Jérôme Cahuzac a du souci à se faire… |
Après avoir implanté des
cheveux pour faire fortune, Jérôme Cahuzac va devoir s’en arracher
quelques-uns. Condamné à trois ans de prison FERME par le tribunal
correctionnel de Paris pour blanchiment de fraude fiscale (je passe sur la
condamnation de son épouse pour les mêmes faits et elle avec du sursis) l’ancien
ministre du budget de François Hollande n’a pas bénéficié de la clémence des
juges, loin s’en faut.
Comme il est rarissime que
les délits en col blanc soient sanctionnés aussi sévèrement, il faut bien s’interroger
sur le pourquoi de cette peine que les Français jugeront, quant à eux, bien méritée.
Lorsqu’en décembre 2012 le site Mediapart a rendu public l’enregistrement de la
conversation téléphonique de Jérôme Cahuzac avec un correspondant dont on
ignorait le nom et au cours de laquelle il évoquait fort maladroitement un
compte en Suisse chez UBS, il fallait être un député socialiste de base bien
crédule ou un président de la République trop naïf pour ne pas mesurer les conséquences
ravageuses de cet échange.
Dès lors la machine
infernale était en marche et Jérôme Cahuzac allait inventer un système de défense
intenable, fait de mensonges répétés et de formules assassines pour lui-même et
sa fonction. Car M. Cahuzac, ministre du budget, avait vocation à lutter contre
la fraude fiscale, fraude évidemment dénoncée régulièrement par la gauche, et
il allait s’enfermer semaine après semaine, question orale après question
orale, dans le mensonge dont Mediapart et les autres médias s’amusaient.
Comment, cet homme intelligent, bon député et bon ministre, a-t-il pu imaginer
qu’il allait tromper son monde durablement ? A l’heure d’Internet et des réseaux
sociaux, rien ne demeure secret. Rien n’échappe par ailleurs à la sagacité des
journalistes d’investigation dont le métier est justement de fouiner et de
dénoncer les scandales. Est-ce un bien ou un mal ? Un bien évidemment.
Car j’ai tendance à penser
que la démocratie gagne à la transparence et à la dénonciation des crimes et délits
de ceux qui nous gouvernent. Alors qu’on reparle ces jours-ci des disparitions
tragiques des de Broglie, Boulin, Fontanet…sous la règne de Giscard, et que les
mobiles réels des suicides ou des assassinats nous échappent encore, il est sain pour
une démocratie qu’une presse libre de l’influence de l’argent et des pouvoirs,
indépendante des puissants, informe les citoyens des comportements anormaux des
dirigeants et de ceux qui aspirent à gouverner. Les affaires Sarkozy, pour la
droite, empoisonnent le climat depuis trop longtemps.
Les juges, hier, ont
sanctionné le délit, certes, mais également le comportement des Cahuzac. Ils ont mis en exergue, notamment, l'atteinte au bon fonctionnement de la démocratie et insisté sur le rôle éminent des élus et des gouvernants dans la recherche permanente d'une moralité sans tache. Quand on
s’engage en faveur du bien public, on doit être exemplaire. C’est évidemment
contraignant mais c’est la condition de la crédibilité des politiques. A vouloir
s’exonérer des obligations qu’il imposait à tout un chacun, Jérôme Cahuzac a
pris le risque de perdre tous ses mandats, sa respectabilité, son honneur, sa
considération. Il est devenu un paria susceptible un jour de rejoindre les
Botton, Tapie et compagnie derrière les barreaux. Quelle chute !
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