’intérêt général
et de la marche vers le progrès.
(1) « Pierre Mendés France,
la République en action », Françoise Chapron, éditions infimes, 13 €.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire