J’ai affirmé à maintes
reprises sur ce blog que les problèmes politiques ne se règlent jamais devant
un tribunal. Il faut être bien crédule ou naïf pour croire qu’un jugement peut
modifier l’état de l’opinion. Et pourtant, les procès en diffamation font toujours la
fortune des avocats et souvent l’infortune des plaignants.
Prenons l’exemple de François
Fillon. Mis en cause par deux journalistes du Monde qui l’accusent d’avoir
demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, d’agir pour «
taper vite » contre Sarkozy dans l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Sarkozy, l’ancien
premier ministre n’a rien trouvé d’autre que de se lancer dans une action
judiciaire hasardeuse contre Jouyet, contre Davet et Lhomme, les deux
journalistes et contre les éditions Stock qui ont publié leur livre et leur récit.
Devant le tribunal
correctionnel, François Fillon a été égal à lui-même : raide, rigide,
froid. Pendant 10 heures, le futur ( ?) candidat à la primaire UMP (pardon…des
Républicains) a dû subir le récit fleuri de son déjeuner avec Jouyet et écouter
la bande son dans laquelle le bras droit de François Hollande narre sa version de la
conversation entre les deux anciens amis.
L’objectif de Fillon était
simple : prouver aux adhérents de l’UMP et accessoirement aux cadres de ce
parti (pas dupes du tout d'ailleurs) qu’il n’avait peur de rien et surtout pas de SA vérité.
Malheureusement, le procureur de la République conscient que les paroles des
uns valent bien les paroles des autres, n’a pas pu trier le bon grain de l’ivraie
et aucune vérité…vraie n’est sortie du tribunal. Il a donc normalement
demandé la relaxe pure et simple des personnes mises en cause. Le jugement sera rendu dans quelques semaines.
Le résultat de cet épisode ?
Fillon n’avait rien à gagner au déballage public puisqu’aucune preuve de
quoi que ce soit n’a pu être apportée. Les journalistes ont mis à mal sa
version dans la mesure où chacun, dans les cercles politiques, a jugé vraisemblable la version de
Jouyet. Le fait que Fillon ait incité les commissaires aux comptes de l’UMP à alerter
le parquet sur les comptes de campagne de Sarkozy vaut plus que tous les
discours et en dit long sur les buts de l’ancien premier ministre. Une fois
encore à vouloir trop gagner, il risque de tout perdre.
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