Quelle belle leçon que celle
administrée par le peuple irlandais. On le disait soumis au diktat de l’église
catholique, on le disait conservateur au point de ne pas sentir les frémissements
du monde et les changements de mentalités. Avec plus de 62 % lors d’un référendum
populaire, les Irlandais et les Irlandaises ont dit au mariage homosexuel et célébré
cet événement dans la joie collective.
Christine Boutin n’osera
plus se rendre en Irlande. Elle n’osera plus aller prier dans des églises dont
deux fidèles du trois soutiennent la liberté de choix et d’orientation sexuelle
que la France n’a toujours pas digérée après le vote sur le mariage pour tous.
Nos compatriotes devraient ouvrir les yeux, regarder autour d’eux, constater
que les désirs ne sont plus refoulés et que ce qui compte, c’est de réussir sa
vie, surtout affectivement. Les nouveaux couples irlandais pourront enfin
convoler et régler à la fois des problèmes juridiques, financiers et assumer
publiquement leurs choix. Vive l’Irlande !
Je ne sais si les
tractations aboutiront à un succès mais d’ores et déjà on peut dire que les
mairies de Barcelone et de Madrid ont une petite chance de basculer dans le
camp de « Podemos ». Ce mouvement — il ne s’agit pas d’un parti — surgi de
nulle part si ce n’est des fameux « indignés » du nom du livre de Stéphane
Hessel, est en passe de prendre la troisième place dans la vie politique
espagnole derrière la droite et les socialistes.
A Barcelone et Madrid, il
leur faudra sans doute construire des coalitions et seuls les socialistes
pourraient leur apporter un coup de main. La droite de Mariano Rajoy, empêtrée
dans des affaires de corruption, recule mais ne cède pas. Elle conserve même la
majorité relative dans douze régions, ce qui n’est pas rien en Espagne où les régions
ont d’énormes pouvoirs. Un vent se lève dans la péninsule ibérique…attention de
ne pas décevoir en quelques semaines l’espérance naissante.
Ce qui se passe en Grèce, en
Espagne, notamment, devrait alerter les responsables politiques des partis de
gauche en France. Car ces mouvements, venus du fond de la société et motivés
par une colère sociale et économique légitime, expriment à la fois un besoin de
changement mais également une défiance à l’égard des partis traditionnels. En
France, le Front national et sa démagogie empêchent ces mouvements libertaires,
autogestionnaires, d’occuper le devant de la scène politique. Le Parti
communiste, le Parti de gauche, le nouveau parti anticapitaliste, les écologistes
ne sont pas aptes à attirer ces mécontents et leurs revendications. Le PS paie
au prix fort sa présence au pouvoir et ses ambiguïtés.
Il est quand même dommage
que le FN apparaisse comme une solution alors que tout son programme est fondé
sur l’exclusion, le rejet, et d’abord, paradoxalement, de ceux qui le
soutiennent. Les catégories sociales dites défavorisées n’ont en effet rien à
attendre d’un parti dont l’unique combat est celui d’un chef pour la conquête
du pouvoir. On sait ce qu’il advient après : des souffrances et des
larmes.
Le palmarès du festival de
Cannes, dont le jury était présidé par les frères Coen, Joël et Ethan, a fait preuve de
courage et d’engagement. Attribuer la palme d’or au film de Jacques Audiard sur
le parcours de réfugiés sri-lankais dans la France de 2015, donner les prix d’interprétation
masculine à Vincent Lindon, chômeur de longue durée en quête de survie et celui d'interprétation féminine à Emmanuelle Bercot, dans le film de Maïwen, c’est
reconnaître à la fois la primauté des thèmes sociaux et la qualité du travail artistique.
L’acteur, très ému et même émouvant, aura donc dû attendre ses 55 ans pour
recevoir un prix. Et quel prix ! Quant à la réalisatrice de 46 ans, elle était épanouie, comme dans un rêve.
Le scénario n’est pas tout
car le cinéma comme l’a bien dit une actrice féminine c’est « mettre en geste
de l’écrit. » Il faut donc du talent aux réalisateurs(trices) comme Agnès Varda
qui a reçu une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière débutée avec la
Nouvelle vague. La compagne de Jacques Demy pourra exposer sa palme à côté de
celle de son compagnon primé pour « les parapluies de Cherbourg. »
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