Le règlement de la primaire socialiste de 2011. (photo JCH) |
Les primaires, qu’elles
soient de droite ou de gauche, ont plusieurs vertus. Elles permettent de
clarifier les lignes politiques. A droite, la ligne brutale et libérale de François
Fillon a été plébiscitée face à celle d’Alain Juppé qui, même si elle n’avait
rien de tendre pour le modèle social français, était jugée plus acceptable par
une grande majorité de nos compatriotes. Au premier tour, cette primaire « de
la droite et du centre, a permis de régler définitivement son compte à Nicolas
Sarkozy dont les provocations et contradictions ont été massivement désapprouvées
par les participants à cette primaire. Celle-ci a par ailleurs démontré que des
candidatures extérieures auraient été condamnées. Quand l’alternance est au
bout du processus, les desperados n’ont pas leur place dans une course de première
catégorie.
Le paysage à gauche a considérablement
changé avec le renoncement de François Hollande. Cette hypothèque étant levée,
la primaire à gauche a dorénavant pour fonction essentielle de désigner le
champion qui affrontera François Fillon et Marine Le Pen. J’ignore qui, aujourd’hui,
aura le plus de chance de triompher si toutefois la victoire est encore
possible. La campagne des primaires à gauche permettra, comme à droite, de
juger les hommes et les femmes en compétition et leurs programmes ainsi que
leur bilan puisque plusieurs candidats ont été ministres des gouvernements
Ayrault et Valls. Et Mélenchon et Macron ? Ils ont fait le choix de partir
en solo.
Jean-Luc Mélenchon, soutenu
du bout des lèvres par les militants du PCF (1) et l’appareil communiste, n’a
jamais caché qu’il était hostile à la primaire dite « socialiste » mais ouverte
aux écologistes et aux radicaux de gauche s’ils le souhaitent. La France
insoumise ne se soumet pas. Il fera donc cavalier seul et obtiendra, sans
conteste, un succès d’estime. Avec Nathalie Artaud et Philippe Poutou, il se
partagera le vote d’extrême gauche et de certains déçus du Hollandisme même si
les sondages actuels (mais on sait ce que valent les sondages aujourd’hui
depuis le Brexit, Trump et la primaire de droite !) lui donnent une avance
sur les autres concurrents (sauf Macron). Une seule question se pose : Mélenchon
a-t-il une chance de gagner la présidentielle ? Autrement dit a-t-il une
chance de passer le premier tour et de se retrouver face à Fillon ou Le
Pen au second ? Franchement — je peux me tromper — qui croit que Jean-Luc
Mélenchon peut obtenir autre chose que la défaite d’un socialiste puisque
c’est ce qu’il veut avant tout. Pour gagner la présidentielle, il faut réunir
au second tour 50 % et quelques voix de plus que son adversaire du moment. Ce résultat
potentiel exige un élan, une dynamique, une mobilisation en un grand mouvement
des classes moyennes et populaires. Sans nier ses qualités de tribun, de meneur
d’hommes et sans oublier qu’il n’est pas né de la dernière pluie, Jean-Luc Mélenchon
possède-t-il les capacités de rassemblement indispensables à une victoire. Je
suis au regret de constater que Mélenchon, par son agressivité, son ego
surdimensionné, sa volonté de cliver en permanence, s’il est apte à réunir des
foules en liesse, ne ratissera pas assez largement pour séduire les modérés de
gauche sensibles à une recherche de compromis bien utile pour gouverner. L’idée
de la constituante chargée d’écrire la constitution d’une future 6e République
est-elle réaliste quand le tripartisme s’impose dans la France de 2017 ?
On ne modifie pas une constitution avec 35 % des suffrages. Sauf situation
révolutionnaire…
Emmanuel Macron se situe
dans un autre registre. Celui du ni de droite ni de gauche, un créneau
longtemps occupé par François Bayrou dont on ignore aujourd’hui quelle sera son
attitude dans les semaines qui viennent. Lui aussi juge le programme de Fillon
antisocial et dangereux. Affrontera-t-il le suffrage universel une cinquième
fois ? S’il n’y va pas, Macron occupera tout son espace. Si je ne crois
pas, par nature, aux vertus du jeunisme et du renouveau (cf. Bruno Le Maire et
son piteux récent résultat) j’ai le sentiment que Macron fait illusion. La
magie en politique demande qu’on explique les tours de passe-passe et qu’on
comprenne ce qui se trame dans les coulisses. Pour qui Macron roule-t-il ?
A qui s’adresse-t-il ? Si j’osais, je dirais : Macron, combien de
divisions ? A part la division du PS, que cherche-t-il ? Avec Macron on
est dans le brouillard le plus total. Vous me direz, Mélenchon et Macron jouent
l’après mai 2017 et la recomposition inévitable à gauche si le candidat PS ne
gagne pas et surtout s’il est éliminé au premier tour. Tout ça pour ça ?
Il reste une évidence :
si la gauche ne s’unit pas au premier tour de la présidentielle, elle n’a
aucune chance de figurer au second tour et donc d’être élue à la présidence. C’est
ce que souhaitent certains à gauche. Il appartient aux électeurs(trices) éclairé(e)s
de leur donner tort. Nous sommes en décembre 2016, l’élection décisive aura
lieu dans cinq mois et demi. Un peu de patience…
(1) Les cadres du PCF avaient majoritairement voté contre un soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
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