Les électeurs sont surtout des personnes âgées. |
75 000 adhérents du Parti
socialiste ont participé au vote sur les quatre motions proposées par les
divers « courants » pour préparer le congrès de Poitiers. C’est peu. Alors les
commentateurs y vont de leurs articles et de leurs analyses pour expliquer
pourquoi, en 2015, au PS, à l’UMP, chez les écologistes, au Front de gauche, au nouveau parti anticapitaliste l’hémorragie
des militants fait pleurer les cadres et les élus. Il n’y a guère qu’au Front
national que les cartes rentrent mais cela ne va pas durer. Le Front est devenu
le parti ramasse-tout. Jusqu’à la prochaine fois. La grande gagnante demeure l’abstention,
le désintérêt, l’indifférence…
Dans l’Eure, la motion présentée
par Jean-Christophe Cambadélis et Martine Aubry a recueilli 70 % des suffrages.
C’est qu’on est légitimiste dans ce département. Martine Aubry a expliqué que
son ralliement à la motion du premier secrétaire sortant (et non à celle des
frondeurs) signifiait sa volonté de voir le quinquennat de François Hollande être
utile aux Français et surtout aux plus modestes. Je ne sais si Martine Aubry
est totalement sincère. Le fait est que ce choix a certainement influencé
nombre de militants en faveur d’une majorité éclectique.
Reste la question de l’adhésion
à un parti. Pourquoi rejoindre les rangs de tel ou tel parti de droite ou de
gauche par les temps qui courent ? Lors du congrès de l’UMP prochain, 100
000 adhérents devraient voter sur 200 000 inscrits sans qu’on puisse vérifier
quoi que ce soit. Maigre consolation. Parmi toutes les raisons qui expliquent le
recul de l’action militante (faible crédit des politiques, trop de luttes pour
le pouvoir, inefficacité des programmes et des projets, professionnalisation
des mandats, absence de renouvellement des têtes, individualisme forcené…). Il
est évident aussi que l’organisation des primaires citoyennes a vidé l’engagement
militant d’une partie de son sens puisque ce sont les citoyens (et c’est très
bien) qui désignent le champion appelé à les représenter lors de la campagne présidentielle.
Il est une autre raison que personne ne cite et qui me semble pourtant
essentielle dans la désaffection des Français à l’égard des partis.
Il s’agit des affaires
judiciaires et financières. A droite ou à gauche et même au Front national, les
mises en examen se succèdent à un rythme soutenu. D’éminentes personnalités et élus
sont rattrapées par des déclarations de patrimoine inexactes, des comptes à l’étranger
non déclarés, des actes ou des tentatives de corruption, des financements de
campagne malhonnêtes avec des fausses factures, des dépenses d’argent public
excessives, des emplois publics captés par des clans ou des familles, des
emplois fictifs en-veux-tu-en-voilà, sans oublier les incartades personnelles
de tel ou tel candidat à la présidence ou président lui-même. Les Français(e)s
sont souvent écœuré(e)s par ces comportements peu vertueux. Ils en arrivent à être
dégoûtés de la politique et de ceux qui la servent. Même s’ils ont tort puisque
la majorité des élus sont d’honnêtes gens, les citoyens ont bien du mal à
croire dans le désintéressement personnel et le service de l’intérêt général.
Comme le dit bien une élue
communiste « les gens ont du mal à aller
voter. Alors adhérer à un parti, vous imaginez…» Le problème avec les
partis c’est qu’ils sont des chapelles et que le contenant est souvent plus
important que le contenu. La lutte pour les places y est farouche, les ego
tenant souvent lieu de programmes, le népotisme règne en maître quand il
faudrait privilégier l’engagement, la compétence, l’efficacité. Et surtout les valeurs
et les principes. Fait-on de la politique pour soi-même ou pour les autres ou
les deux ce qui, somme toute, est légitime ? Le parti à la papa c’est
fini. Avec les réseaux sociaux, chacun peut intervenir dans le débat et
apporter sa pierre. Il s’agit d’un changement fondamental que des responsables
de partis n’ont pas encore intégré. Il suffit de se rendre sur leur site pour
déplorer les retards à l’allumage et les renseignements obsolètes. Le monde
change, pas les partis. Ils en mourront peut-être.
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