« L’état d’urgence conduit à des décisions arbitraires
des dérives autoritaires. Depuis novembre 2015, plus de trois mille perquisitions
sont intervenues. Elles ont donné lieu à de nombreux dérapages, à un accroissement
des discriminations à l’égard de populations déjà stigmatisées en raison de
leur origine et/ou leur religion supposée ou réelle. Toutes ces mesures, dont l’efficacité
n’est pas démontrée, mettent à mal
la séparation des pouvoirs : l’exécutif s’accapare le pouvoir législatif et relègue
le pouvoir judiciaire hors de son rôle de gardien des libertés.
— Inscrire l’état d’urgence dans la Constitution c’est
graver dans le marbre ce régime d’exception qui permet l’action des forces de sécurité
sans contrôle du juge. Avec les moyens ainsi mis en place, il faut s’inquiéter
des pouvoirs sans contrôle donnés à ceux qui pourraient arriver aux manettes de
l’Etat...
— Inscrire le retrait de la nationalité française aux
binationaux condamnés pour crimes terroristes, c’est porter atteinte au
principe même d’égalité des citoyens, inscrit à l’article 2 de la Constitution,
fondement de la République. C’est instituer, dans la loi fondamentale de notre
pays, deux catégories de Français, ceux qui le seraient et ceux qui le seraient
moins. C’est, de fait, remettre en cause le principe d’une nationalité française ancrée dans le droit du
sol. C’est aussi mettre dans la Constitution une mesure dont personne ne croit à
l’efficacité en termes de lutte
contre le terrorisme, mais réclamée depuis longtemps par le Front national.
C’est banaliser la logique du rejet de l’autre. C’est
s’exposer à ce que d’autres majorités politiques élargissent le champ des actes
conduisant à la déchéance de nationalité.
N’acceptons pas la gouvernance de la peur : exigeons
la sortie de l’état d’urgence !
Nous affirmons qu’il est nécessaire et possible que l’Etat
protège les habitants face au terrorisme, sans remettre en cause les droits et
les libertés. Nous refusons une société du contrôle généralisé, une société qui
glisse de la présomption d’innocence au présumé potentiellement coupable. Ne
donnons pas satisfaction aux terroristes qui cherchent justement à nous faire
renoncer à notre vie démocratique.
L’état d’urgence contribue au renforcement des préjugés
racistes, aux amalgames et aux pratiques discriminatoires. Notre pays a été
blessé, mais loin d’en soigner les plaies, l’état d’urgence risque de les
exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté. C’est
pourquoi, nous demandons la levée de l’état d’urgence et l’abandon de cette réforme
constitutionnelle.
Nous appelons tous les habitants de notre pays à développer
la citoyenneté et à agir pour construire une société solidaire.
Manifestation à Evreux samedi 30 janvier à 14h30, place du Miroir d’eau
Collectif citoyen pour la sauvegarde des libertés et
contre l’état d’urgence
Signataires : ATTAC Louviers, Ligue des droits de
l’Homme (LDH) Réseau Education Sans Frontières (Collectif RESF27) Fédération de
la Libre Pensée (LP27) Union Locale CGT Louviers-Val-de-Reuil, CGT Educ’action
de l’Eure, FSU
Personnalités : Maryannick Deshayes, conseillère départementale,
maire de Tostes, Alexis Fraisse, militant écologiste, Mehdi Locatelli, avocat
Soutenu par : Humanisme Ecologie République, NPA,
Ensemble27, Parti de Gauche, PCF
Pétitions à signer, faire signer, sur :
http://www.nousnecederonspas.org/https://www.change.org/appeldes333
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